jeudi 30 juin 2022

Élégies. L’ancestral châtaignier

Au flanc de la colline demeurée verdoyante ;
Loin de ses racines - trésor providentiel -
Dormait la profonde eau d’une crypte ondoyante.

Les ramées d’émeraude habit cérémoniel
Appelaient une ondée hélas toujours fuyante ;
La foule viride des fidèles véniels
Buissonnait du respect des ferveurs non bruyantes.

Le châtaignier vivait dans le calme torrent
De siècles qu’il jaugeait chacun pour vingt années
De ma vie dérisoire - ô fugace ignorant !

J’allais le visiter pauvre âme condamnée
Ainsi qu’on va l’été voir un proche parent
Comme il est de coutume en Méditerranée.

N’étant que de passage en ce monde effarant
Je ne venais glaner qu'une paix surannée.

L'ancestral châtaignier © Mapomme

Élégies. L’abandon du limon livré à la paresse

À Marian Diamond

Nombreux sont les jardins négligés par langueur
Dont on plaint l’abandon avec grande amertume ;
La mauvaise herbe croît et pompe la vigueur
Des arbres nourriciers et carrés de légumes.

En n’entend plus jamais le geai au chant moqueur
Qui picorait les baies mais fuyait les agrumes ;
Ce chaos végétal connaît plusieurs vainqueurs
Des ronces au chiendent sur un ordre posthume.

Il est d’autres jardins laissés à l’abandon
Qu’on ne veut cultiver et maintenir en forme
Irrigués par la joie qui chasse le bourdon.

Les outrages du temps sont un vrai chloroforme
Mais un esprit curieux est frais comme un gardon
Et accroîtra l’essor d'une mémoire énorme.

Il faut cultiver son jardin © Mapomme
Avec l'aide de Sebastiaen Vrancx

mardi 28 juin 2022

Élégies. Les grandes espérances

Enfant je me voyais poète ou écrivain
Et ce penchant s’accrût durant l’adolescence
Bien qu’on voulût montrer qu’un parcours aussi vain
S’éloignait des espoirs fondés à ma naissance.

Puis je formais le vœu nourri d’une autre faim
D’être préhistorien et d’autres réticences
Dressant l’autodafé de mes espoirs défunts
Freinaient ma vocation réduite à l’impuissance.

Depuis j’ai constaté que parfois des veinards
Se trouvaient soutenus par le cercle des proches
Pouvant tenter leur chance en pères peinards.

De quel droit les autres à leurs rêves s’accrochent
Pour venir imposer un très mauvais scénar
Et sur l'artiste en herbe épandre leurs reproches ?

Les grandes espérances © Mapomme
D'après Masaccio

lundi 27 juin 2022

Amères Chroniques. Les apprentis sorciers de la philanthropie

On peut s’interroger si la philanthropie
Des vastes capitaux mis dans des fondations
Vue comme gracieuse du fait d’une myopie
N’exerce en ses dollars la pire sédation.

Gates avec Buffet aux intentions tapies
Sous des airs patelins semblent pris de passion
Pour l’Afrique à sauver qui suit leurs thérapies ;
Le berceau est leur champ d’expérimentation.

Du manioc O.G.M. à des nouveaux moustiques
Les apprentis sorciers libèrent des ballets
D’insectes transformés en vrai bug génétique.

Mais comment rattraper sans le moindre délai
Des erreurs qui ne sont pas d’ordre informatique ?
Il n'est nul magicien pour stopper les balais.

Les apprentis sorciers © Mapomme
Avec un costume de Disney

dimanche 26 juin 2022

Amères Chroniques. La démocrature de la vampirichesse

À Noam Chomsky

Aristote voyait chez les hommes deux classes :
Pauvres et puis riches dirigeant la cité
Car les premiers risquaient de faire un jour main basse
Sur les biens des seconds par simple avidité.

Adam Smith bien plus tard craignait qu’un peuple en masse
Prît le bien des marchands avec férocité.
Ces temps sont révolus et une frange amasse
Un pactole indécent avec rapacité.

Mais plus que des marchands ils sont de la finance :
Ne créant plus d’emplois elle amasse un trésor
Et convoite d’étendre en tout sa dominance
D’être plus puissant que Nabuchodonosor.

Or ce trésor s'accroît avec impertinence
Aux dépens des peuples sans générer d'essor.
De l'argent improductif © Mapomme

Jeux de maux. Fugue à l’arrêt majeur

Une exécution sommaire.
C’est seulement après et c’est bien là le hic
Qu’on jugera cette affaire.

Est-ce que la musique est soumise au trafic
Des instincts les plus primaires ?
Comme l’Art de la fugue a pu être un déclic
Non achevé on l’espère.

C’est à notre portée même sans une clé :
Enlaçons noires et blanches
Puisque nous sommes bouclés.

L’échelle de croches avec des bouts de planche
Et nous pourrons tous gicler
Sans que le bourreau ne tranche.

Fugue à l'arrêt majeur © Mapomme
Avec une petite aide de Banksy

samedi 25 juin 2022

Amères Chroniques. L’interdiction oblige et seul un droit rend libre

Qu’une Cour soit Suprême on peut le concevoir
Bien que la chose soit assez paradoxale 
Pour un pays bigot qui se fait un devoir
De croire en Dieu partout même sur l’argent sale.

Un croyant voit la Cour – j’en caresse l’espoir -
Moins suprême que Dieu dont elle est la vassale
Et se nommant ainsi se donne le pouvoir
De pêcher par orgueil dans une humaine salle.

L’Amérikanistan aux facho-talibans
Lance au monde un écho qui fait craindre le pire
Puisque l’avortement est soudain mis au ban.

Qui sommes-nous sur terre orphelins d’un empire
Pour disposer des corps par un arrêt tombant
Où la misogynie des culs-bénis transpire ?

L'interdiction oblige et seul un droit rend libre © Mapomme
D'après Michelangelo Buonarroti

jeudi 23 juin 2022

Élégies. Il faut être asocial

Il faut être asocial pour pratiquer un art
Et se couper ainsi des pollutions mentales
Des débats outrageant le mutisme peinard
Des trappistes distants des dilutions fatales.

Que de tranches de vie gâchées sous l’étendard
Instants précieux noyés dans l’écume brutale
Des stupides torrents des diatribes standard
Se plaisant dans la boue la haine et le scandale.

L’artiste est misanthrope en lui-même reclus
Se protégeant du bruit bourdonnant de la foule
Mathématiquement de toute ruche exclu.

Très souvent les cités qui sous le nombre croulent
Lui font choisir des bourgs repos d’esprits perclus
Quand l’idée posément sans barrage s’écoule.

Il faut être asocial © Mapomme
D'après Julius Schmid

mercredi 22 juin 2022

Élégies. Découvrir un miroir qui à mon âme parle

J’avais franchi cet âge où on renonce
À trouver un écho sur un obscur chemin
À ma mélancolie sevrée d'une réponse
Dans le silence épais des nuits sans lendemain.

Dans la nuit aveugle je butais sur des ronces
Leurs griffes me laissant un paraphe carmin ;
Des étoiles clignant leur message aux humains.

Puis je l’ai entendu jouer un air étrange
Fait d’arpèges tissés qui à l’âme parlait :
J’avais enfin trouvé ce séraphique échange.

Nul tremblement d’un orgue au cœur d’un grand palais :
Glenn Gould à son piano me faisant croire aux anges
En fines Variations mon reflet dévoilait.

En fines Variations © Mapomme

Élégies. Singe de Gibraltar

À Gibraltar on voit les singes du rocher
Venus de l’autre bord du Maghreb en Afrique ;
Je m’interroge alors pourquoi s’y accrocher ?
Qu’a donc cette hauteur de la terre ibérique ?

Lorsqu’un des touristes vient à trop s’approcher
Un casse-dalle en main d’un attrait calorique
Ils peuvent posément venir leur arracher
Ce qui rend le benêt furieux ou euphorique.

Le macaque a pigé que les êtres parlants
S’ennuient toute leur vie amassés dans des villes
Et que ce bon récit d’un singe les volant
Laissera à jamais sa trace indélébile.

Leur destin s’avère tellement désolant
Que ce pépin les sort de leur chemin servile.

Singe de Gibraltar © Mapomme
D'après shutterstock

lundi 20 juin 2022

Élégies. Du château-fort du gué ce fut la renaissance

Ce palais inouï au cœur d’une forêt
Hermitage albescent en un lieu édénique
A un charme étonnant au milieu des marais
Mêlant pierre et vivant en sa paix irénique.

Bâti d’un pur tuffeau ce château apparaît
Onirique érection sublime et féérique
Ravissement des yeux né d’un temps à l’arrêt
Depuis l’amour courtois et ses élans lyriques.

François le grand veneur a aimé cet endroit
Entourant le vieux fort émergeant des eaux basses
Et n’ayant jamais vu quelque tour de beffroi.

Rasant le château-fort il dressa à la place
Isolé dans un bois un vrai palais de roi
Et surtout destiné à pratiquer la chasse.

Du château-fort du gué ce fut la renaissance © Mapomme

dimanche 19 juin 2022

Amères Chroniques. Divine tragédie

Tous les espoirs d’antan feuilles mortes d’automne
Aux vents s’en sont allées saison après saison ;
Les années se suivent à l’horizon atone
Sans claire perspective offerte à la raison.

C’est un affreux brouet qu’un gargotier mitonne
Qui s’avère du palais l’infâme trahison.
Tenaillés par le doute en la nuit on tâtonne
Sans pouvoir espérer la moindre guérison.

Les nations sont rongées par d’intestines luttes
Qui opposent sans fin guelfes et gibelins
Menés par des tribuns nouveaux joueurs de flûte.

L’égoïste intérêt pour quelques fifrelins
Mène les sociétés qu’aveuglent des volutes
Au ravin des espoirs dont je suis orphelin.
Divine tragédie © Mapomme
D'après Domenico Peterlin et J. Bosh

samedi 18 juin 2022

Élégies. Que d’années ont filé par la fenêtre ouverte

Calme il lit le journal scrutant dans le présent
Des signes du futur des années incertaines
Entre crise et conflits oracles déplaisants
Même si la tourmente est quelque peu lointaine.

Elle joue au piano un refrain apaisant
Regrettant un passé où telle une fontaine
Mais que d’un simple doigt lentement elle égrène.

Quand passent les années dépérit la passion
Et dans le quotidien s’installe la routine
Les ans ayant tissé d’amples renonciations.

L’amour s’en est allé et les aubes mutines
N’éclairent plus deux corps vivante émanation
De l'alchimie des sens et des nuits libertines.

Room in New York © Edward Hopper

vendredi 17 juin 2022

Élégies. Un rayon de lumière aux derniers feux du jour

À JLT 91

Tel un projo doré le feu crépusculaire
Est entré dans la chambre appeler le discret
Pour faire une sortie des plus spectaculaires
Emportant avec lui de douloureux secrets.

Le rideau s’est levé ce jour caniculaire
Pour le tout dernier acte où le drame sacrait
Un monde rugissant de lointaines colères
Qui nous font redouter les décennies d’après.

Portant depuis des ans cette ardente souffrance
Il entre dans le jour - la nuit calme annonçant -
Tel un lit aux draps frais offrant la délivrance.

Il a connu la pluie de feu d’acier de sang
Et m’a accompagné de mes jeunes outrances
Au portes de l'automne en ses jours finissants.

Un rayon de lumière... © Mapomme
D'après Edward Hopper

jeudi 16 juin 2022

Élégies. En attendant la fin d’une si longue nuit

Devant son café chaud qu’aux humains distribue
Un automate froid la femme semble ailleurs ;
Des rêves délestée et l’échine fourbue
Elle a mis au grenier l’espoir de jours meilleurs.

Robe chapeau usés manteau d’années cossues
Forment un maigre legs avec un vieux tailleur ;
La femme pense aux temps de ses amours déçues
Et au dédale urbain impropre aux travailleurs.

Elle a les yeux éteints tel un buveur d’absinthe :
Pourtant noire est sa fée dans la tasse devant
Dans la salle déserte à la chaleur défunte.

Le reflet d’un Degas dans un café buvant
Lorgnant un verre absente et l’expression éteinte
Hante la nuit si longue et les jours décevants.

Automat © Mapomme
D'après Edward Hopper et Edgar Degas

mercredi 15 juin 2022

Élégies. Présent et avenir une heure avant midi

Nue devant la fenêtre avec ses ballerines
Elle pense au passé au futur au présent
Et au concert confus que les autos serinent.
Onze heures du matin et le soleil pesant

Verse un rayon bleuté qui à ses pieds expire
Privé de la chaleur de quelque feu grisant.
Sans mâts ni gouvernail son cœur est un navire
Que ballotent les flots vers d’acérés brisants.

De merdiques boulots et des amours fugaces :
Coule son existence inexorable flot
Menant dans la chambre de l’hôtel des Sargasses.

Dans le cœur d’un autre nulle ardeur n’a éclos
Et ce triste constat en ce matin l’agace
Sans qu'elle verse enfin un rédempteur sanglot.

Eleven at M. © Mapomme
D'après Edward Hopper

mardi 14 juin 2022

Élégies. Cinéma à New York : Les horizons perdus

Les hauteurs enneigées aux froides solitudes
Charment deux spectateurs séparés par deux rangs ;
Dans l’immense cité c’est la similitude
Des destins naufragés sur les rocs affleurants.

Chacun charrie la croix de ses vicissitudes
Dans l’ombre des buildings inhumains et trop grands ;
Écrase de son poids les espoirs des migrants.

Sous la lumière ambrée songe la blonde ouvreuse ;
C’est l’ultime séance en ce jour anodin
Que teintera ce soir un gorgeon de Chartreuse
Qui fait tout digérer fée verte des mondains.

Les horizons perdus utopie généreuse
De sa mélancolie nous submerge soudain.

New York movie © Edward Hopper

lundi 13 juin 2022

Élégies. Un ancêtre étrusque fait aimer les banquets

Je dois sans doute avoir un ascendant étrusque
Pour aimer tant le vin et les joviaux banquets
Se prolongeant fort tard sans une pique brusque
Ou en n'usant jamais d’un blessant sobriquet.

La chaleur de l’été avec le vin ensuque
Mais les débats savants où toujours on trinquait
Tout joyeux d’être ensemble en douce nous éduquent
Sans que l'alcool nous pousse à fermer les quinquets.

Oui je me verrais bien couché près de ma brune
Riant et devisant d’une tribulation
Où l’on s’est épuisé au final pour des prunes.

Je suis issu d’un lieu près de l’installation
D’un peuple hédoniste qui connut l’infortune
D'être sur le chemin de Rome en expansion.

Un ancêtre étrusque fait aimer les banquets © Mapomme

Élégies. Voilà Médée livrée aux furies de nos temps

À Annie Bèlis

Un discours discordant rejette une légende
Et voici un flambeau qui dans la noirceur luit
Éclairant le récit que des anciens nous vendent :
Ceux accusant Médée femme aux espoirs détruits.

Lorsque Jason l’accuse assez peu la défendent ;
L’infanticide plane et la plonge en la nuit
Car les auteurs connus honteusement prétendent
Qu’obscure est son âme dans leurs drames recuits.

« Corinthe a lapidé mes enfants et m’accuse ! 
Voici le crime odieux nourri par la rumeur
Qu’une hydre sombre hélas pour me nuire diffuse ! »

Nos sociétés livrées aux méchantes humeurs
Voient des cours s’ériger anonymes qui usent
Des réseaux s'avérant de nos temps la tumeur.

Voilà Médée livrée aux furies de nos temps © Mapomme
Avec l'aide de Feuerbach et de Mucha

dimanche 12 juin 2022

Élégies. À quoi sert donc un art esclave du succès ?

À quoi sert un écrit valet de la maîtrise
S’il ne fait ressentir une once d’émotion ?
Pourquoi un beau discours transpirant la traîtrise
S’il vient à sonner creux par feinte dévotion ?

Pourquoi une chanson qui serait sans surprise
Sans livrer un message une franche émotion ?
À quoi bon une toile insipide incomprise
Si on n’a des couleurs qu’une vague notion ?

Tout art exécuté pour la seule technique
Est pure trahison s’il lui manque l’ardeur
Et tinte d’un tictac de froide mécanique :

Il ne recherche pas une vaine grandeur
En lui donnant le ton de quelque acte clinique ;
Il évoque un élan sans charger sa splendeur.

La roue de la Fortune hélas tourne et décroît © Mapomme
Avec l'aide de Burn-Jones et de Botticelli

samedi 11 juin 2022

Élégies. L’indéfini regret de ce qui ne fut pas

Enfant j’aimais la neige et les sorties scolaires
Mais beaucoup moins le ski sans trop savoir pourquoi ;
Sport collectif le foot avait l’heur de me plaire
Et me fondre en un groupe me semblait adéquat.

Aller parmi les pins - bien qu’une vraie galère
Sans nul équipement - me plaisait toutefois
Mais chaussettes et pieds hélas trempés et froids.

La station qui alors n’avait pas de raquettes
Ne proposant que skis chaussures et bâtons
N’aurait pu accéder à ma simple requête.

Pourtant se balader dans la neige en piéton
Dans un milieu désert voisine une conquête
Du citadin nomade affranchi du béton.

J'aurais bien plus aimé marcher sur des raquettes © Mapomme

Élégies. Fausse simplicité d’un processus complexe

Maître de la Terre l’homme voit l’Univers
Tel le champ infini de son propre domaine ;
Ainsi les fleurs teintant les champs tristement verts
Ne seraient qu’ornement selon l’idée humaine.

Or la simplicité florale est un travers
Conduisant à penser que ces plantes sans peine
Croissent se multiplient en des climats divers
De la jungle au désert ou aux zones urbaines.

La fleur offre un nectar une odeur sa couleur
Pour charmer l’insecte qui ainsi la butine
Et livre son pollen fécondant d’autres fleurs.

Ces savantes ruses hors des humeurs lutines
Font que priment les fleurs qui en cas de malheur
Eradiquant l'humain embelliront ses ruines.

Fausse simplicité d'un processus complexe © Mapomme

vendredi 10 juin 2022

Élégies. Glissant au fil de l’eau dans la paix retrouvée

L’humain soumis au stress d’un temps déconcertant
Qui le livre sans fin à des crises suivies
Cherche un nouvel éden vierge et réconfortant
Dans la nature intacte aux sources de nos vies.

Qui remonte un cours d’eau trouve un calme latent
Tempérant sans délai son âme inassouvie :
Là un héron cendré s’envole mécontent
Fuyant cette intrusion dont il n’a nulle envie.

Hormis le clapotis de la pagaie dans l’eau
Nul bruit inopportun pour troubler la pensée :
On remonte le temps dans cet univers clos.

Au retour surgira une envie insensée
De demeurer ainsi à glisser sur le flot ;
Mais on doit repousser l'idée sitôt lancée.

Glissant au fil de l'eau © Mapomme

Amères Chroniques. Nouveau Candide il faut cultiver son jardin

Bradez les Picasso les Van Gogh les Monet
Et vendez à l’encan la Bible et Baudelaire !
Fourguez les Du Bellay Pétrarque et ses sonnets
Puisque s’ouvre à présent une rude et sale ère !

Adieu crypto-monnaie qui jusqu’ici trônait
Dans les discours branchés d’aspirants milliardaires ;
Lingots obligations que tout expert prônait
Devenus d’un seul coup des valeurs suicidaires !

Votre coffre emplissez de légumes de fruits
Acquérez sans délai des biens alimentaires
Dont grimpe la valeur et lentement détruit
Les maigres bas de laine et les plans monétaires !

Scrutez donc tous ces prix qui flambent à bas bruit
En criant : " Ma caissette ! " nouvel air planétaire.

"Ma caissette !" © Mapomme
Avec l'aide de Molière et De Funès

jeudi 9 juin 2022

Élégies. De machina mundi : nombril de l’Univers

Depuis la nuit des temps l’humain scrute les cieux
Qu’il voit telle une voûte où brillent les étoiles
Fixées sur ce domaine tels des diamants précieux
Guides de l’égaré si la nuit est sans voile.

Douze constellations en signes auspicieux
Sur la voie du soleil prédisaient ses déboires ;
Tournaient autour de l’homme et de son territoire.

Semblablement l’enfant est sûr qu’autour de lui
Le monde est animé puisque chacun lui prouve
Que soleil familial dans la maison il luit.

C’est pourquoi le puissant enfant de quelque louve
Adulé et haï en ingrat se conduit.
Chacun dans son monde croit qu’au centre il se trouve.

Copernic Galilée ont déjà démontré
Que l'Univers entier n'est pas sur nous centré.

De machina mundi © Mapomme

mercredi 8 juin 2022

Élégies. La forêt envahit d’atonie les vestiges

L’être dans la forêt s’arrêta de marcher
Et sur la souche assis se noya dans un songe ;
Des souvenirs confus qu’il n’avait pas cherchés
Émergeaient d’une eau noire où vite on les replonge.

Se promener sans but permet de s’arracher
D’un monde matériel qui sans arrêt nous ronge
En remisant dans l’ombre un flot d’espoirs cachés
Et le vain sirotant à l’instar des éponges.

L’orgueilleuse demeure en l’abandon vivant
Voient ses carreaux brisés par l’imprévue tourmente
Et son toit emporté est livrée à tous vents.

Ainsi l’être est perçu réduit à l’eau dormante
Tel l'écumant torrent dans la plaine arrivant
Pâle ombre d'un printemps pour la troupe inclémente.

La forêt envahit d'atonie les vestiges © Mapomme

lundi 6 juin 2022

Amères Chroniques. Vestiges et vivants de crimes sont victimes

 Aux 4761 chrétiens tués en 2020

Ivre du temps présent du futur insoucieux
L’humain pour son passé ardemment se passionne
Et sauve un monument par tout acte audacieux
Conduit par des savants que les états missionnent.

Temples et hypogées sont des biens très précieux
À léguer au futur ; voilà ce qu’ambitionne
Hormis l’obscurantiste aux arguments spécieux
Celui qui ce dessein incessamment cautionne.

On a vu des Bouddhas et Palmyre exploser
Sous l’aveugle mortier d’assassins fanatiques
Qui pour des écrits saints croient pouvoir tout oser.

Ailleurs sont massacrés par l’ire dogmatique
Quelques calmes croyants à la paix disposés
Par des âmes perdues maigrement empathiques.

Vestiges et vivants de crimes sont victimes © Mapomme

Amères Chroniques. Les semences malsaines des incendies futurs

Parfois lorsque je marche en fin d’après-midi
Seul le chant des oiseaux vient briser le silence ;
Hors d’un rare moteur que cent fois je maudis
Les arias des merles bercent mon indolence.

Ceux-ci en beaux siffleurs teintent de paradis
Les buissons et jardins sans nulle repentance ;
Cependant gardez-moi des merles érudits
Beaux-parleurs m’assommant de stériles sentences !

Défiez-vous des menteurs qui la main sur le cœur
Parjures devant tous engageront la guerre
Selon leurs appétits pour des motifs truqueurs.

Le temps n’effaçant pas les faux serments vulgaires
Leur conflit scélérat sèmera des rancœurs.
L'air d'un merle vaut plus que ces chants insincères.

Les semences malsaines des incendies futurs © Mapomme

samedi 4 juin 2022

Amères Chroniques. Massacre du printemps

Dansons ! Dansons sans fin ! Faisons la teuf la nuit !
Que joyeuses nos vies ne soient que sarabandes !
Dansons sur les braises pour mieux chasser l’ennui
Et l'appel du néant qui en nous se répandent.

Que la teuf remplace demain par aujourd’hui ;
Que l’âme inassouvie à la raison commande
D’abandonner le rêve ainsi mis à l’amende.

Tandis que nous dansons s’embrasent les forêts
Et secs sont les ruisseaux ; fi donc pourvu qu’on danse !
Brûlons comme un jouet les lieux qu’on adorait…

Produisons du maïs alors que beaucoup pensent
Au rare blé d'été que le soleil dorait.
Dansons ! Faisons la teuf et qu'on expire en transes !
Massacre du printemps © Mapomme
Avec l'aide de Maurice Béjart

vendredi 3 juin 2022

Élégies. Un horizon nouveau dans le vaste infini

Un regard s’est ouvert aux confins de l’espace
En remontant le temps près de la création
D’un monde en expansion dont l’étendue nous glace
Et dont l’âge s’accroît à chaque observation.

Treize milliards d’années forme un temps qui dépasse
La limite extrême de notre appréhension
Et qui surprend l’humain par son infime place 
Dans l’univers perçu hors de sa dimension.

L’homme est un grain de sable que l’océan ballotte
Et l’esprit dérouté ne peut imaginer
La distance à franchir vers l’astre qui tremblote.

Par contre les photos qu’on peut examiner
Allument dans nos cœurs une passion dévote
Dont l'esthétique rend nos jours illuminés.

Les piliers de la création © Mapomme
d'après des photos du télescope Hubble

jeudi 2 juin 2022

Amères Chroniques. Un claquement de doigts

La vie peut s’arrêter ce jour ou le suivant
Sans qu’un instant le peuple ait eu voix au chapitre
Et défendu surtout le monde du vivant ;
Un claquement de doigts et tout part d’un pupitre !

L’orgueil démesuré est le mal motivant
Cet ordre fou donné obscur à plus d’un titre
Apocalypse née de futur nous privant
Et qu’applaudissent seuls une bande de pitres.

Est-il vraiment normal que quatre cavaliers
Sur le grand jeu d’échec aient ce pouvoir funeste
Fût-ce pour secourir quelques pays alliés ?

Nous craignons les virus depuis la grande peste
Tout en ayant des armes qu’on stocke par milliers :
Mais nul ne conteste ce danger manifeste.

Un claquement de doigts © Mapomme
avec l'aide de Stanley Kubrick

mercredi 1 juin 2022

Amères Chroniques. La guerre c’est la paix, le choix c’est l’esclavage

George Orwell

Les grands péchés des uns cachent-ils ceux des autres ?
Rien ne pourra laver ce sang né de leurs mains
Et ne rendra plus saint un criminel apôtre
Dont la tunique vierge est souillée de carmin.

Au final il voudrait que la faute soit nôtre
Nous faisant adhérer à son affreux dessein ;
Puis prévenant la faim des cargaisons d’épeautre
Qu’il avait retenues le rendront encor saint.

Les écrits sont emplis de récits de batailles
Où le héros pourfend les régiments maudits
Étripant et saignant les rangs de la piétaille.

Qu’importe si chez lui crève dans des taudis
Un peuple abandonné qui tandis qu’il brétaille
Croyant l'ode contée l'admire et l'applaudit.

La guerre c'est la paix © Mapomme
d'après Fritz Lang

Élégies. Mélancolie du singe enfermé dans sa cage

La jungle disparaît et le singe captif
A le regard songeur du poète en sa cage
Pleurant la canopée où il régnait actif
En tutoyant les cieux au-delà des feuillages.

Tout prisonnier connaît l’état végétatif
Quand la mélancolie des longs vagabondages
En ces murs le privant de rêves de voyage.

Les souvenirs blessant des flâneries d’antan
Sont des brouillards voilant une joie disparue
L’irréversible spleen sans fin le tourmentant.

La jungle est menacée et la chose est courue :
On ne le verra plus les sommets arpentant ;
Rimeur envie ce singe ayant frôlé les nues !

Mélancolie du singe enfermé dans sa cage © Mapomme
d'après Eugène Delacroix et WWF