Au bas de la colline, empruntant le sentier,
J’ai vu, les bras dressés, en guise de supplique,
Les spectres végétaux d’arbustes presque entiers,
Calcinés par un feu dont ils sont les reliques.
Calvaire de la pente où la vie disparut,
Saisie par l’incendie, lors de grandes bourrasques ;
La beauté de ces lieux, dont j’étais tant féru,
Fut effacée d’un coup par un destin fantasque.
Tels au gibet pendus et livrés aux corbeaux,
Des suppliciés d’antan effrayant les mémoires,
Voici les corps figés, effroyables et beaux,
D’un maquis exhibant ses victimes notoires !
Signez-vous en passant, par ce lieu verdissant
Avec peine, aux buissons roussissant en partie !
À l’oubli des malheurs, le monde est réticent :
La nature à ses maux demeure introvertie.
Nous-mêmes, porte-croix, les trimbalons de nuit,
Quand on ne peut les voir et par suite nous plaindre ;
Camouflons chaque plaie, que nul n’en soit instruit :
Il est des incendies que l’on n’a su éteindre !
Les spectres végétaux © Mapomme
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