lundi 28 mai 2012

Croisière. Sous un olivier


A l'ombre amicale d'un antique olivier
Je veux dormir fourbu sur un lit de fougères
Heureux comme un dieu grec en son séjour envié
Dans l'air chaud du mois d'août empli d’odeurs légères

Le vol des abeilles bercera mon sommeil
Sans même l'interrompre et du pommier sauvage
Le cri strident d'un geai chapardeur sans pareil
Ne pourra m’arracher aux orphiques rivages

C'est en cet endroit-ci qu’avant l’affreux malheur
Des paysans trimaient à s'en briser l'échine
Faisant pousser du blé par leur seule valeur
Sur d’ingrates pentes sans l’aide de machines

Puis la guerre est venue et ses moissons de croix
Et les fiers monuments liste laide et macabre
Gravés de noms obscurs de tourments et d’effroi
Des avenirs éteints sous le froid noir des marbres

Tous les champs cultivés furent abandonnés
Faisant place au maquis triomphant et sauvage
Dans le myrte et le thym on entend chantonner
Les refrains emportés par le furieux ravage

Ce chant inaudible dans les jaunes genêts
Est néanmoins repris par un chœur de cigales
Sirènes de l’été qui jadis apprenaient
Les odes de l’effort qui ce jour nous régalent

Comme un ancien berger de rêves se grisant
Tandis que son vieux chien va veillant sur les chèvres
Je dormirais heureux dans mon presque présent
Un brin d'herbe à la bouche et un sourire aux lèvres

Puisse mon cœur trouver une morphique paix
Se consoler du chant de la fauve nature
Sous le tronc supplicié par le temps sans respect
D’un antique olivier près des vertes pâtures

Je veux dormir fourbu © Mapomme

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