À Gaston Leroux
et à Charles Garnier
Et cet étrange amour m'apparut poétique.
À Gaston Leroux
et à Charles Garnier
Un actuel travers rend hideux la beauté
Et le monde étant laid pourquoi chercher la grâce ?
Faut-il ternir l’éclat car tel est son destin
Et nous buter d’emblée puisque la mort nous guette ?
Les arts sont pervertis par l’or des philistins
Qui transforme la boue d’un seul coup de baguette.
Les acquéreurs souvent sont de riches crétins
Payant des gribouillis pour des sommes coquettes ;
Le débat de valeur est par le prix éteint
Mais un vieux vin n'est rien qu'une affreuse piquette.
Le cinéma offre des sujets assommants
Et le théâtre itou ! La foule béotienne
Ne comprend au sujet ni pourquoi ni comment.
Pour n’être pas moquée sur l’heure elle fait sienne
L’opinion du critique et bien que s’endormant
Ne dira son regret des œuvres fort anciennes.
Ce monde est hors de prix et même surcoté
Si l'on songe aux transferts de sportifs très voraces.
Le prix fait le talent © Mapomme
Que de fois j’ai rêvé de voir l’hiver austral
D’un ailleurs sans les froids qui glacent ici l’âme.
Par-delà l’équateur privé de nos frimas
Qui au septentrion se montrent versatiles
Où la folie paraît dérégler le climat
Verdoie le paradis des rêves infantiles.
Tant d’édens florissants spoliés de leurs appâts
Soumis aux appétits de promoteurs hostiles
Ont doucement connu un effarant trépas
Des stars y bétonnant un apparat futile.
Je crois à une île sans lèpre du ciment
Qui serait vierge encor sertie de blanches grèves ;
En tous lieux du globe - ange du châtiment -
La civilisation viendra prêcher sans trêve
Aux édens pervertis ses affreux boniments
Portant son cauchemar où se trouvait le rêve.
Dans le flot d’un lagon d’un calme bleu lustral
J’absoudrai mon esprit blanchi du moindre blâme.
Aux rebelles faussement conformistes
À ceux qui ont cédé aux sirènes funestes