mercredi 20 septembre 2023

Sonnets sertis. Rire du temps qui passe

Il y a cinq siècles, nous riions, sur un banc,
Des jeunes et du temps qui passaient, éphémères.

Aujourd’hui, voyez-nous, toujours aussi moqueurs,
En momies dévorées au sein des catacombes,
Macabre exposition visitée tout au cœur
D’un couvent, à Palerme, à défaut d’une tombe.

Passent et trépassent ceux que le temps vainqueur
Offre à la Camarde et qui, sous sa faux, succombent ;
Sous la terre grasse, finies joies et rancœurs,
La terreur d’une guerre et de ses hécatombes !

Ainsi, nous trois assis n’avons ni chaud, ni froid,
Pas plus que soif ou faim, et tout emplis de vie,
Voyons des visiteurs, pris de rire et d’effroi,

Dont le sang chaud rosit leur figure ravie
D’entendre battre un coeur, en nous matant tous trois :
Leur chair sera pourtant par la mort asservie !

Bientôt, dans les flammes des Enfers regimbant,
En cortège ils iront, jalousant trois compères.

Rire du temps qui passe © Laurits Andersen Ring

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