dimanche 3 septembre 2017

Stances. Tout instant étonnant porte la fange et l’or


La barque solaire vogue entre les récifs
De stratocumulus baignant de rayons pâles
Les prés blonds où paissent les troupeaux si passifs
Devant l’été qui meurt dans un ultime râle  

Une belle image qu’on garde en souvenir
Pour les frimas d’hiver dans un herbier collée
Une fleur desséchée ne cessant de ternir
Momie en son tombeau de journées envolées

Tout instant étonnant porte la fange et l’or
L’or du bonheur présent le regret qu’il s’achève
C’est pourquoi je ressens une amertume alors
Que chacun est joyeux or ces heures sont brèves

Devrais-je tout brûler enterrer effacer
Ne vivre qu’au présent sans regard en arrière
J’envie ceux qui oublient chaque heur du passé
En se laissant glisser en l’onde des rivières

Où s’égrènent les jours au cœur-même de l’été
Bienheureux oublieux qui droit devant eux arquent
Je n’ai jamais trouvé la source du Léthé
Et mon meuble à tiroirs s’emplit d’instants qui marquent 
Les prés blonds ou paissent les troupeaux © Mapomme 

vendredi 21 juillet 2017

Stances. Sous le Zodiaque mouvant


Le monde est un temple dont nous sommes fidèles 
 Dont la nef culmine jusqu’aux constellations 
Infirme je larmoie sans une paire d’ailes
Infime en l’infini privé d’élévation

Sous la Voûte Étoilée d’apparence immobile
Un souffle fait bouger les piliers végétaux 
Le rosé a rendu les esprits volubiles   
On parle avec les mains comme des Orientaux

Aussi sur le parvis d’une maison amie 
Élevant mon godet au décor osirien 
En libations aux dieux de la gastronomie 
Mes compagnons j’honore en bon épicurien
Partageant l’offrande sans nulle boulimie
Tandis que l’échanson verse un nectar terrien 

Le monde est un temple pour des millions d’années
Où le dieu Amon-Râ est maître des destins
Et notre humanité trop vite est condamnée
Prenant pour obole ces bachiques festins
Elevant mon godet © Mapomme 

mercredi 12 juillet 2017

Stances. Aux amis par l’Amer volés

Trop souvent l’on croit que parents et amis
Vont sur l’immensité d’un océan d’années
À l’éphémérité nous sommes tous soumis
Toujours l’éternité à Mort est condamnée

Peut braver le temps l’aiguille de Bavella
Mais pas les compagnons voguant avec Ulysse
Qui tous ont péri entre Charybde et Scylla
Et comme eux Gilgamesh a bu l’amer calice

On pense avoir le temps à demain différant
La visite impromptue pour des causes frivoles
Le Temps nous punira d’un regret déchirant

Les amis négligés que les Parques nous volent
Sourient sur la photo tremblant comme un épi
À la faux la moisson est d’avance condamnée

Quand bien même on croirait que parents et amis
Vont sur l’immensité d’un océan d’années 
Aux amis par l’Amer volés © Akseli Gallen-Kallela

  



samedi 3 juin 2017

Stances. L’éphémère demeure et l’éternel se meurt


Si les pierres des murs pouvaient nous raconter 
Le passé obscurci par la mémoire oisive
Des instants effacés ayant pourtant compté      
Ranimeraient soudain des heures décisives

Des ombres de jadis des brumes jailliront
Invoquées par les murs parfois rongés de lierre   
Tel ce constant remords du bonheur le larron
Les pierres des maisons redeviendront des pierres

Les grenades mûres comme un soleil naissant
Donneront de la vie au cœur de ces enceintes
Œuvres périssables de l’homme bâtissant
Dans l’écrin parfumé d’hibiscus et d’absinthes  

La Nature chassée sans cesse renaissante
Vient fleurir les tombes quand se tait la rumeur
Sans nulle rancune sans remarques blessantes 

Dans la rue désertée l’héliotrope fleurit
Et masque les dalles soigneusement rangées
Des rêves d’avenir avec l’homme ont péri
En œuvres spontanées ses ruines sont changées
L'éphémère demeure... © Mapomme 

mercredi 24 mai 2017

Stances. Si seulement le monde avait un cœur d’enfant

On l’a sorti des flots le corps transi de froid 
N’ayant plus de force s’accrochant au courage
Et à ce brin d’espoir au cœur du désarroi     
Sur un débris de barque rescapé du naufrage

Combien de compagnons ont péri dans les flots
Avalés par l’Abysse insondable et placide
Cénotaphe mouvant sans l’offre d’un sanglot
L’humanité se meurt en un sournois suicide

La presse s’habitue et le pouvoir odieux
Abandonne ce flot en raison des dépenses
Aux vastes profondeurs du néant oublieux
Où les ultimes cris s’étranglent de silence

Sur cette sombre fosse élevons un tombeau 
Aux espoirs brisés dans leur écrin de rêves
Bakary s’accrochait à son rêve si beau
Qu’il ne pouvait lâcher devant lutter sans trêve 

Comme lui son sauveur pleura après l’effort
Redevenant l’enfant soignant le chat malade
Qu’il voulait arracher aux griffes de la mort
Car toujours les gamins combattent la Camarde

Si seulement le monde avait ce cœur d’enfant
Et pouvait s’émouvoir des lointaines souffrances
La haine et l’égoïsme n’iraient plus triomphants
Dans un fiel patriote indigne de la France 
 Si seulement le monde... © Mapomme

mercredi 12 avril 2017

Stances. Un univers entier s’éteint avec un être

La vague sur la grève efface tous mes pas 
Et si parfois demeure un vestige de trace
On ne sait qui la fit et ce qui l’y poussa  
Les rêves l’animant mais aussi ses angoisses 

Les cités ont croulé et ses maisons brûlé
Des lettres en cendres des espoirs en poussière 
Que reste-t-il des mots par d’autres formulés
Périrent les pensées riches et singulières

L’essence de la vie ainsi a disparu
Les muets monuments vestiges du paraître
Taisent feu les souhaits à tout présent intrus
Un univers entier s’éteint avec un être  

Une Bibliothèque est calcinée soudain
En cendres réduisant la vivante mémoire
On les balaie sitôt envahi de dédain
En poussière traitant de sublimes grimoires 

Semblables sont mes pas par la vague effacés
Chimère cheminant tout au bord de la grève
À l’instar du passant mirage est le passé
Et la sage pensée s’évapore en un rêve 
Un univers entier s'éteint avec un être © Mapomme 

mardi 11 avril 2017

Stances. L’engoule-temps

Le Temps est un vole-heure escamotant mon temps 
Dilapidant les jours qu’il me restait en poche
Voici quelques années j’en avais tant et tant  
Il m’a bien épongé avec ses longs doigts croches 

Ingrate Humanité qui se plaît à gémir
Sans le Temps pas d’aurore et pas de crépuscule 
Tu ne naîtrais pas n’ayant plus à blêmir
 Devant la Faucheuse ô geignard ridicule

C’est la Mort qui effraie laissant planer sur nous
Son importune issue par sa date inconnue
Prier les mains jointes et se mettre à genoux
N’empêchera jamais sa brutale venue  

Vivant inassouvi à la maussade humeur
Quel prix aurait ta vie en l’absence de terme
Tu peux voir sa valeur car justement tu meurs
Il faut bien que tout livre un beau jour se referme

Si au moins je savais qu’un autre monde attend
Celui qui ici-bas dans l’inquiétude expire

Si existe un ailleurs n’y a pas cours le Temps
La Mort serait exclue d’un éternel empire

Ni Temps ni Mort n’auront de mots réconfortants
Pour soulager tout homme imaginant le pire 
L'engoule-temps © Mapomme

dimanche 9 avril 2017

Stances. Substantifique absence

Qu’importent l’azur vierge et les soleils marins
Parfois quand on a tout il semblerait que manque
L’essence de la vie qui nous rendrait serein
Et que ne peut payer tout l’or d’un compte en banque

Changer d’hémisphère n’apporte rien de plus
Si passent les saisons demeure la carence
Les flots des tropiques s’attristant de stratus
En Corse ou au Brésil l’azur n’est qu’apparence

Les repas entre amis pour draper de gaietés
Les silencieux exils laissent planer une ombre
On peut rire et chanter se forçant à fêter
Sans pour autant chasser les nuages en nombre

Paraître tout avoir sans montrer de plaisir
Serait un vrai péché sans ce spleen indicible
L’or divin ne pourra apaiser le désir
La paix reste un Éden hélas inaccessible
Substantifique absence © Mapomme + Richard Quine 


Stances. Coquelicots

Vous souvenez-vous des rouges coquelicots
Dans les champs de jeunesse aux franges de la ville
Murmures et rires éclatant en écho    
Sans rumeurs d’hélicos sans victimes civiles

Écarlates pavots des labours délaissés
Vos éclats colorent l’herbe folle dansante 
Les bottes se sont tues la fureur a cessé
Le monde a retrouvé la joie éblouissante

En terre il a enfoui les ténèbres d’acier
Les enfants ont couru dans les prés sans cultures
À la paix retrouvée ayant pu s’initier
Goûtant de l’harmonie l’exquise confiture

Pourtant tout âge d’or est marqué par le sceau
La marque d’infamie du bonheur éphémère
Les cerisiers fleuris ont subi les assauts
Du temps qui n’a laissé que des larmes amères

Coquelicots vermeils comme tâches de sang
Égaient le morne vert d’une touche féroce
Les enfants récoltent les pavots du présent
Se fanant sous leurs doigts tel un bonheur atroce

Vous remémorez-vous de ces coquelicots
Dans nos frivoles jeux à côté des bâtisses
N’en restent que l’écume et un ultime écho
Souvent les souvenirs s'avèrent bien factices
Coquelicots © Mapomme





mercredi 29 mars 2017

Stances. Saoirse

Liée fut Saoirse à un despote âgé
Recluse en son château privée de promenades
Dans les bois alentours sans pouvoir partager   
Des rêves d’avenir dessous les colonnades
Des secrets chênes verts aux arcs ombragés
Saoirse rêvait de douces sérénades

Par malheur je l’ai vue à sa tour soupirant 
On ne sait comment nait cette fièvre en son être
C’est un mal fulgurant atroce et attirant
Car on voudrait la voir le soir à sa fenêtre
Demeurant silencieux dans l’ombre délirant 
Obscur devient le jour On n’y veut plus paraître  

Mais le despote a su quel mal me torturait
Pourquoi j’étais fantôme allant parmi la foule
Livide et maladif et certains m’assuraient
Que je montrais l’aspect effrayant d’une goule
On me saisit guettant à l’abri d’un muret
Lié pour m’emmener couvert d’une cagoule

Je fus attaché nu sur un cheval ardent
Non dressé m’emportant vers les forêts sauvages
Domaine des loups gris féroces et mordants
Du royaume d’Hadès j’abordais le rivage
Pour gagner Saoirse d’un espoir sourdant
Nombre ont voulu briser les chaînes du servage

Saoirse est cloîtrée par tous les vieux tyrans
Pour enfin s’envoler avec un soupirant
 Jeune femme en toilette de bal © Berthe Morisot


vendredi 24 mars 2017

Stances. L’invisible à l’homme révélé

En été scintille l’infini constellé
Milliards de cœurs battants d’un abîme insondable
Et voilà l’invisible à l’homme révélé
Dont l’esprit cartésien entrevoit l’improbable

En dépit du givre de l’hiver expirant
Une fleur dans le champ signe la résurgence
De l’indomptable vie tel un charme opérant
Par-delà les états de notre intelligence

Quand s’enfle l’océan lors des froides saisons
Et qu’éclate l’écume au plus fort du solstice
Fascinés par l’ire sans rime ni raison 
Les rois voient que sont vains les palais qu’ils bâtissent

Aucun dessein humain n’embrasse l’infini
De vouloir le singer l’homme est toujours puni 
L'invisible à l'homme révélé © Mapomme 


jeudi 23 mars 2017

Stances. Andromède au jardin d’Abaddon

Jadis beaux les jardins sont tous à l’abandon
N’y poussent que l’ortie la morelle et le lierre
Plantes inféodées au démon Abaddon
Le passant effaré fuit cette grenouillère 

Le jardinier sommeille et tout va à vau-l’eau
Bêche et pioche ont rouillé dans le cabanon clos

Les feuilles sont rongées et les fruits tavelés 
À quoi bon s’épuiser en vains efforts zélés

La mûre par le geai est mangée encor verte
La campagne sommeille et le pays se meurt
Les récoltes d’ailleurs en ville sont offertes 
La barque est emportée à défaut de rameurs  

Si Andromède offerte à un monstre marin
In fine fut sauvée nul n’aide ce jardin

Aucun Persée ne vient le sauver du chaos
Bêche et pioche ont rouillé dans le cabanon clos 
Andromède au jardin d'Abaddon © Mapomme et Gustave Doré 


dimanche 19 mars 2017

Stances. La parabole des aveugles

Marchez hors des sentiers et au bord des ravins
Derrière un nouveau guide à la langue enjôleuse 
Peignant des lendemains faits de miel et de vin
Sans effort à fournir toute aube est fabuleuse

Un aveugle aux autres désigne le chemin
Vers l’avenir radieux que promet cet auspice
Ils le suivent confiants se tenant par la main
Et comme lui vont choir au fond du précipice

Faut-il s’attendre à mieux qu’un gouffre collectif
Quand le guide impromptu sort tout droit de l’hospice
Par les rues des cités il sera réactif
En dehors se montrant des Parques le complice

Aux culs tout cousus d’or un faux Midas promet 
D’obliger l’indigent aux pires sacrifices
On ne tond pas un œuf Le tribun n’y peut mais
Une fois au pouvoir grâce à cet artifice  
 La parabole des aveugles © Pieter Brueghel l'Ancien
+ Mapomme pour le collage

samedi 18 mars 2017

Stances. Au jardin des idées les roses sont flétries

Au jardin des idées les roses sont flétries
Restent les épines pour écorcher l’espoir
Sont perdues les notions de Progrès de Patrie
Les nains de la pensée n’aspirent qu’au pouvoir

Mais vouloir et pouvoir s’espacent d’un abîme
Par des chiffres abscons le souffle est remplacé
En sort un jappement sans envolées sublimes
Et les économies d'un projet mal pensé

Au jardin des idées on cherche le Grand Homme
Qui fera refleurir les massifs de l’espoir
Plane au-dessus des nains l’ombre de son fantôme
La meute peut japper sans jamais le valoir

Affairisme et rapine en guise de programme  
C’est l’envers du décor de tous sans exception
Car un amas d’idées cache mal ce qu’ils trament
Nous aurons à payer mensonge et inaction   
Les roses sont flétries © Mapomme 

Stances. La liberté de l’un des autres n’est point serf

Anges plein de bonté délivrez-nous du bien
Quand il serait mépris et interdits ineptes
D’une étroite vertu n’apportant jamais rien
Et enflammant pourtant d’obscurantins adeptes 

La liberté de l’un des autres n’est point serf
Ce troupeau tyrannique impose son oukase
Il veut tout régenter et sans cesse il dessert
Le bonheur de tout être En deux mots il nous rase

Anges plein de bonté délivrez-nous du mal
Celui qui s’est paré de l’habit pieux d’un moine
Ce faux saint assaillant tout esprit marginal
Sans porter en son cœur les qualités idoines

Quant à moi je m’en vais de ce monde à regret
Pour n’avoir pas connu le jardin des délices
Ruinés sont les futurs de cet Éden aigret
Les voir se déliter me fut un vrai supplice

Les tourments de l’Enfer seront un paradis
Ayant porté la croix d’une odieuse existence
Le feu qui m’animait jadis s’est refroidi
De ses cendres naquit le phénix de ces stances 
Le jardin des délices à l'oeuf de concert © Hieronymus Bosch
+ Mapomme pour le collage 


samedi 11 mars 2017

Les trente calamiteuses. Les oies dormaient

Les oies dormaient à l’ombre des orangers
Repues d’avoir trop bien mangé
Sans pressentir le grand danger
Des temps qui avaient tant changé

L’horizon charriait un ciel de plomb   
Masquant déjà les soleils blonds
On s’enivrait de bals et de flonflons
Mais aussi du vin de houblon

Aucun empire n’est durable
La paix est un château de sable
On n’écoute plus à l’école
Dormaient les oies du Capitole
Dans l’optimisme lamentable
Se nourrissant d’illusions folles

Les oies dormaient sans rien redouter
Sans vouloir le sage écouter
Chacun voulait encor goûter
Les plaisirs doux et veloutés

Le Progrès nous montre un seul visage
Celui du rêve et des mirages
Pour endormir les enfants sages
Mais il peut porter le carnage

Repues d’avoir trop bien mangé
Sans pressentir le grand danger
Dormaient les oies du Capitole
Étaient finies les années folles
Et les temps allaient bien changer
Brisées sont les fausses idoles

Finis les chants des farandoles
Dissipés les plaisirs frivoles
 Les oies dormaient © Mapomme
d'après Sand73



samedi 25 février 2017

Sonnets. Le Clerc et l'Étudiante


I
La Terre s’est ouverte au-dessous de nos pas
Mais le réel Enfer se trouve bien sur Terre
Car sans amour nos vies sont pires que trépas
Quand le dévot abuse d’un pouvoir délétère

Je menais une vie de clerc fort ambitieux   
Butinant en chemin les lèvres de ces dames
Je discourais de Dieu de ses saints et des cieux
Cherchant dans les baisers un terrestre dictame

La vie se plait souvent à troquer nos projets
Nous faisant rencontrer un ange fatidique
En un éclair changeant de nos pensées l’objet

Au buisson de Vénus une rose pudique
Vierge a été cueillie et pourtant me piégeait
Percé soudain du trait d’un Cupidon ludique


II
Les amants sans souci ne voient que leur bonheur
Et tandis qu’innocents des baisers ils butinent
Des corbeaux ténébreux affligeants sermonneurs
Sombre menace plane en bande calotine

Au jardin printanier cueillez le doux parfum
D’un amour juste éclos car il est éphémère
L’apogée est suivi d’une chute sans fin
Notre défunt amour erre en nôtre âme amère

Les corbeaux castrateurs depuis leur noir clocher
Se plaisent à briser les hyménées fragiles
Et mènent les amants au funeste nocher

Le bonheur est un roi sur un trône d’argile
Fuyez si vous voyez un vol sombre approcher
Il fondra droit sur vous malgré vos pieds agiles





III
Dieu créa Terre et Ciel mais l’homme fit l’Enfer
Un enfer triste et froid de jeûne et de prières
Un sanctuaire obscur aux lourdes croix de fer
Où les astres de joie nullement ne brillèrent

Châtré on me fit moine prêchant à Saint-Denis
En un couvent recluse ma bien-aimée fut nonne
Séparés et bannis pour notre enfant punis
La cloche des complies comme un tocsin résonne

Sous le marbre glacé je demeurais vingt ans
Rêvant des étreintes de ma plus tendre amie
Le tombeau réunit nos corps impénitents

En dépit des périls des marques d’infamie
Nos noms sont honorés par tous les cœurs constants
Symboles des passions vainqueur des avanies



IV
Qu’en Enfer brûlent ceux séparant les amants
Le Paradis n’est pas celui de nos églises
Car la charnelle ardeur mène au vrai firmament
Qu’on sache qu’Abélard a aimé Héloïse