vendredi 17 juillet 2015

Sonnets. Quadrille du pas en avant et du pas en arrière

Ce siècle s’enivrait d’un indécent quadrille
Sur la braise éteinte du siècle précédent ;
Adieu le menuet sans rythme trépidant :
Les satins avaient fui la rage des guenilles.

Dans les salons dorés s’activaient les gambilles
D’une classe appréciant les transports débordants
Nés des excès passés sur les pavés ardents
Rougissant du sang bleu des anciennes familles.

Le quadrille endiablé aux danseurs élégants
Oublia la famine et sa sœur l’injustice ;
La corruption revint et son lot d’intrigants

Sur les parquets des bals des nouvelles bâtisses
Traça la figure de l’été arrogant.
Le siècle était saisi d’un mouvement factice.



samedi 4 juillet 2015

Rimes de saison. L'essaimeur de mots

Je vais par le chemin ; mes mots sont des pétales
Recueillis par ma main que j'ai légué au vent.
Le ruisseau les souffle près d’un saule savant
Qui n’a jamais connu qu’une vie ermitale ;

Le chemin est en terre et l’heure est infernale :
Les pétales d’espoir y sont vite flétris ;
La cendre du regret jamais n’y a fleuri
Et le saule a pleuré les heures virginales.

Dans un coffret de bois toute espérance est close :
Or j’ai jeté la clé dans le gouffre profond
D’une fosse océane où rouille toute chose.

Seul en mon souvenir froide contrefaçon
Vivra l’Espoir sans mue et sans métamorphose
Que j’ai pourtant semé aux temps chauds des moissons.