samedi 21 novembre 2020

Nouveau siècle. Ceux qui ont succombé t’ont donné longue vie

À Caracalla

 Dans l’ombre il a marché pour porter la lumière

Et a eu longue vie quand d’autres ont péri

Les chênes du Quercy tous fils de Vendémiaire

Se sentaient habités d’un idéal chéri

 

Le félon médaillé de la Guerre Première

Avait trahi l’espoir qui les avait nourris  

Tu as fui ton pays et ta douce chaumière

En la brumeuse Albion où l’honneur a fleuri

 

Entre Daniel Cordier éveillant les mémoires

Rappelle à la jeunesse éperdue de complots

Qu’avec tes compagnons vous avez fait l’Histoire   

 

Avec de vrais réseaux avec de vrais sanglots

Que jeunes vous étiez et marchiez vers la gloire

Armée de l’ombre alors et aujourd’hui héros 

Immortels compagnons  © Mapomme

vendredi 20 novembre 2020

Elégie. De nos joies saurons-nous toujours priser le goût ?

 En présumant qu’enfin se lève sur nos vies

Le soleil de jadis d’un printemps retrouvé

Chauffera-t-il nos cœurs d’une analogue envie ?

Un an d’un long hiver nous a tant éprouvés

 

Saurons-nous apprécier tous nos éclats de rire

Dont l’ombre d’un hiver risque de nous priver ?

Douze mois d’un trauma qu’on ne saurait décrire

Dans la sombreur pourrait sans fin nous captiver

 

Il est aisé d’entrer dans l’ombre et l’amertume

Beaucoup moins d’en sortir sans miracle inouï  

Car l’hiver a rendu toutes nos joies posthumes   

 

Si le soleil renaît et qu’on soit ébloui

Saurons-nous embrasser comme il était coutume ?

Ce signe d’affection s’est-il évanoui ?

Quand la bise fut venue  © Mapomme

avec l'aide de Magritte

samedi 14 novembre 2020

Elégie. Demain à l’horizon bien au-delà des vagues

 Sur la grève on parlait de nos rêves naissants

Pris dans la confusion des horizons de brume

Des craintes des espoirs de tout adolescent

Enthousiaste et tremblant d’une intime amertume

 

Puis on écoutait le silence étourdissant

Et nous goûtions le sel que nous portait l’écume

À quoi bon des propos creux et affadissants

Quand le vent fredonnant notre espérance allume ?

 

On peut rester taiseux pour mille éternités

La fragile beauté du sublime fugace  

Dis cette vérité le verbe est vanité  

 

Or cet amer savoir sans cesse nous agace

Ces espoirs silencieux cette complicité

S’échouent dans la nasse de la mer des Sargasses  

Bien au-delà des vagues  © Mapomme
avec l'aide de Luca Guadagnino

mercredi 11 novembre 2020

Elégie. Comment irons-nous donc des rêves dépouillés ?

 Un jour on revêt un habit par négligence

Avec un rêve au cœur qui seul nous définit 

Mais on se leurre encor en niant l’allégeance

Qui a sonné le glas des espoirs infinis

 

Ce matin-là on met en craignant l’indigence

De nos porte-monnaie plus que de nos esprits

Nos songes au placard avec nos exigences

Quitte à se regarder parfois avec mépris

 

Nous passons sans faillir croyant rester fidèles

D’hier à aujourd’hui Puis le soir harassés

Nous tombons de sommeil le talent privé d’ailes

 

Nos écrits poussiéreux par l’oubli terrassés

Gisent dans le grenier de notre citadelle

Car on raccroche un jour les rêves du passé 


dimanche 8 novembre 2020

A l'encre du néant. Un herpès d’un blond paille effaçait nos sourires

J’ai traîné un herpès venu par négligence

Un bouton de fièvre peu gênant au début  

On croit que ce n’est rien et donc pas une urgence

Car le temps s’égrenant le mettra au rebut

 

S’enchaînent les journées et passent les semaines 

On ne voit plus que lui et il ne fait plus rire

Parmi la société la gêne étant certaine

Quelle potion choisir ? Quel remède prescrire ?


Les années se traînent désenchantées et tristes  

Les rues sont embrumées d’un hiver permanent

Sans soleil ranimant notre espoir empiriste

 

Quand on se croit soumis à l’herpès nous damnant

S’enfuient les ténèbres et les froids rigoristes

Le jour bannit enfin l’ombre se pavanant

 Loser  © Mapomme

«Vous êtes dans le désert. Vous voyez une tortue couchée sur son dos sous un soleil brûlant. Vous savez qu'elle est en péril mais vous ne pouvez rien faire. Pourquoi ?»

 Dialogues de Blade Runner