Élégies. Une quête sans fin

Je ne me lance pas dans la quête hasardeuse
De trouver un humain honnête en la cité :
Seul un cynique ayant une humeur cafardeuse
Le croit impossible, sans perspicacité.

Je cherche l’avenir qu’on a perdu en route,
Qui, au clair horizon, nous semblait garanti,
Tant la marche du monde allait, coûte que coûte,
Dans cette direction, sans aucun démenti.

Cependant le destin se montre versatile,
Aimant enténébrer l’aura des beaux serments,
Les souillant de la boue d’intrigues mercantiles,
D’où naîtra l’essentiel de nos profonds tourments.

Aussi, je marche en vain, dans l’infertile quête
De retrouver le fil d’un avenir perdu ;
Or, ce candide espoir me colle l’étiquette
D’un zinzin qui serait d’un vieux rêve mordu.

Est-il tant merveilleux de se vouloir si sage,
D'abandonner l’espoir, au détour du chemin,
Fataliste vaincu, qui comprend au passage,
Que l'enfantine quête était sans lendemain ?

Une quête sans fin © Mapomme
D'après Goethe-Tischbein