samedi 27 avril 2019

Nouveau siècle. La roue de l’Infortune géographique


Ce qui fait le plus mal quand on est sans argent
C’est de voir les friqués vivant dans l’opulence
Tout leur luxe étalant lorsque les indigents
Manquent du nécessaire et vont dans le silence

Ils n'ont la poche emplie que de rêve et d’espoir
Quand la nuit fait briller des myriades d’étoiles
Des milliards de soleils qui combattent le noir
Où tout gonflé de foi demain dresse la voile 

Demain sera pourtant comme aujourd’hui chagrin
Il faudra affronter la tempête et l’écume
Et endurer des jours les invariables grains
Quand le pont est noyé par des flots d’amertume

Il est pourtant des lieux qui voient des affamés
Trimant pour presque rien et qui sans cesse en crèvent
Pour eux nos indigents seraient presque à blâmer
Car eux au moins disposent du luxe des rêves

Nous sans cuiller d’argent sommes privilégiés
Car lorsque nous voyons l’eau envahir la cale 
Nous fermons l’écoutille fuyant nous réfugier
Sans même percevoir la misère qui râle 

Et l’amnésie aidant nous battons le pavé
En clamant haut et fort nos maigres infortunes
La géographie seule a pu nous préserver
De simplement survivre et non vouloir des thunes

Le Monde est trop peuplé et nous surconsommons
Pourtant nous voudrions avoir un max d’artiche
Soumis de corps et d’âme à l’infernal Mammon
Du tourment du fretin le langoustier se fiche

Ce qui fait le plus mal quand on est sans espoir
C’est de voir les nantis ignorer les silences
Ne voyant qu’exotisme en d’arides mouroirs
Où la malnutrition passe pour indolence
Du tourment du fretin le langoustier se fiche © Mapomme


lundi 22 avril 2019

Stances. Banni Spinoza et la recherche de la joie


Il s’en alla maudit par sa communauté
Maudit pour l’éternité et privé de famille
Maudit où qu’il aille car il avait douté
Des miracles divins qui chaque foi habille

Car une aveugle foi il ne put embrasser
Toute sa jeunesse lui fut soudain ravie
Pour que son passage ici-bas fût effacé
Que jamais il ne soit fait mention de sa vie

Tous ceux qui à l’oubli crurent le condamner
Dans l’oubli sont entrés en habit d’infâmie
Pour avoir négligé de savoir pardonner
Et omettant d’offrir une indulgence amie

Dans la honte ils iront au fer rouge marqués
Alors qu’il est entré parmi les philosophes
Qui n’ont jamais plié et jamais bifurqué
Quand fulmine la foule et qu’elle l’apostrophe

Issu de la contrée parsemée d’épineux
Il savait que guérit la sanglante blessure 
De l’exclusion des siens et des propos haineux
Auxquels le temps délivre une rémission sûre

Chacun doit parcourir un douloureux chemin
D’épines parsemé qui griffent et nous piquent
Le sage a su tirer des travers des humains
La vérité joyeuse en guise de topique
Les épines du banni © d'après une gravure




samedi 20 avril 2019

Nouveau siècle. Aux appétits privés enfin faisons barrage !


Le bien public est vendu à l’encan
Le monde s’est mué en vaste enchère
On ne sait trop pourquoi ni depuis quand
 Quels sont les traîtres qui la déclenchèrent

Cette folie s’empare des esprits
Sans que de vrais leaders ne la dénoncent
Tous biens et services auraient un prix
Mais les questions demeurent sans réponse

Ce qu’on réplique est insatisfaisant
On parle de budgets à l’équilibre
On ne voit que les comptes du présent
Et on passe les budgets au calibre

Vendons bradons l’ancestrale maison
Pour tout claquer en restos et voyages
Vendons soldons jusqu’à la déraison
Pour un instant livrons tout au pillage

Puis un jour nos enfants demanderont
Qu’avez-vous fait des ancestraux domaines
Troquant un pur-sang contre un percheron
Flambant l’héritage en peu de semaines

Le monde entier est livré aux lobbys
Tout serait livré aux profits rapides
Un beau jour nous serons tout ébaubis
De voir à quel point nous fûmes stupides

Nous avons le devoir de refuser
Cette planétaire rapinerie
Ne restons pas lâches et médusés
Livrant nos pays à la braderie

Le bien public est vendu à l’encan
C’est l’héritage et le fuit de l’épargne
Serons-nous ad vitam inconséquents
Ou saurons-nous faire montre de hargne 
La part du gâteau © Mapomme




Nouveau siècle. Sous le regard des Inimmortels


Dans le vide elle tombe sous nos yeux incrédules
Comme vers la tranchée tombèrent les soldats
Comme du fil tendu chuta le funambule
Qui voulait tant sauver la belle Esmeralda

Aux deux sœurs de septembre à son insu on songe
Qui s’effondrèrent en poussière avec fracas
Le Monde vit que la Paix était un mensonge
Qu’il rêvait sans mesure en fumant son houka

C’est un royal château un parlement en flammes
Une bibliothèque un trésor de savoir
La foi de bâtisseurs qui s’élève et proclame
Tout le génie humain qui seul peut émouvoir

Aussi quand l’un d’entre eux soudainement succombe
Nous devenons mortels faibles découragés
Dans la nuit embrasée la flèche soudain tombe
Effaçant l’empreinte des règnes passagers

C’est l’Histoire outragée se révélant fragile
Telle la mémoire des vieillards tremblotants  
La maison d’un ancêtre plus qu’un Évangile
Et la lutte sans fin contre l’effet du Temps

Certe on rebâtira ce sublime édifice
Mais on aura compris que c’est un long combat
Contre l’armée des ans aux puissants maléfices
Qui fera s’écrouler tout rêve avec fracas 
La maison d'un Ancêtre © Mapomme +Sipa

vendredi 12 avril 2019

A l'encre du néant. Trop ce n'est pas assez...


Si seulement j’allais par les rues du présent
En y trouvant l’éclat des choses envolées
Mais jamais je ne goûte à un instant plaisant
Mon âme demeure sans cesse inconsolée

Il n’est pire douleur qu’une douleur sans nom
Et je ne sais quel manque en tyran me tenaille
Non loin d’Agrigente le temple de Junon
Proclame de l’orgueil la vaine bataille

À trop vouloir on perd les plus simples saveurs
Le pain avec du beurre ou la crêpe encor chaude
Vers le lointain passé on se tourne rêveur
Jadis y fabrique des souvenirs en fraude

On emplit la maison de choses sans valeur
Y cherchant le plaisir des babioles nouvelles
Redoutons cependant l’absence de malheur
Et de mélancolie stimulant nos cervelles

Car si l’on avait tout et donc plus nul désir
La vie serait soudain insipide et facile  
Le ferment de l’espoir provient du déplaisir
Non de la vacuité qui élit domicile

Dans l’esprit des navrés déjà tout possédant
Et qui n’attendent rien sinon la plénitude
Un bonheur est plus plein plus vaste et obsédant
Si de l’espoir on fait la fructueuse étude
Non loin d'Agrigente le temple de Junon © Mapomme


A l'encre du néant. Philinharmonie


Ce soir-là près du feu musardaient mes pensées
Sans rime ni raison dans un ultime éclat
Du jour quand je voyais l’étang paisible et plat    
Telle une vie parfaite et même trop sensée

L’ai-je rêvé ou bien vécu
Venant d’on ne sait où germa une musique
Et le silence fut vaincu
La tyrannique paix des jours anesthésiques

Des notes égrenées et parfois aigrelettes
D’un sortilège étrange apaisaient mon esprit
Dissonance harmonieuse et mélopée simplette
Aux accords imparfaits le cœur fut soudain pris

L’ai-je rêvé ou bien vécu
J’étais bercé charmé par des notes acides
Et agacé par les aigus
Qui secouaient le cours des destinées placides

On apprécie parfois quelque amertume honnie
Bonbon acidulé et étrange orangeat  
Mon cœur se complut en cette inharmonie
Ce cœur qu’un désaccord autrefois dérangea

L’ai-je rêvé ou bien vécu
J’aimais cet amer fruit mélodie désunie
Discord à tomber sur le cul
De toute inharmonie peut naître l’harmonie
Inharmonie © Mapomme