mercredi 20 septembre 2023

Sonnets sertis. Gare aux marchands du temple !

Peut-on vivre d’un art, sans plier aux caprices
De ceux qui vous font vivre et se prostituer,

Complaisant au public ? La putain est plus digne,
Ne cédant qu'un instant non l'esprit mais le corps,
Quand l’artiste, dans l’ombre, un maudit pacte signe,
Vendant son âme au diable, en donnant son accord.

Mais la plume, en signant, sa fierté égratigne,
Récoltant juste un brin de la poussière d’or,
Car le profit ne va qu’au marchand qui l’esbigne,
Le voulant famélique afin qu’il cède encor.

« Tirez-moi des portraits, peignez-moi des marines,
Écrivez un polar, faites-moi un Godard ! »
Suggère le marchand, qui toujours l’enfarine.

N’attendons pas de lui qu’un jour il parle d’art :
Parlez-lui plutôt d’or, sinon dans les narines
Il viendra vous souffler le plus froid des blizzards.

Se vendre pour si peu laisse des cicatrices :
C'est n'avoir que la honte et s'y habituer.

Peut-on vivre d'un art ? © Auguste Oleffe

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