lundi 29 février 2016

Les 30 calamiteuses. La mort de l'ogre rouge

Un rempart est tombé dans la joie générale
Et beaucoup ont brûlé d’écarlates drapeaux
Confondant Liberté et pensées libérales
L’ogre rouge mort le monde changea de peau
Et devint sur l’instant un immense entrepôt

Alors que nous dansions tout heureux dans les rues
Toutes les frontières du vieux monde on gomma
Et on nous conta fables et coquecigrues
Et la jeunesse entrant dans un profond coma
Tout son esprit critique en gadgets consomma

Gadget vient de Gaget ce qu’ignore un frivole
Un Français produisant en modèle réduit
La Liberté dressée dans une mégapole
La liberté réduite un vrai symbole induit
Pour les Lotophages sans vrai but aujourd’hui

On a fait feu de joie des drapeaux écarlates
On s’éveille un matin de tout dépossédé
Espérant que soudain une révolte éclate
Alors qu’à nos poignets des fers on a soudé
Par des colifichets vains l’esprit obsédé

Aussi nous ne vivons que par l’intermédiaire
D’un écran les fureurs des autres démunis
Et on tremble de peur quand tombe une barrière
Comme si aux puissants nous nous trouvions unis
Comme si par nos vies nous n’étions pas punis

Punis de notre joie quand tomba l’ogre rouge
 La mort de l'ogre rouge © Mapomme


samedi 27 février 2016

Les 30 calamiteuses. Haro sur la colombe

Le modéré subit la loi du querelleur
Sur sa passivité des penseurs s’interroge
Si le silence est d’or il fait bien des malheurs
Le bavard y discerne une forme d’éloge

Car ne pas aboyer avec tous les corniauds
Analyser les faits avec de la distance
Est suspect dans l’esprit de nos penseurs géniaux
Leur verdict rend vaine la moindre résistance

À la meute bruyante il faut se conformer
Bien que sa critique s’avère très légère
Réfléchir quelque peu risquerait d’alarmer

Les grands théoriciens qui les premiers jugèrent
 Pour vivre en paix aucun doute ne doit germer
Laissant au faucon la colombe messagère 

 
Haro sur la colombe © Mapomme

Rimes de saison. Le vivant pilier

Dans l’ombragé ruisseau près duquel je passais
Dormait à tout jamais dedans l’onde indolente
Le tronc d’un arbre mort qui sans fin pourrissait
Sylvestre invocateur de senteurs somnolentes
De la nécrose en eau croupie

Ce relent spécifique évoqua un moment
D’un passé effacé avec ses espérances
De pages ingénues d’un incomplet roman
Le récit indécis d’une prime attirance
Quand nous gouvernait l’utopie

Je nous revis graver avec un Opinel
Sur un vieil aulne un cœur s’arrêtant à l’écorce
Croyant y consacrer un serment éternel
Et que les ans passant il n’en prendrait que force
Dans la quiétude et l’harmonie

Je m’approchai de l’arbre et remarquai le cœur
Sur lequel des fourmis rongeaient nos initiales
Car l’orgueil amoureux amuse un dieu moqueur
Faisant choir les serments dans les ondes glaciales
Nos amours sont à l’agonie

Aucun vivant pilier d’un temple d’infini
N’a résisté au Temps seul et unique Maître  
Tout rêve de laisser une trace est puni
Car les vents et les pluies se chargent de commettre
Les basses besognes honnies

J’ai souri à ce cœur que le temps dévorant
À néant réduisait en passions délitées
Amours décomposées dans l’éternel torrent
Je vous perpétuerai d’une flamme habitées
La plume abat les tyrannies
 
Le vivant pilier © Mapomme 

dimanche 21 février 2016

Rimes de saison. Le Promontoire du Songe

À V.H.


C’est sur le Promontoire du Songe
Volcan éteint des rêves défunts
Rêves d’enfants que le sable ronge
Dans la nuit des faux jours sans parfum

Que j’ai saisi les raisons des gestes
Frénétiques des hommes courant
Sur les coulées figées et funestes
De laves dont s’est tu le torrent

Quand il est encor temps il faut vivre
Puisqu’un matin le volcan s’éteint
La vie n’est pas semblable à un livre
Qu’on parcourt au moment opportun

Le seul moment propice acceptable
Pour vivre un destin est le présent
L’ajournement est insupportable
Jamais ne revient l’instant plaisant

Donc voir le Promontoire du Songe
Me fit saisir la réalité
Le futur rêvé est un mensonge
Hypnotisant les sots des cités

Ce volcan mort bien que dans la Lune
Plus terre-à-terre m’a modelé
Permettant de combler la lacune
L’esprit en céraunie ciselé
 
Le Promontoire du Songe © Mapomme 


Rimes de saison. The End

Un jour je louperai le prochain épisode
De ce feuilleton infini
Semblable à Moïse pour ses fautes puni
Sans goûter la fin de l’Exode 

Je me demande en fait ce qui peut me déplaire
L’idée que la vie se poursuit
Sans moi ou bien celle de dormir dans l’ennui
Dessous ma pierre tumulaire

Serais-je plus heureux avec la fin du monde
Par l’égoïste réconfort
Que tout être vivant me suivrait dans la mort
Happé dans la même seconde

Je demeure certain qu’au fond ma préférence
Irait à l’immortalité
Quand une œuvre donne la vraie célébrité
Être un auteur de référence

En vrai ce qui m’ennuie c’est de louper la suite
Mener l’Univers au néant
L’engager avec moi dans le gouffre béant
Me semble vanité gratuite

Moi je veux juste voir la suite
 
 The End © Mapomme et Ph. Druillet
lequel rendait hommage à Gustave Doré

samedi 20 février 2016

Rimes de saison. Par les rues désertées

J’ai cherché des humains dans les maisons désertes
Dans les rues j’errais sans effet
De nuit tous mes sens en alerte
Le silence imprimant le sceau de l’imparfait 

Le flambeau à la main soumis aux vents contraires
J’allais guettant un battement
L’amour dans l’urne cinéraire
De mon cœur momifié ne craignait nul tourment

Je recherchais un feu et un cercle d’amis
Mais le groupe avait fait naufrage
Et il n’y avait plus d’insoumis
Plus de havre de paix où se mettre à l’ancrage

J’ai caboté souvent d’un port ilien à l’autre
Au gré des vents alizéens
Peiné à l’instar d’un apôtre
Endeuillé et cherchant des champs élyséens

Une rencontre amie est un nouveau messie
Un feu de camp contre le froid
Un pied-de-nez aux prophéties
Offrant des ans glacés sur un sentier étroit

Or les villes d’hier sont toutes désertées
Glisse sur les pentes du temps
La destinée déconcertée
D’un piètre alchimiste l’or en plomb transmutant
 
 Par les rues désertées © Mapomme

mercredi 17 février 2016

Rimes de saison. Du bleu profond de l’âme au bleu profond des mers

Il vient traîner souvent sur le port
L’horizon vaste est une promesse
Bien qu’ignorant bâbord et tribord

Un parfum tropical le caresse
Parfum de voyage inachevé
Que le vent du large sur ses ailes
Porte avec des noms qui font rêver

Callao d’où revient La Gazelle
Le ventre plein de produits andins
Et des marins hâlés aux bras maigres
Mi-aventuriers et mi-gredins
Fêtards joyeux ou pisse-vinaigre

Qui portent dans leurs yeux abyssaux
Les accalmies suivies de tempête
Qui enfantent des creux colossaux
Où des Tritons d’écume trompettent

Au bout de la jetée les embruns
Cristaux purpurins du crépuscule
D’une faim inassouvie empreints
Montrent que tout passe et tout bascule
Qu’on périt tel un fruit desséché
De n’avoir pas suivi ses chimères

Des barques partent pour pêcher
Et il reste à l’encre de Frimaire
 
 Du bleu profond de l'âme © Mapomme
sur un vers de Victor Hugo


mardi 16 février 2016

Rimes de saison. À ma muse endormie

J’ai pas pris aujourd’hui ma truite de vingt livres
Je la prendrai demain pour sûr
J’ai bu du vin divin jusqu’à en tomber ivre
Me croyant souverain de l’azur

Je n’ai pas commencé mon immortel chef-d’œuvre
Cette nuit m’enverra les mots
La vie m’a ligoté à l’instar d’une pieuvre
Et ma seule prose est un mémo

Toujours je cours après cette lumière verte
Insaisissable halo dans l’eau
Mais je pourrais demain montrer ma découverte
Portant un coup d’estoc du stylo

Ma muse je t’en prie par-dessus mon épaule
Guide mes rimes vers l’éther
Inspire des vers purs en perdant le contrôle 
Vers pris dans les égouts des enfers

Je cours toujours après le papillon Hercule
Qui rit de mon piteux filet
Indolente égérie de l’aube au crépuscule
Tu me sers un nectar aigrelet

Toujours je cours après cette lumière verte
Dans l’onde insaisissable halo
Je vous verrai demain tous la bouche entr’ouverte
Un génie possédant mon stylo
 
A ma muse endormie © Mapomme 



dimanche 14 février 2016

Rimes de saison. Dans le cercle effrayant que les glaciers enserrent

Je fus porteur de lumière
Du Parfait le préféré
Opposé à la matière
Rêvant des monts éthérés

L’ange de Miséricorde
Pleurant sur les enfants
Contraints de partir en horde
Dans les déserts étouffants

Pour alléger l’injustice
La lumière j’ai porté
De manière subreptice
Le Père en fut irrité

Il bannit l’esprit rebelle
L’accusant de trahison
Et moi le prince fidèle
Échappais à la prison

Mais répudié du royaume
Partageais la condition
D’une humanité fantôme
En guise de punition

Ceux qui l’ont reçue méprisent
L’aide qu’un prince apporta
Et ils parlent de traîtrise
Me qualifiant d’apostat

Si aux fautifs on pardonne
Honni est le bienfaisant
Contre lui l’ouragan tonne
Naguère comme à présent

Pourtant j’apporte des ailes
En agissant sur les arts
Dans un injustifié zèle
Je reste à jamais tricard
 
 Le porteur de lumière © Mapomme


samedi 13 février 2016

Rimes de saison. Orphani in Nox

Tout avers a son revers
Toute lumière son ombre
Et tout savoir est amer
Car on voit des maux le nombre

Les dieux se montrent jaloux
Et font payer une dîme
À ceux qui craignant les loups
Éclairent un bout d’abîme

Car ce phare appelle un prix
Ce qu’on perçoit nous alarme
Par la lueur qui surprit
Des arcanes l’obscur charme

Le savoir n’est que questions
La réponse ouvre la porte
Et offre une indigestion
D’ignorances en cohorte

Nous allons sur d’ombreux flots
Toujours s’éloigne la côte
Demeurant dans la nuit clos
En frissonnants argonautes

Sans Médée pour les aider
La toison pour utopie
Par la Colchide obsédés
Suppliant des dieux impies

Plus on sait et moins on sait
Vaine reste notre quête
De doctrines en essais
Semés de fausses conquêtes

Qui est venu en premier
Du néant ou de la poule
Nous menant sous le pommier
Avec des questions en foule

Qu’est-ce qui le Big Bang causa
Pourquoi du chaos extraire
Des orphelins qu’on osa
Lâcher sur des flots contraires
 
 Orphani in Nox © Mapomme et Ph. Druillet


jeudi 11 février 2016

Rimes de saison. Kalon kakon

Le géant prévoyant à l’argile pétrie
Par ruse sacrilège a apporté le feu
Qui déchira la nuit d’une lumière impie
Pour cela il fallait punir tous les fangeux

Sachez qu’il n’est pire châtiment en ces mondes
Que l’absolue beauté pour la foule abêtir
Et deux yeux outremer nés des fosses profondes
Ce bienfait dérobé peuvent l’anéantir

Sublime et adulée dans la cité humaine
Je suis venue porter un funeste présent
Une jarre scellée au sein de leur domaine
Je ne devais l’ouvrir m'a dit son artisan

Qui pourrait demeurer des jours et des semaines
Sans céder un instant à cette tentation
De briser l’interdit et qui tiendrait sans peine
J’ai failli je l’avoue et c’est ma damnation

En nuée d’étourneaux les maux se dispersèrent
Le peuple d’argile demeura consterné
Car à tort j’apparus en maudit émissaire
Dont la beauté servait hélas à les berner

Quelques-uns admirent que moi-même surprise
J’avais fermé la jarre et qu’il était resté
L’Espoir pour amoindrir la divine traîtrise
En fait c’est un savoir qui aurait attristé

Celui qui vainement apprend le jour et l’heure
Du départ de ce monde en laissant ses parents
Grâce à cette intuition nul ne tremble ni pleure
Délivré d’un savoir stérile et effarant
 
Kalon kakon © Mapomme


lundi 8 février 2016

Rimes de saison. Êléktra

Égorgé fut mon père au retour des buccins
Par l’éphèbe nichant dans la cité tranquille
Mais aussi par ma mère assistant l’assassin
Qui partageait sa couche et son goût pour Eschyle

Je t’ai caché mon frère et tu pus t’échapper
Chez un ami pêcheur sur une île voisine
Pour me faire parler mon corps on a frappé
Puis on m’a affectée au travail des cuisines

Je dormais dans la cave et m’endormais le soir
Rêvant de me venger du bellâtre homicide
Et mes maux s’allégeaient sur l’aile de l’espoir
Caressant ce poignard dont le tranchant s’oxyde  

Puis grimé tu revins mené par un mendiant
Dont les servants disaient en décrassant les salles
Qu’il cachait quelque dieu suivi d’un obédient
Je devinais malgré l’exomide vassale

A ton regard ce frère enfui un soir sanglant
Tu cherchais dans ces murs pour t’éclairer un astre
Chassant la perfidie du brouillard aveuglant
Une sœur t’empêchant de courir au désastre

Aussi j’illuminais ton ténébreux chemin
Indignant terre et cieux tu pris la vie de celle
Qui te l’avait donnée Ensuite cette main
Égorgea l’assassin sans plaisir et sans zèle

Depuis nous devons fuir et je ne puis savoir
Ce que sera demain si l’aveugle Fortune
Nous permettra de vivre jusqu’à ce prochain soir
Je vais sans repentir et sans excuse aucune
 
Êléktra © Mapomme


dimanche 7 février 2016

Rimes de saison. Antigonê

Faudrait-il se soumettre à un arrêt inique
Ou lui désobéir et ainsi s’affranchir
Quitte à risquer l’ire d’un pouvoir tyrannique
Quand on juge que rien ne saurait l’infléchir

L’un de mes deux frères honoré git en terre
Lorsque l’autre demeure aux vautours exposé
Car il a préféré le camp minoritaire
Celui qui ne pourra l’Histoire déguiser

Peut-on croire un instant qu’amoindrie est la peine
De savoir l’un honni jusque dans son trépas
Que nul est le chagrin par une mise en scène
Où les vifs vénèrent leurs pertes au combat

Un drapeau un discours et des lauriers de gloire
Et serait abolie toute désolation
D’autant que sur les rocs le vaincu de l’histoire
Reste aux crachats soumis et aux mutilations

Dois-je vivre en tremblant dans l’ombre d’une cave
Ou me dresser au jour au risque d’en périr
Sans l’avilissant poids des chaînes de l’esclave
Et nimbée du soleil toute gloire acquérir

Demain indocile j’honorerai mon frère
Et j’en paierai le prix dans l’éclat d’un instant
Cependant à la mort je saurai me soustraire
Tandis qu’on oubliera ce roi inconsistant
 
Antigonh © Mapomme et Nikiforos Lytras 


samedi 6 février 2016

Rimes de saison. Drustan, fils de Bleunwenn

Ce terrible philtre est le tyran des passions
Et brins dans le torrent le sort inéluctable
Aux chutes nous conduit vers l’austère expiation
Que dicte l’ignorance aux regards respectables

Voguant sur le navire admirateur du vol
Chaste d’un goéland dessus l’onde troublée
Gai j’ignorais encor en remontant mon col
Sous la brise glacée que mon âme accablée

Fuyant les assemblées de désir brûlerait
Par le hasard félon d’un regard d’eau céleste
Seul puissant sortilège et que j’adulerais
L’autre dont j’ignorais le pouvoir si funeste

Les cercles d’Enfer d'avec la séparation
Sont un lac tranquille qu’on traverse sans crainte
Nul angelot n’a pu d’un trait de damnation
Percer mon cœur à jour y laissant son empreinte

Comme ces yeux d’eau pure en un seul bref instant
J’ai su sans me leurrer qu’un tourment en partage
Enfiévrant nos rêves de son venin constant
D’un battement de cils serait notre héritage   

Puis nous irions maudits d’un mutuel penchant
Dans la mort seulement recouvrant la quiétude
Et au-delà qui sait si un monde attachant
Permettra du bonheur de faire enfin l’étude
 
Drustan, fils de Bleunwenn © Mapomme et J.W. Waterhouse 


vendredi 5 février 2016

Rimes de saison. Aède prends ta flûte et me donne une aubade

Venu des collines tel un hymne divin
Un nostalgique écho instille un air de flûte
Né sur le Mont des Loups au sortir d’un ravin
Lorsqu’un berger difforme à la face de brute

Les yeux brûlant d’envie et le front ceint de pin
Effraya la nymphe de par son air lubrique
Elle n’éprouvait pour lui qu’aversion et dédain
Aussi chercha-t-elle une aide méandrique

Le berger se sentait submergé de désir
Courant aux trousses de la froussarde frimousse
Qu’il ne songeait plus qu’à rejoindre et saisir
Refusant qu’icelle à présent le repousse

Elle cria à l’aide et Ladon l’entendit
Si bien que le berger pensant serrer sa taille
Saisit quelques roseaux qui gémissaient tandis
Qu’il s’étonnait du tour qu’avait pris la bataille

Par les accents plaintifs que laissait échapper
Sous le souffle du vent cette brassée palustre
Le berger captivé par les roseaux happés
Tailla et assembla ceux-ci en flûte illustre

Depuis au crépuscule on entend jouer Pan
Et nul ne peut jurer s’il s’agit de sa plainte
Ou celle de Syrinx des tuyaux s’échappant
Car le berger regrette une si brève étreinte
 
 Aède prends ta flûte © Mapomme et A. Gallen-Kallela

lundi 1 février 2016

Rimes de saison. Mal osé, Salomé

Dans le palais du roi j’ai voulu te séduire
Mais tu m’as repoussée d’un sourire outrageant
Quand dans ma chambre bleue j’ai voulu te conduire
Ma vengeance j’aurai sur un plateau d’argent

Et pour y parvenir je connais la recette
J’ai dansé dévoilant mon corps au roi pantin
Et réclamé ta tête étrange ermite ascète
Car les princesses sont d'étonnantes catins

Sur le plateau d’argent on m’a porté ta tête
Ton cou était sanglant et tes beaux yeux éteints
En cet instant fatal est-ce que tu regrettes
Ermite du Jourdain ton dédain de crétin

Là j’ai pu embrasser tes lèvres si glacées
Et j’ai serré ton front entre mes seins brûlants
Peu me chaut qu’on trouve la chose déplacée
Je caresse ta joue de mes longs doigts tremblants
 
 Salomé © Mapomme