lundi 18 septembre 2023

Sonnets sertis. Le désenchantement

On me voyait songeur, attablé au café,
Le regard se perdant dans l’infini du vide.

J’avais tout, et puis rien : tout de flou, rien de bien ;
Quand on a ce qu’on a, pas sûr que ça convienne,
Si nul rai lumineux du futur ne provient,
Pour choisir une voie qui puisse être la sienne.

« Tu as tout ! », disait-on ; pourtant, je n’avais rien :
Une santé précaire, un peu trop flaubertienne,
Un futur à ramer, ainsi qu’un galérien,
Et plus aucun amour auquel vraiment je tienne.

Le désenchantement, sans bruit était venu,
Sans que je puisse en dire exactement la cause :
Comment combattre un mal au motif inconnu ?

Depuis plus de dix ans, que de métamorphoses !
Et quand donc cesseraient ces remous continus,
Car, des mues, il fallait que la phase soit close !

Je semblais indolent quand, d’espoir assoiffé,
Je cherchais un futur dont je serais avide.

Le bock (portrait de Jaime Sabarthès) © Pablo Picasso

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