Sonnets sertis. Pouvoir de la lecture

Quel enfant n’a gardé un souvenir ému

Du premier livre lu, du triomphe des pages ?

Ce temps me semble hier et j’étais tout heureux

De mener jusqu’à terme une tâche impossible ;

Pareil à ces héros à l’esprit valeureux,

J’avais vaincu Goliath, demeurant impassible.

Lorsque j’ai commencé, l’esprit aventureux,

J’ai failli renoncer, malgré l’irrépressible

Soif de savoir la fin ; mais des mots amoureux,

Je voulais aborder la rive inaccessible.

Trouver la Toison d’Or, boucler Douze Travaux,

Mes exploits franchissant les pages et chapitres,

Face aux légions de mots, j’ai occis mes rivaux !

Je n’avais pourtant pas délaissé mon pupitre :

L’âme s’élève ainsi, sans foule ni bravos,

L’atmosphère quittant, heureuse à juste titre.

Lisant, l’enfant ressent ce frisson bien connu
De n'être plus du Globe à tout jamais l'otage.

Pouvoir de la lecture © d'après Jose Ferraz de Almeida Jr