jeudi 28 septembre 2023

Sonnets sertis. Barde aux lauriers flétris

Quand la rime fuira ma plume d’oie usée,
Sans charme, ma harpe jouera d’amers accords.

Mes lauriers tout flétris, sur mes tempes neigeuses,
Envieront un barde, célébré car nouveau ;
Sans vouloir, il m’aura, la mine avantageuse,
Éloigné des regards, recueillant les bravos.

On me verra assis, la figure ombrageuse,
Écarté comme moi j’ai chassé mes rivaux ;
Alors, l’hiver viendra, sous des nues orageuses,
M’apprendre les frissons du ténébreux caveau.

Il sera mon passé, fleur à peine naissante,
Et moi, son laid futur, vieil arbre décati :
Au barde, la fraîcheur est injure blessante.

Pour qu’un glorieux renom soit fermement bâti,
Il faut à son ouvrage, une ardeur incessante,
Car de la moindre erreur, un grand renom pâtit.

Au faîte de sa gloire, si l’on entre au Musée,
C'est que fuit le prestige, à grands cris et à cor.

Barde aux lauriers flétris © d'après Edmund Blair Leighton

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