mardi 12 septembre 2023

Sonnets sertis. Tel un fleuve immobile

Les années ont coulé, tel un fleuve immobile,
Dont les eaux, en silence, ont filé vers la mer.

Hier, t’en souviens-tu, nous fîmes connaissance
Et, l’espace d’un jour, vingt-trois ans sont partis ?
De nos rêves, le temps a pris la quintessence :
Il vient en maraudeur et nul n’est averti.

De dérober les ans, il s’est donné licence :
Par où est-il entré, par où est-il sorti
Pour jeter aux orties, sans nulle réticence,
Notre amour bien gardé, pas encor amorti ?

Honteux, le chien gémit et cherche une caresse,
Piètre cerbère il a laissé faire un maraud,
Dormant sur le tapis, soudain pris de paresse.

Nous aurions dû placer de solides barreaux,
Faisant de la maison une vraie forteresse,
Pour du temps détrousseur se tenir à carreau !

Dans sa besace il a, en voleur très habile,
Pris notre amour, laissant deux pauvres cœurs amers.

La vie pensive © Louise-Catherine Breslau

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