A quelques pas de moi un homme mène un âne
Dans des rues étroites portant des paniers pleins
De fruits exotiques d’ananas de bananes
Des marchands négocient parlant avec les mains
Crûment les murs tout blancs me renvoient la lumière
Je rôtis lentement Les pavés sont ardents
Dans l’ombre d’un portail sans faire de manières
Trois anciens se moquent et dévoilent leurs dents
Sur leur chaise en osier buvant une orangeade
Ils rient des chapeaux blancs des costumes d’été
Lançant en andalou de calmes galéjades
Tandis que nous allons rouges et hébétés
En promenade chaque après-midi je passe
Devant la demeure d’un ancien lieutenant
Il n’est plus reparu dit le marchand de glaces
En place publique depuis vingt-et-un ans
Le portier de l’hôtel qui semble plus plausible
Parle de cinq années ce qui est mystérieux
On dit qu’il ramena un mal des plus horribles
Lui rongeant le visage et il fuit les curieux
Mais d’autres prétendent autour de la fontaine
Qu’il craint la vengeance de quelque dieu inca
Car son régiment massacra une centaine
De membres d’une secte au lac Titicaca
La marchande de fruits affirme romantique
Qu’il perdit la raison un
soir à La Plata
Sa belle métisse sa déesse exotique
S’étant enfuie avec un gaucho des pampas
Il s’adonnait depuis à des drogues andines
Dans son orangeraie après le repas du soir
Il fumait un cigare importé d’Argentine
On l’entendait jouer du piano sans le voir
Un morceau de Chopin pleurant dans la nuit blême
Le spleen des arcanes depuis son monde clos
Le parfum des secrets est l’aiguillon suprême
Contre l’ennui des jours et les muets sanglots
Un morceau de Chopin © Mapomme
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