Sonnets sertis. Charmeuse de serpents

Une exotique Orphée, ailleurs bien loin d’ici,

De nuit joue de la flûte au bord d’un fleuve calme.

Charmés sont les serpents et charmé notre esprit,

Quand la lune irradie l’onde proche qui danse ;

Vénus noire orphique aux mystères sans prix,

Ta partition captive et met le monde en transe.

Dans la nuit lumineuse, un doux thème est repris,

Et l’eau, et les serpents suivent son rythme intense ;

Hypnotique est la flûte aux mystères sanskrits,

Rati ensorcelant tout un monde à distance.

Les feuilles, sous le vent, tel un serpent dansant,

Frissonnent et ondoient comme le flot du fleuve,

Au tempo fascinant, toujours recommençant.

Quel mystère, en cet air, abolit nos épreuves

Et s’élève en la nuit, tel d’un bâton d’encens,

La fumée de nos vœux quêtant des amours neuves.

Demain le jour naîtra, où nos cœurs indécis
Rêveront d'un lointain aux frémissantes palmes.

La charmeuse de serpents ? © Mapomme
D'après un tableau du Douanier Rousseau