mardi 29 mai 2012

Croisière. Squales des coursives

Sur le bateau voguant vers un éden nouveau
J’observe l’horizon qui lentement s’éloigne
Vénérant le passé d’un doux culte dévot
Y bâtissant toujours des châteaux en Espagne

L’avenir me semble un passé en gestation
Et le présent s’avère hélas bien trop fugace
Seul le passé demeure avec obstination
C’est ce que proclamait mon précepteur sagace

Je soigne donc mon feint dédain de faux dandy
Dont le spleen incurable étend son vaste empire
Et que je noie d’un air badin dans des brandys
Normal d’éviter l’eau à bord d’un tel navire

Que d'eau Que d'eau Que d'eau a dit un fier idiot
L’écume d’abandon trace sa mort laiteuse
Le commandant Charon sur l’infernal rafiot
Mène l’humanité vers des aubes douteuses

Dans leurs chaises-longues on bronze son ennui
Avec le teint cuivré il sera acceptable
Un essaim papotant que sans cesse je fuis
Se nourrit de ragots et c’est insupportable

Propos cantharides et fielleuse érection
A ces ris vipérins je préfère un bon somme
Loin du poison de l’inhumaine condition
Y a-t-il déjà eu un peu d’humain dans l’homme

En groupe fourmillant agressant l’égaré
Qui s’en viendrait rôder près de leurs mandibules
Ces mantes peu religieuses ont déclaré
La guerre aux étrangers à leurs conciliabules

A ce verbiage acerbe étant très peu enclin
Je lis dans ma cabine évitant les coursives
Loin du vernis social des requins en déclin
Nimbés d’embruns iodés en colonie nocive

Des requins en déclin © Mapomme

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