samedi 16 septembre 2023

Sonnets sertis. Tout le beau linge sale

Claire, coule la Seine et coulent les semaines,
Avec tant de peines et si peu de plaisir.

Paris est en travaux, mais à la nuit des fêtes
Partagent avec nous des joies le faible écho ;
Tous ces vieux murs détruits, avant notre défaite,
N'ont pas subi le sort de ceux de Jéricho.

À danser, sûrement, j'aurais parfois la tête,
Mais le corps n'en peut plus, car brisé est mon dos ;
Je lave tout le jour de nos dandys esthètes
Le beau linge sali qui a touché leur peau.

Qu’il fasse froid ou chaud, la Seine coulant claire,
Tout au cœur des hivers, transis seront mes doigts,
Et l’eau bien plus glacée que ma sainte colère.

Je les réchauffe au soir, devant un feu de bois,
Gémissant sur ma vie qui n’a l’heur de me plaire,
Car je dois travailler, qu’il fasse chaud ou froid.

Je vais quitter la scène, ne sachant où me mène
La vie, que telle une eau, je n'aurais pu saisir.

Claire coule la Seine © d'après Giovanni Boldini

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire