lundi 27 juillet 2020

A l'encre du néant. Retour pour non-conformité


À ma mort ouvrez grand les portes de l’Enfer
Ou bien du Paradis s’il plaît au Juge Ultime
Mais ne les fermez pas si jamais ce transfert
Ne seyait nullement au séjour que j’estime

Mériter tout en bas ou alors dans les cieux
Pas de Purgatoire car c’est bébé qu’on purge
En aucun cas les morts qui méritent bien mieux
Quoi qu’en ait décrété le Suprême Démiurge

Si jamais le séjour ne me convenait point
Me rapatrierait-on tout feu et toutes flammes  
Au séjour des vivants avec le front tout oint ?

Y a-t-il une assistance ainsi qu’on le proclame 
Dans tous les voyages car il en est besoin
Et demeurer bloqué quel enfer pour toute âme ? 
 Portes ouvertes © Mapomme
avec l'aide de Gustave Doré



samedi 25 juillet 2020

A l'encre du néant. Les racines du mal


Fleur fanée du jardin tu as crû depuis l’ombre
Et peut-être sais-tu où le Mal se nourrit ?
Où prend-il sa racine en quel lieu quels décombres ?
Les cœurs par son poison sont aussitôt pourris

Nous oublions souvent que ce cœur est féroce
Qu’en un lointain passé nous étions loups des bois
Lions dans la savane ou tout chasseur atroce
Ivre du sang des proies piégées et aux abois

Cette part d’ombre en nous peut s’éveiller sans cesse
Et souiller la pure eau du rêve ainsi détruit  
Nous livrant à la fange où règne la bassesse

Que d’avenirs éteints tombent comme des fruits
Ses ailes l’ange perd et erre en animal 
Perscrutant où naissent les racines du Mal
Les racines du Mal © Mapomme
avec l'aide de Gustave Doré 


Nouveau Millénaire. Une étincelle naît parfois d’un conte absurde


                                                           À Beaumarchais

Regardez sur les monts le maquis qui moutonnent
Vivace et paisible sous des cieux si changeants
Végétal éternel dont le pouvoir étonne
Il résiste au danger des travers émergents

Une étincelle naît dans une foule atone
Et c’est le feu soudain qui s’en va ravageant
Le pays familier quand un seul groupe entonne
Une rumeur légère un propos outrageant

Mais voilà que s’enfle l’effarant commérage
Et qu’un pet de souris devient un ouragan
Qui emporte et détruit moutons et pâturages 

Une étincelle naît d’un mensonge un slogan
Et brûle le maquis sans qu’on fasse barrage
Il reverdit pourtant malgré les intrigants
Une étincelle naît © Mapomme 




samedi 18 juillet 2020

A l'encre du néant. Le jardin des pierres


Les tenaces rancœurs enveniment nos vies
Oxydant l’or du temps qui est pourtant compté
Que d’instants nous perdons en vindicte et envie
À nous gâter les sangs et à nous affronter

Pour un bout de terrain que de joies sont ravies  
Pour un honneur véniel que de mots éhontés
Altérant sa santé pour la cause servie
Chacun s’aigrit la bile en courroux indomptés

Empreint de dérision un ironique adage
Dit aux procéduriers bonheur des avocats
Que vains sont la chicane et tous les ergotages 

On ne doit sacrifier la Paix en aucun cas
Car le jardin de pierre est le seul héritage
Au Petricaghjolu finiront nos tracas 
 Ultime plaidoirie © Mapomme
avec l'avocat de Daumier

Le Petricaghjolu est le nom du cimetière de Chiatra

jeudi 16 juillet 2020

A l'encre du néant. Du nombrilisme aigu aux doutes du bouffon


Le nombrilisme aigu incite à se selfier
En grimaçant soudain devant tous ses semblables 
Par cette mimique les voici stupéfiés
Car nul n’y peut trouver une raison valable

L’auto-adulation pourrait nous inquiéter
Car on voit des zombies admirant leur image
Narcisse est un reflet de notre société
Où des paons font la roue imbus de leur ramage

Cette mise en avant cache un doute profond
Qu’on voudrait conjurer sous couvert d’ironie
Mais rien ne peut guérir l’angoisse du bouffon
Les miroirs déformants sont vile félonie

On se voit pis qu’on est dans le regard d’autrui 
Accroissant ses défauts minorant ses mérites
Et dans l’alcool des nuits tout bouffon se détruit
Sillonnant du néant les contrées favorites 
  Poor child © Mapomme



mardi 14 juillet 2020

Nouveau Millénaire. Mais si peu, c’est beaucoup


Chacun peut concourir à changer notre monde
S’il voulait il pourrait Pourquoi fait-il si peu ?  
M’interrogeant ainsi mon cœur lâche je sonde
Le pire menace et c’est le sauve-qui-peut

Contre cette incurie je ne vois nulle fronde
Car c’est un puits sans fond un précipice affreux
D’où nulle Vérité n’apporta sa faconde
Au troupeau des humains tremblant et miséreux

Au parfum de l’Espoir des relents plus immondes
Ont pollué nos jours devenus ténébreux
L’humanité concourt à sa ruine profonde
Au lieu de regimber en un élan fiévreux

La ruade suffit soudaine et furibonde  
Pour inverser le cours d’un destin douloureux
Chacun peut conspirer à changer notre monde
Refusant un final triste et aventureux

Car pour changer le monde
Il suffit de si peu 
 Mais si peu, c'est beaucoup © Mapomme

lundi 13 juillet 2020

Nouveau millénaire. Soif

Écluse tous les bars les rades mal famés
Menant jusqu’à l’aube et hors de tes ténèbres
Qui te rongent l’âme Si tu t’es rétamé
Si tu ne deviendras jamais riche et célèbre

Et que tu porteras un rêve inabouti
L’oiseau vas-tu voler au-dessus de la crasse
Des quartiers désœuvrés du monde des petits ?
Tes aïeux ont crevé sans y laisser de trace

Comme eux vas-tu partir hurlant et alouvi
Rage au ventre et au cœur ta soif non étanchée ?
La haine au fond de toi te tenaille à l’envi
Face aux gosses friqués dans leurs tenues branchées

As-tu envisagé qu’ils possèdent aussi
Le rêve inassouvi d’accroître leur fortune ?
Chacun a toujours soif d’un pouvoir bien précis
Et quand il l’obtiendra il voudra plus de thunes

L’homme le plus puissant se veut superpuissant
Et crève dans son lit la soif non apaisée
Comme toi dans la zone amer et vieillissant
Qui rêve clabaudant d’une existence aisée

Le Monde va clamser de soifs inassouvies
Soif © Mapomme

samedi 11 juillet 2020

A l'encre du néant. Devons-nous au présent sacrifier l'avenir ?


J’étais dans ces années où naissent les pensées
Où l’on conçoit le Monde et forge une opinion
Que d’idées confuses furent ainsi lancées
Pour renier le Père et faire sédition

Je serais mieux que lui ! affirmai-je en moi-même
On aime détester les déités d’antan
Et l’on s’en affranchit par de gauches poèmes
Où nous confions aux vers l’effroi nous tourmentant

De radieux avenirs nos esprits bouillonnent
Qu’ils peignent d’azur et d’aubes moirées d’or
Ce sont des océans que nos esprits sillonnent
Vers un monde meilleur pour prix de nos efforts

Nous y avons trouvé des terres dévastées
Et des renoncements à nombre d’idéaux
Pour servir aux triomphes des normes détestées
Des tyrans abhorrés nous voici les féaux

Nous consolons nos cœurs en emplissant leur vide
Le néant qu’ont laissé nos lâches abandons
Des achats compulsifs dont nous sommes avides
D’éphémères gadgets qu’aussitôt nous vendons

Rien ne pourra combler la sensation amère
D’avoir livré aux chiens les plus nobles projets
Nourris en notre âme dessous la dure-mère
Ces abandons laissant tout présent sans objet 
Le palais des regrets© Mapomme 

mardi 7 juillet 2020

Nouveau Millénaire. Chanson pour Billie


Parfois les peupliers portent des fruits étranges
Et quand le soir descend leurs fruits sont rouge sang
Tels des hiboux cloués à l’entrée de la grange
Et la foule ressent un orgueil indécent

Les branches sous le vent ploient et les fruits balancent
De nuit a lieu le Massacre des Innocents
Et la horde se livre à la pire violence
Tels des démons hagards dans la noirceur dansant

La meute est un Cerbère emportant l’accusé
Entre ses crocs sanglants condamnant par avance
L’objet de la haine tremblant et médusé

D’anonymes bourreaux sans la moindre clémence
Prennent l’infortuné sous les cris amusés
Ivres de barbarie de pleurs et de démence

Pendant aux peupliers des fruits hurlant de peur
On verra ces photos plus tard avec stupeur 
 Chanson pour Billie© Mapomme


samedi 4 juillet 2020

A l'encre du néant. Joyancolie


Mon oncle et ma tante au lieu de s’enchaîner
Aux messes des infos mettent de la musique ;
Une station de jazz vient sans cesse égrainer
Des solos aigres-doux sans vertu amnésique.

Sur les notes jouant le jazz peut entraîner
Un spleen indéfini aux accents poétiques
Où l’auditeur goûte le saxo effréné
Oxymore des sens et douleur extatique.

Nous aimons ce mal-être où se plaisent nos cœurs
Anciennes blessures pour peu de temps rouvertes
Dont nous buvons le fiel en exquise liqueur

Tant nous affectionnons de posséder la perte
Par la fausse douleur d’un souvenir truqueur
Passagère antidote à la mémoire offerte.

Dans le salon désert varient les mélodies
Déclinant du passé toutes les rhapsodies 
 Joyancolie © Mapomme 
avec l'aide de Munch


jeudi 2 juillet 2020

Nouveau Millénaire. Invisibles


Je suis né dans l’ombre où vont les laborieux
Ceux qu’on ignore tant qu’on oublie qu’ils existent
On vénère des stars comme de nouveaux dieux
On admire les rois dont le règne persiste

Et le statut de ceux qui produisent du vent
On envie les milliards des faiseurs de misère
À vil prix en tous lieux de nouveaux serfs trouvant
Pour un profit accru que sans cesse ils visèrent

Soudain les culs-terreux et l’hosto méprisés
Sont applaudis le soir au milieu de l’orage
Caissière et balayeur sont popularisés

Sitôt qu’à la menace ils auront fait barrage
Le service essentiel sera ringardisé
Et dans l’ombre ils iront toujours avec courage

Dans leurs simples travaux redevenus risibles
Je suis moi-même issu de ce peuple invisible
Invisibles © Mapomme



mercredi 1 juillet 2020

A l'encre du néant. Venus flytrap

Souventefois le cœur aime ce qui lui nuit
Comme la mouche ira butiner la Dionée
Trop beau est le danger d’un fol espoir qui luit
Pour qu’elle fuie l’appât d’étreintes passionnées

J’ai été attiré par des yeux constellés
Et le sourire mutin d’une brune Hespéride
L’abysse du tourment à mon cœur révélé
Des passions m’exposa l’infinité aride

On peut sortir du piège ourdi par cette ardeur
Qui enfièvre l’esprit et brouille la pensée 
Voyant timidité dans la simple froideur

L’âme souffre et s’égare en affres insensées 
De l’utile raison le cœur est maraudeur
À l’oubli on s’essaie sans notable avancée

Puis un beau jour enfin on redevient vivant
 Le piège de Vénus © Mapomme