jeudi 28 septembre 2023

Sonnets sertis. Dans le jardin d'hiver

Dans le jardin d’hiver, elle lisait un livre
Et les mots échappaient à son entendement.

Le roman évoquait un rivage exotique
La faisant frissonner ainsi qu’un vent hiémal ;
L’automne agonisant, brumeux et chaotique,
N’avait rien d’un l’hiver au frimas extrémal.

Mais, sans manquer de rien, sans chagrin véridique,
Quand tout semble aller bien, on peut se sentir mal ;
Ces frissons n’étaient dus à aucun vent nordique :
Pourtant on est saisi d’un vide fantômal.

Lointaines des forêts aux langueurs inconnues,
Ses chétives plantes, protégées des tourments,
N’ont nulle exubérance et demeurent menues.

Sans verve, tel un rêve, en son esprit germant,
Dans l’insatiable espoir d’atteindre un jour les nues,
L’aile brisée l’exclut, la page refermant.

De ce rêve, pourtant, son cœur vif était ivre,
Et elle s'endormit en tenant son roman.
Dans le jardin d'hiver © d'après Raimundo Madrazo

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