lundi 18 septembre 2023

Sonnets sertis. La sieste sous la treille

Ô quel bonheur, ma soeur, de dormir sous la treille,
Après un bon repas, dans l’ombre du jardin.

Quand, de nos corps, l’ardeur se sera envolée,
Trop léger, le sommeil ne fera plus sa nuit
Et nous regretterons ces siestes isolées,
Car l’insomnie viendra s’ajouter à l’ennui.

Par ce lointain futur, n’allons pas affolées,
Car le ciel du printemps de son pur éclat luit,
Tel un céleste lac dont l’onde est inviolée :
Nous ne vivons pas l’âge où, trop prompt, le temps fuit.

Vois, le raisin est vert et loin sont les vendanges ;
Aucun nuages gris, nul orage grondant :
De l’automne on ne voit nulle sombre phalange.

Dormons donc, puisqu’Hypnos, sur nos yeux répandant
L’obole du sommeil, tel un divin archange,
Sur nous deux veillera, ainsi le défendant.

Profitons d'une sieste, à nulle autre pareille,
Moment presqu'aussi saint que l'onde du Jourdain.
La sieste dans le jardin © Joaquin Sorolla

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire