mercredi 14 septembre 2022

Élégies. Les revers de destin sont de retour, rêveurs !

De nos jours on sourit devant d’anciens romans
Contant des orphelins malheurs et avanies ;
Les lecteurs d’aujourd’hui vivant d’heureux moments
Croit qu’on force le trait avec ces litanies.

Au siècle précédent on m’a décrit comment
Des Thénardier pur jus sous l’azur d’Algérie
Mangeaient sans partager viande et pain de froment
Quand les enfants confiés rageaient des pingreries.

Le soleil peut briller dans un azur parfait
Quand il est des serpents venimeux et cupides ;
Aujourd’hui on commet d’aussi violents forfaits.

Est-il si impossible en des milieux stupides
Qu’une fille ait subi les plus tristes effets
Dans un orphelinat aux principes turpides ?

L’est-il plus de passer de l’ombre à la lumière
Et d'avoir au final une vie singulière ?

Jane Eyre (2011) © Mapomme
D'après Cary Joji Fukunaga

mardi 13 septembre 2022

Incantations. Serais-je, en d’autres temps, triste et heureux ailleurs ?

Marchant parmi les pins j’aurais voulu des landes
Des volutes de brume écorchées par le vent
Et tel l’ancien berger sous une houppelande
Je serais demeuré les éléments bravant.

J’ai connu des brouillards déposés en offrande
Allant dans le maquis et le sentier suivant
Seul ainsi que mon cœur en ces ténèbres grandes
Cherchant à se laver d’un passé survivant.

Myrtes et châtaigniers cistes et puis fougères
Du Derbyshire avaient peu d’aspects en commun
Et moi rien d’un héros de contrées étrangères.

La solitude sied au marcheur en chemin
Vers un but ignoré et sa marche est légère
S’il peut de son destin accomplir l’examen.

Les falaises de Peak sont battues par l’autan
Quand sur mon île il fait trop souvent du beau temps. 

Serais-je, en d'autres temps... © Mapomme

lundi 12 septembre 2022

Mythologies revisitées. Tourbillon, carillons des cloches du Saint-Sang

De mes amours d’antan au tenace parfum
Ont livré le tourment d’une si longue absence.

Vertiges d’autrefois je vois l’amour défunt
Dans les rues du présent qui avec nonchalance
S’avance et me snobe me laissant sur ma faim :
Elle a quitté sa tombe et se taille en silence.

On tombe amoureux sans se rompre les os :
Vertiges des passions et spirale infernale
Où j’ai brisé mon cœur moins souple qu’un roseau

Et l’année s’écoule sans cesse hivernale
Car la revenante me fait tomber de haut
Le vide m’attirant dans ma chute abyssale.

Vertiges se peut-il que des amours anciennes
Soient du gouffre exhumées par des nécromanciennes ?

Vertigo © Mapomme
D'après Alfred Hitchcock

dimanche 11 septembre 2022

Mythologies revisitées. Combien faut-il errer en ce passage sombre ?

Sous mes yeux s’étendait l’aride Terre Gaste
Dévastée par les dieux lors d’ineptes combats ;
Pas un oiseau planant sur ces étendues vastes ;
Nulle ondée depuis lors sur ces friches tomba.

J’avais pu m’échapper par un hasard très faste
De mon cachot puant destiné au trépas
De tout meurtre innocent moi l’humain au cœur chaste ;
Un génie bienfaisant avait guidé mes pas.

Puis sur la Gaste Terre est arrivé un ange
Qui croyait que mes mains étaient vierges de sang
Même si un verdict m’avait couvert de fange.

S’entendre dire enfin qu’on me croit innocent
De chaque vilenie soudainement me change ;
Cet ange serait-il ici-bas tout-puissant ?

Tout a changé de face en trouvant le coupable
Le seul que l'on croyait de ce crime incapable.

Dark passage © Mapomme
D'après Delmer Daves

samedi 10 septembre 2022

Mythologies revisitées. Avoir ou n’avoir pas un fil qui vous attache

Le pérégrin voulait rester hors de la guerre
Son roi n’ayant donné sur ce point son avis ;
D’ailleurs en tout conflit il ne se mouillait guère
Et ses sujets étaient de la paix tous ravis.

Voyageur et marin allant de par la Terre
Que pas un lien n'avait un seul jour asservi
D’aucune lutte occulte il n’était tributaire
Ne voulant devenir d’une ligue un nervi.

Mais un fil à la patte est venu en cachette
Car un bailli local veut lui faire du tort :
Il croit qu’une pression sa soumission achète.

L’étranger déteste ces façons de butor
Et dès lors prend parti jouant de la gâchette ;
Il bute le bailli aux procédés retors.

Il rentre en son pays bien avant le matin
Attaché depuis peu à sa dame châtain.
To have and have not © Mapomme
D'après Howard Hawks

vendredi 9 septembre 2022

Mythologies revisitées. En quel métal pesant forge-t-on les légendes ?

Toison d'or ou bien Graal qu’importe le métal
Pourvu qu’on foule un jour des terres légendaires !
Que de héros sont morts lors d’un combat fatal
Et dans l’oubli tomba leur quête suicidaire.

Leur regard possédé brillait d’un feu astral
Car l’immortalité du seul imaginaire
Peut leur être octroyée par un conte ancestral
Les scindant à jamais des humains ordinaires.

Entre ses mains tenant le tribut d’un faucon
Il s’en défit enfin avec de l’amertume
En ressentant soudain le magnétisme abscons

De la statue ancienne à couleur de bitume.
L’officier la saisit tel un frêle flacon :
De quoi est fait l’objet ? Ce n’est pas un poids plume ! "

L’autre chercha les mots du plus parfait effet :
" Du très rare métal dont les mythes sont faits ! "
Le faucon maltais © Mapomme
D'après John Huston

mercredi 7 septembre 2022

Mythologies revisitées. Faut-il pour le renom perdre ses idéaux ?

Quelle est donc la valeur d’une factice gloire
S’il faut perdre son âme afin d’être admiré ?
Rêveurs éveillez-vous ! Si on sort un grimoire
À de plus sûrs sentiers pour l’estime aspirez.

D’accords en expédients une puissance noire
Vous fera accepter des plans indésirés
Qui viendront vous chasser de toutes les mémoires
Pour avoir âpre au gain dans l’ombre conspiré.

S’il nous fallait conter l’inverse de nos causes
En jetant au panier les plus belles valeurs
Combien accepteraient cette métamorphose ?

Le renom va souvent dans les pas du malheur
Et dans un triste alcool il soigne sa cirrhose
En offrant aux damnés une étrange pâleur.

En tous talents on voit peu de gens refuser
Les sirènes du lucre et tant en abuser.

Phantom of the Paradise © Mapomme
D'après Brian de Palma

Mythologies revisitées. Conteur donne à la mort le plus doux des parfums

Qui ont voulu étendre ailleurs leur opulence
Et jamais ce schéma n’a été démenti.

Tous les auteurs anciens ont passé sous silence
Le dessein malveillant pour un but mieux senti ;
Les cadavres gisant ne sont que pestilence
Sans un noble motif et sans héros gentils.

La Terre est un théâtre où les hommes s’agitent
Quand le pouvoir n’est qu’ombre entre les doigts fuyant
Et sur sa vacuité nul esprit ne cogite.

Quel cerveau enfantin peut croire en s’appuyant
Sur des contes idiots à des guerres licites
Lorsque tout n’est qu’horreur lors des assauts bruyants ?

On pillait les cités comme à présent les banques :
Seul un mythe inventé à cet appétit manque !

Pulp fiction © Mapomme
D'après Quentin Tarabtino

mardi 6 septembre 2022

Mythologies revisitées. Peut-on éteindre un feu qui couve sous la chair ?

Salomé a dansé devant un feu éteint
Un amant délaissé l’hymen sous la cendre ;
Cette danse dévoile un sentiment lointain
Lave issue d’un volcan menaçant de descendre

Pour engloutir la paix en robe de satin.
On ne sait si du feu l’antique salamandre
Sans brûlure est sortie mais nul auteur latin
N'a dit que de la flamme un cœur peut se défendre.

Salomé ne veut pas sur un plateau d’argent
La tête décollée de celui qu’elle espère
Qui emprunta jadis un chemin divergent.

Mais revoici celui qui s’était fait la paire
Et sa danse célèbre un élan résurgent
Qui en loup affamé quitterait son repaire.

Le Destin est un dieu facétieux et moqueur :
Ne voulant de sa tête elle a conquis son coeur.

Gilda © Mapomme
D'après Charles Vidor

dimanche 4 septembre 2022

Mythologies revisitées. Le chevalier errant voulut tuer un cerf

La corde de son arc était déjà tendue
Et le cerf serait mort sans un cri implorant ;
La dame était jolie – la pomme défendue ! -
Qu’il en aurait souri sans l’orgueil dévorant.

Qui revêt une armure a cette humeur ardue
Faite du bel acier des chevaliers errants ;
La dame aux yeux turquins bien que semblant perdue
Portait sur ses desseins un regard éclairant.

Était-elle une fée de quelque lac sortie
Ou bien une sorcière espérant l’égarer ?
Était-elle un blanc lys ou bien l’affreuse ortie ?

Il se sentait changer allant désemparé
Et son armure était l’humeur introvertie
Tel un voilier évite une anse où s’amarrer.

Il eut beau faire et dire il entra dans le port
Préférant sa maison aux froids des châteaux-forts.

Les désaxés © Mapomme
D'après John Huston

Mythologies revisitées. Ce David abattit le plus puissant Goliath

Qui a dit qu’un vieux mythe était peu inspirant ?
Certains lecteurs ont ri de la scène dépeinte
De ce géant Goliath au duel attirant
Un guerrier à lutter au val des Térébinthes.

Percy était paisible et cultivait son champ
Semant du canola sans avoir de contraintes ;
Au fil des ans il fit sans cesse recherchant
Sa propre variété quand il reçut l’astreinte.

Un géant de l’agro l’accusait de semer
Des graines provenant des champs du voisinage
Et voulait l’asservir par ce grief clamé.

Ce David semblait faible et n’était pas en âge
D’affronter un géant qui avait affamé
Les paysans du monde avec d’affreux chantages.

Sans pierres il mena une vaillante fronde
Abattant le géant et son chantage immonde.

L'affaire Percy © Mapomme
D'après Clark Johnson

samedi 3 septembre 2022

Mythologies revisitées. Meurt dans la forêt laide un héros sans Aède

 À écouter Homère ou bien Chrétien de Troyes
Seul un guerrier hellène ou un preux chevalier
Bien que fictifs héros furent les seuls qui soient
Quand périt l’anonyme en un bois les bras liés.

Ailleurs de par le monde en la nuit qui les noie
Ou dans notre pays espérant des Alliés
Combien sont morts ainsi sans que nul ne les voie
Sans chantre pour vanter leurs destins singuliers ?

Affrontant un tyran sans l’espoir de survivre
Ils sont guerriers de l’ombre et n’auront pas un chant
Pour donner le courage un beau jour de les suivre.

Heureux qui comme Ulysse a pu revoir ses champs
Retrouvant ses amis de leur liberté ivres
Obscur puisqu’oublié par la Parque fauchant.

On honore les morts sans même imaginer
Leurs tout derniers instants d'une aube illuminés.

Rogue One © Mapomme
D'après Gareth Edwards

vendredi 2 septembre 2022

Mythologies revisitées. Peut paraître un hymen sur un terreau de haine

Et un danger commun au final éclairant
Surgi quand on réfute un incroyable exode.

L’amour frappe à tout âge en rude conquérant
Qui au cours d’une scène imposera ses codes
Et au sein des enfers intervient altérant
Les desseins rancuniers d’un monstre malcommode.

Théâtre est le monde de nos drames repu
Où chaque jour qui naît verse or et obsidienne ;
Ainsi troublé le jour coule ininterrompu

Quand d’espoir s’est teintée la crainte quotidienne.
Comme sur le fumier un iris impromptu
L’amour peut triompher de toute haine ancienne.

Eschyle écrit ta fin et fais-la moins morose
Trempant alors ta plume en la belle encre rose !
Super 8 © Mapomme
D'après J. J. Abrams

jeudi 1 septembre 2022

Mythologies revisitées. Une étrange requête

« On n’entre pas ! » m’a dit le gardien de la Porte
« À moins de nous conter un récit prodigieux ».
Ce drôle m’agace mais au fond que m’importe
Si je puis pénétrer en ces lieux prestigieux

Et je narre un récit auquel le guet m’exhorte.
L’ancien guerrier en paix des mauvais contentieux
Se croyait à l’abri ; il fallut qu’il en sorte
Répondant à l’appel d’un vieil ami précieux.

Étant mort il voulait qu’on protégeât sa fille
Pour préserver ses biens contre les ennemis
Espérant dépecer les biens de la famille.

Comme on ne peut jamais guerroyer à demi
Il fallut du défunt défendre la bastille
Et laisser le domaine à jamais affermi.

Le gardien me sourit : « Passez la porte en paix :
Qui défend ses amis mérite le respect ! »

Les tontons flingueurs © Mapomme
D'après Georges Lautner