lundi 11 septembre 2023

Sonnets sertis. Le quotidien s'installe

Sur la terrasse assis, ma tendre amie où sont
Les passions de jadis et nos fièvres ardentes ?

Le quotidien s’installe et tisse lentement
Une toile où les vies se trouvent prisonnières ;
Car le temps-araignée te rassure et te ment,
Tout en tressant le fil des journées routinières.

La joie née à présent est le fatal ferment
Du mal-être à venir, les brumes saisonnières
Du spleenétique automne oxydant les serments ;
Des ardeurs reste-t-il des plants en pépinière ?

Printemps imprévoyant, que n’en as-tu gardés !
Vois-nous sur la terrasse, pris sous les bandelettes,
Momifiés de manies, tout élan caviardé !

Pour nous en préserver, pas la moindre amulette :
Desséché le cœur doit renaître sans tarder
Ou nos amours seront désormais obsolètes.

Bientôt, sur notre hiver, soufflera la mousson
Et les pluies verseront leurs froideurs mordantes.

Two Idlers © Robert Frederick Blum

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