dimanche 20 décembre 2015

Rimes de saison. Binôme

Au bout de la vigne un arbre décharné
Vers l’azur délavé dresse son squelette
Sur une haute branche on croirait discerner  
 Un bois mort Mais en fait c’est un faucon qui guette

Les champs nus cultivés et les rangs désherbés
De la vigne qu’on taille et où un piaf volette
Retirant les sarments l’homme est trop absorbé
Courbé sur son travail tel un ermite en quête

Le rapace immobile en l’azur déserté
Observe les travaux de l’homme à la casquette
L’oiseau philosophe n’est plus déconcerté
Par le taiseux labeur d’un métier obsolète

Un pacte tacite toujours est conservé
Oiseau et paysan dans les faits se complètent
L’un de tout nuisible sait les champs préserver
L’autre par son labeur lui fait voir les belettes  

J’aperçois le faucon sur sa branche perché
Pèlerin revenant sans besoin de “saynète“
Méditant sur la cime à l’abri des archers  
Sur l’étonnant binôme animant la planète
 
 Binôme© Mapomme


samedi 19 décembre 2015

Rimes de saison. Anésidora

On a tous en poche d’anciens rêves froissés
Dont les ailes brisées rappellent la blessure
Dont la vie frénétique a tenté d’effacer
 La marque dans nos chairs à force de censure

Rescapés d’un naufrage on a vite embarqué
Sur un galion croisant sur une voie plus sûre
Où nos cœurs ne pourront jamais être marqués
Tenus loin du péril des féroces morsures

Avec l’aile brisée qui pourrait s’envoler
L’infirme au sol craint moins de l’aigle les griffures
Boiteux parmi les rats rêveur inconsolé
Il sent son cœur souillé par cette fange impure

Adieu la claire aurore et les cieux constellés
Nous saurons bien contre eux fabriquer des armures

On a tous bien caché dans un coffre scellé
Un avenir éteint dans un dernier murmure
 
Anésidora© Mapomme + Lefebvre


lundi 7 décembre 2015

Rimes de saison. Les soirs ultramarins

Il y a des soirs noirs comme un drapeau fasciste
Comme un drapeau d’ISIS ou le vol des corbeaux
Quand la démocratie cède à tous les racistes
Pour se prostituer aux délires verbaux

C’est un temple écroulé dont les statues se brisent
Et que sur le Pays commande le chaos
Les cieux enténébrés grondent et s’électrisent
Désertés par les dieux veillant sur nous là-haut

L’extrême a répondu au fiel radicaliste
À la haine la haine soudain vient faire écho
Nous sommes assourdis d’hymnes nationalistes  
Le juste est atterré par ces Cocoricos

Car les mauvais penchants hélas parfois persistent
Tant s’y laissent aller à l’ombre d’un drapeau
Quand si peu d’entre nous se dressent et résistent
Quand hurlent tous les loups que bavent les crapauds

Il est de sombres soirs où la nuit nous attriste
Car on la voit durer plus encor qu’à Oslo
Où au cœur de l’hiver six mois elle persiste
Quand on évoque l’aube avec des trémolos
 
 L'oubli est une trahison© Mapomme

dimanche 6 décembre 2015

Rimes de saison. Délaisser un passé pour un futur possible

À bien y réfléchir qu’est-ce qu’une frontière
Rien qu’un dessin tracé sur un bout de papier
Tout promeneur marchant dans un champ sans barrière
Peut franchir cette ligne en avançant le pied

D’un seul pas négligent sans enjambée entière
Comme on change d’année lors d’un bal coutumier
En une seconde dans l’orgie des lumières
Nouvel An nouvel âge en janvier le premier  

Dépaysé le marcheur regarde en arrière
C’est le même horizon sans point particulier
Sous le même ciel il voit les mêmes chaumières
Dans les prés alentours tout semble familier

Pourtant cette contrée n’est pas hospitalière
Pour le migrant laissant la place aux badamiers
Où l’on parlait dans l’ombre de cités singulières
Où celui qui vit mieux se plaît à jérémier

La frontière est le point où quittant sa tanière
On perd tout son passé pour prendre ses quartiers
Dans une vie nouvelle aux étranges manières
Qu’on prévoit meilleure pour tous ses héritiers
 
 Délaisser un passé© Mapomme


jeudi 3 décembre 2015

Rimes de saison. La Calavera Garbancera

Sur le carreau la mouche observe le jardin
Où les tremblants rayons d’une illusion la bercent
Comme les précédents ce jour semble anodin
Mais un sort exhumé sur l’hémisphère exerce

Sa funeste magie pour que ce jour soudain
Tel un sabre glacé s’abatte et la transperce
La mouche a bien senti malgré son vol badin
Que cette matinée s’avérera perverse

Tout d’un coup la voici renversée sur le dos
Elle veut se relever mais en est empêchée
Le temps attend son heure et ne fait nul cadeau
Sa servante sombre se tenait cachée

Pour venir délivrer l’insecte du fardeau
La mouche ne veut pas finir ainsi couchée
Puis qu’à la fin de l’acte on baisse le rideau   
Et que sa destinée se trouve ainsi tranchée

C’est un être vivant qui en vain se débat
Agitant ses pattes dans la cuisine vide
Comme cette mouche nous allons ici-bas
Ne pouvant face au glas demeurer impavides
 
 La Calavera Garbancera© Mapomme