samedi 14 août 2021

Elégies. Un moro-sphinx butine un surfinia violet

Au proche crépuscule un moro-sphinx butine
Le surfinia violet dans son vol silencieux
Et toujours stationnaire en l’étrange routine
Quand la pourpre des monts côtoie les sanglants cieux.

Dans la corolle en trompe il semble qu’il lutine
Comme avalé soudain dans cet art audacieux
Accompli jusqu’au soir et ce depuis matines
Semblable à l’ouvrier au labeur minutieux.

Le butin récolté à bien d’autres profite
Comme toujours d’ailleurs en tous lieux et tous temps ;
Tu ne vis que deux ans journalier néophyte !

Depuis la chaise-longue où moi aussi j’attends
La fin du jour venant dont la terreur m’habite
Je te dis : Pauvre ami où sont donc nos printemps ?


Un moro-sphinx butine un surfinia violet © Mapomme

vendredi 13 août 2021

Elégies. Sans Perceval le graal n'est qu'une coupe pleine

Le temple est oublié — prêtre pur stupéfait !
Et le noble Idéal a pourri dans la fosse
Souviens-toi de la foi aux stimulants effets
Et des foules croyant à des paroles fausses !

L’Espérance est hélas ! un horizon défait
Qu’accommodent en vain de piteux gâte-sauces
Tentant de nous vanter des lendemains parfaits
De nos rêves d'antan le Rationnel se gausse

J’ai cru que l’Avenir serait bien mieux qu’hier
Qu’un progrès livrerait un futur fait d’aisance
Et que nos beaux projets nous rendraient plus que fiers

À force d’incuries d’horribles complaisances
Les élus se moquent du quart comme du tiers
En quête du seul graal des vaines présidences !



Sans Perceval le graal n'est qu'une coupe pleine © Mapomme

jeudi 12 août 2021

Elégies. La touche ultime avant de poser la suivante

 À C.B. (1821-2790)

Si tel Mathusalem Baudelaire maudit
Avait vécu mille ans poète-patriarche
À traîner sa misère en quelque affreux taudis
Il se murmurerait : Satan près de lui marche !

S’il restait huit cents ans banni du Paradis
Le poète acharné achèverait sa tâche
Retouchant un détail comme il le fit jadis
— Tout esprit d’un artiste à sa quête s’attache

On voit le peintre ainsi qui du bout du pinceau
Corrige une ombre franche d’une infime nuance
L’œuvre est encor l’enfant dormant dans son berceau

Pour ses Fleurs le poète ajouterait des stances
Sonnets et madrigaux gardés sous le boisseau
L’ultime perfection guidant son existence



La touche ultime avant de poser la suivante © Mapomme

Elégies. Quel secret est scellé dans les pensées du Sphinx ?

Gardien d’un temple enfoui sous les sables séthiens
Impassible le Sphinx tel un Scribe mesure
Le temps au clepsydre du désert saharien
Sous le soleil divin qui chaque jour azure

Les vastes étendues des royaumes anciens
Où le désert clame qu’il efface l’injure
Des palais engloutis car rien ne se maintient
Et que l’Orgueil bâtit corrompt et défigure.

Qui sait si quelque nuit — belle et profonde nuit !
Tandis que dort l’humain agresseur de la Terre
Le Sphinx laissé tout seul ne gémit pas d’ennui ?

Ce serait pour tout homme le plus profond mystère
Et il croirait alors que cet étrange bruit
Viendrait d’un animal comme lui solitaire.



Quel secret est scellé dans les pensées du Sphinx ? © Mapomme

lundi 9 août 2021

Elégies. Il faut être ici-bas le désespoir des singes

Il est un conifère en des régions lointaines
Dont les feuilles pointues blessent tout animal
Désespoir des singes d’une ère incertaine
— Ni homme ni primate en groupe minimal

L’arbre a pu résister aux dangers par centaines
Du plus insignifiant jusqu’au plus abismal
Échappant au progrès des nouvelles Athènes
Rasant et brûlant tout pour les bienfaits du mal

Donc pour me protéger de la fureur du monde
Je serai méprisant hautain voire blessant
Puisqu'on livre le tendre au fanatisme immonde

Je porterai l’épée jusqu’à verser le sang
Pour survivre à la foule atroce et furibonde
Il faut demeurer seul bizarre et repoussant



Le désespoir des singes © Mapomme

dimanche 8 août 2021

Elégies. Rasées sont les forêts des tropiques du rêve

Nos princes de l’azur démunis et parias
Nos géants disparus dans ces temps sans clémence
Nécessiteux souvent dont le génie brilla
Jusqu’aux confins du monde où le rêve commence

Auriez-vous succombé de fièvres malaria
En peignant des ailleurs aux lagunes immenses
Des forêts parsemées de grands araucarias ?
Des nains ont pris la place en ces temps de démence

Ce sont des boutiquiers des marchands de tapis
Des talents fabriqués par l’intox des réclames
De chétives futaies aux feuillages flapis

Un odieux tiroir-caisse a remplacé la flamme
D’illustres devanciers puisque la pub glapit
Les cent kilos vendus de vains bouquins sans âme

Au géant de jadis on compare le nain
Et aux plus grands génies des besogneux bénins



Les princes de l'azur et géants disparus © Mapomme

vendredi 6 août 2021

Elégies. L’orpailleur des sonnets cherche une rime en or

À l’automne des idées que d’aucuns craignaient tant
Sourdant comme eau limpide elles sont apaisées
Ce n’est plus un torrent mais le ruisseau des ans
Irriguant ma pensée d’une onde apprivoisée

Est-ce une paix fragile avant l’assaut du temps
Où tout serait confus et mes rimes biaisées ?
Le flot mêlé de boue deviendrait hésitant
Et la césure usée serait plus malaisée

Mais pour l’heure adoucies des passions d’autrefois
Qui versaient pêle-mêle espoirs et folles rages
Patiemment orpaillées par la dantesque foi

Je tirais un seul gramme épuré de mes rages
Le malheur de l’automne est qu’il nous mène droit
Au flux hémorragique obscurcissant cet âge

Saint-Loup nous guette tous qu’on en convienne ou non
Pour balbutier enfin un médiocre Crénom !



L'orpailleur des sonnets © Mapomme

Elégies. À l’ombre relative à midi moins vingt-trois

Je savoure un vermouth à l’ombre relative
D’un tilleul vénérable à midi moins vingt-trois
Quand de la chaleur naît la paix méditative
De la vue du maquis et du sentier étroit

Un geai passe en jasant d’une envolée hâtive
Vers un arbre jailli au pied d’une paroi
Des cigales lancent l’antienne itérative
Et répondent leurs sœurs sur le chemin de croix

Tandis que les glaçons dans mon vermouth expirent
L’ombre portée du tronc à néant se réduit
À ma tempe l’enfer des tropiques transpire

Et il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui
Chaque été paraissant cogner de pire en pire
Le vermouth ne m’offre qu’un succinct sauf-conduit

Déjà tiède et amer sans vertus sédatives
Sans un rêve existant auquel mon esprit croit



A l'ombre relative à midi moins vingt-trois © Mapomme

mercredi 4 août 2021

Elégies. Tout est dans rien ! dit-il sous la voûte étoilée

Tout est dans rien ! dit-il songeant sur la terrasse
Tandis que s’étendaient habités de néant
La nuit la vaste nuit étoilée de l’espace
Et les feux pâlissants dans le gouffre béant

Du lointain sans espoir où des rêveurs embrassent
L’infinité du vide et du vaste Océan
Où l’humain croit laisser d’indélébiles traces
Quand il ne reste rien des peuples de géants

Que de mondes enfouis par la sainte patience
Reposent à jamais sous nos pas indolents
Et que n’exhumeront nul hasard nulle science !

Dans l’Infini que croit vaincre l’Homme insolent
Combien d’astres éteints sans plus nulle brillance
Combien d’orgueils brisés d’espoirs malévolents !

Et rien dans tout ! rit-il sous le vide vorace



Combien d'orgueils brisés d'espoirs malévolents ! © Mapomme

Elégies. Le réveil d’Endymion sera traumatisant

Parvenu à un âge où on ne change guère
S’imprime en notre esprit une image de nous
À l’encre indélébile et que les ans léguèrent
Semblable au tatouage ancestral des hindous

Peut-être nos trente ans en nôtre âme taguèrent
La jeunesse éclatante au visage si doux
Qui défie les années pénibles et vulgaires
Mirage pour certains coureur de guilledou

Si dans notre miroir durant quelques secondes
Pour un bref coup de peigne on accorde un regard
Notre imagination toujours vive et féconde

Occupe nos pensées avec beaucoup d’égards
Une triste photo dont les fêtes abondent
Livre la vérité d’un vieux chauve et ringard

La photo montre hélas des autres la vision
Loin du jeune éternel qui n’est qu’une illusion


Le réveil d'Endymion sera traumatisant © Mapomme

mardi 3 août 2021

Elégies. Quand le vent déchire les cirrus bigarrés

C’est un été chagrin qui ressemble à l’automne
Quand le vent déchire les cirrus bigarrés
Qui depuis la plaine courent l’azur atone
Jusqu’aux monts où se meurt le soleil effaré

Les rosiers sur le mur de la maison festonnent
Et le drap au séchoir étendard chamarré
Claque au vent du large comme voile bretonne
Clipper cherchant un phare en la nuit égaré

Folles sont les saisons comme toute personne
Vivant sur la hauteur soumise à Hurlevent
Nous sommes au mois d’août et nul ne le soupçonne

Car la mer moutonne vers l’Elbe au levant
Sur la terrasse au vent où le store frissonne
Nous allons tous manger ce fâcheux temps bravant

Au clocher midi sonne et rien ne refroidit
Ni ambiance ni plats primordial interdit



Quand le vent déchire les cirrus bigarrés © Mapomme

Elégies. L’hiver revêt l’habit d’un tout proche outremer

L’écume bat le roc et des gouffres béants
Paraissent s’être ouverts là où un bleu de rêve
En été invitait à un bain bienséant

Le proche Abysse ouvert expire sur les grèves
Étrange est la beauté des ires de géants
Qui teintent d’outremer sans désirer de trêve
Les bords comme les fonds des lointains océans

Ô saisons loin d’Éden sous le froid les colères
Nos vingt ans sont si loin qu’ils sont presqu’étrangers !
Avons-nous donc rêvé hors des bises polaires

Ces étés insouciants aux parfums d’oranger ?
De nos beaux souvenirs le temps nous fait salaire
Nous poussant plus avant vers l’ultime danger

Renaissent nos rêves dans la gerbe d’écume
Et nos regrets au vent s’envolent comme plumes

L'hiver revêt l'habit d'un tout proche outremer © Danielle Lastrajoli

Elégies. Un parasol persiste à l’arrière-saison

Septembre grisouille sans son été indien
Un parasol persiste à nier l’évidence
Que se sont dissipés les tilleuls rimbaldiens
Les amours naissantes et le bal où l’on danse

La mer d’huile a fait place aux remous neptuniens
Qui parfument d’embruns l’air de la plage immense
Quand l’été finit-il ? On ne sait pas trop bien
Mais avec les départs dit-on la fin commence

Un parasol demeure ultime franc-tireur
Les feuilles de la vigne à présent roussissent
Et le raisin est mûr sans potentielle erreur

Plus de joggeurs faisant leur étrange exercice
Chassant des calories dont le monde a horreur
À force d’avaler des tranches de saucisses

Un parasol persiste à l’arrière-saison
Faut-il pour s’entêter de valables raisons ?


Un parasol persiste... Automne © Mapomme

lundi 2 août 2021

Elégies. L’intemporalité des plages de l’été

Le chant hypnotique des vagues de l’été
Évoque des jadis insouciants de lumière
Serviette et parasol afin de farnienter
Et l’oubli pour seule nécessité première

Ondines et tritons droit venus des cités
Dans l’écume apaisent les flammes coutumières
D’un bronzage marquant cette félicité
D’avoir mené un mois d’une vie buissonnière

C’est une parenthèse en des temps incertains
Où le monde est livré à l’étrange anathème
Qui nous frappa depuis un empire lointain

Pour laver nos tracas en des bains opportuns
Allons par les chemins tout bordés d’hélianthèmes

Réimprimons les pas que l’onde a effacés
Pour retrouver la voie d’un bienheureux passé


L'intemporalité des plages de l'été © Danielle Lastrajoli

Elégies. Silences et soupirs, Aria d’avril frileux

L’hiver y a fait place à un avril atone
Sans un cri pour briser ce silence inconnu
Sinon le lamento qu’une mouette entonne

Hors saison ce spectacle a l’attrait saugrenu
De l’ire équinoxiale au début de l’automne
Nous trouble et nous séduit le calme entretenu
Hormis le clapotis de l’onde qui chantonne

Le sable humide et froid n’a rien du feu brûlant
Qui contraint l’estivant à rejoindre un point d’ombre
Sans crainte on peut marcher à pas souples et lents

Sur les monts de longs pins forment la forêt sombre
Gros tuyaux d’orgue issus d’un végétal élan
Quel Requiem jaillit de fûts en si grand nombre ?

Au sud sur les rochers la mer vient se briser
Et Neptune a sculpté les rocs martyrisés


Silences et soupirs, Aria d'avril frileux © Danielle Lastrajoli

dimanche 1 août 2021

Nouveau Siècle. Greta est une ado victime d'obsessions

Greta livre sans fin une diatribe haineuse
Et pointe des pays qui sont peu polluants
Chine Inde et USA nations plus enfumeuses
Échappent au discours pourtant tonitruant

Ce n'est au fond qu'une ado ennuyeuse
Au trouble obsessionnel compulsif évident
La prophétesse énonce assez peu vétilleuse
Son diktat écolo qui n’est pas concluant

La pollution serait aux quidams imputable
Et non aux industries sans réglementations
Allons donc en vélo lorsque d'incriminables
Usines empestent les diverses nations

Greta n'est que le fruit de quelque élan instable
Qu'amplifient les réseaux de lubie en passion

Greta est une ado victime d'obsessions
 
© Mapomme