dimanche 27 mai 2012

Croisière. Hôtel des calanques


Je t’écris depuis la terrasse de l’hôtel
Dominant la baie claire aux rochers qui affleurent
Dents fauves que révèle la lèvre de l’onde
La barque de pêcheurs dans l’azur immortel
Passe en toussant tandis que les mouettes pleurent
Le chant des galets sous la vague vagabonde

Le serveur en souliers vernis pantalon noir
Veste rouge brodée d’or et nœud papillon
M’apporte un cocktail frais aux couleurs exotiques
Puis part s’épongeant le front avec un mouchoir
Tel un marquis déchu au sourcil tatillon
Dans le murmure d’écume de l’onde hypnotique

Le vent joue avec la toile du parasol
Voile gonflée d’orgueil et qui par à-coups claque
La brise souffle sur la terrasse déserte
Un oiseau s’éloigne en son immobile vol
Des étoiles déjà lancent leurs feux héliaques
Les buissons frissonnent sur la calanque inerte

Je sirote un cocktail en regardant le ciel
Blessé de feux mourants vert à travers le verre
Des lorgnons solaires submergeant tout de jade
Sujet soumis aux paradis artificiels
Des vapeurs éthyliques d’un mauvais trouvère
Qui noie ses vers de pitoyables jérémiades

Tout à l’heure au village en vain j’irai poster
Cette lettre par le sentier crapahutant
La liras-tu toi qui t’es tue sans nulle trêve
Oh je donnerais tous les cieux illuminés
Les baies iridescentes les chants des cormorans
Pour nouer le fil brisé et boire tes lèvres

Je sirote un cocktail © Mapomme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire