lundi 29 août 2011

Numéroèmes. Le bouillon d'onze heures




Mon horloge est décatie :
Il y manque une bonne heure,
Outre qu’elle est mal bâtie.
Elle aurait fait mon bon heur,
S’il manquait une au lever,
Où je suis toujours crevé.
Mais non ! Il manque la douze,
Celle qui m’est la plus douce.
Quand je lis sans nul ennui,
Lorsque la lune jalouse,
Cherche en vain, en vain minuit.





L'erre heure © Mapomme


Numéroèmes. Que j’en dizain ou deux





Chère amie, chacun sa plaie.
Elle s’appelait méchamment
Par un nom qui vous déplaît.
Elle avait un moche amant,
Qui fut son aimé chaman.
Son nom s’épelait fort mal,
- Le nom de son affreux mâle -,
Un peu comme on éternue,
Un hurlement d’animal
Echappé d’une cornue.




Un balcon sur l'amer © Mapomme





Numéroèmes. Rien de neuf ne m’a, Muse !



La tragédie de ma vie
Est que tout éloquent m’use.
La poésie m’est ravie
Par l’affreuse cornemuse ;
Son histoire me méduse 
Et je fuis l’astronomie ;
Pas un mime ne m’amuse ;
Elle agit, mauvaise muse,
Dansant sur ma bonhomie.



Erato errata © Mapomme
avec un coup de paluche de Sir Edward John Pointer



vendredi 29 juillet 2011

Numéroèmes. Celui qui l’huis teint, lui tint ces propos




Chaque jour, je dors mes huit heures :
Ah ! sommeil, sale inhibiteur !
Vous direz, il en reste seize ;
Que répond votre serviteur ?
Huit autres gâchées au labeur
Et dont je ne suis pas très aise.
Je sens que sévit un gobeur,
De mon temps libre le flambe-heures.




Vampire d'heures © Mapomme


Numéroèmes. Les 7 merveilles

J’ai vu la pyramide et les autres merveilles ;
Dans les temples marins, j’ai promené l’ennui,
Comme un vieux compagnon qui au monde s’éveille,
Au sortir de la nuit.
Ce bienfaisant malaise a cependant son charme,
Au point que l’on se plaise à verser quelques larmes,
Sans connaître un vrai chagrin : ce spleen séduit.





Les temples marins © Mapomme



jeudi 28 juillet 2011

Numéroèmes. Six c'est bien hexa



L’homme n’est pas fait pour supporter l’effort.
Travailler sans fin n’est pas du tout mon fort,
Si bien que je m’épuise.
Si je puis ôter six jours de la semaine :
Les dimanches font semaine plus humaine
Et la peine réduisent.




Hédonisme ©  Mapomme




Numéroèmes. Les 5 sens





Unis comme les doigts, dès demain,
Sont ces cinq frérots-là.
Voir les prés verts, sentir le jasmin,
Goûter le Marsala,
Ouïr du Prévert, palper des mains.





Saint Saëns © Mapomme






Numéroèmes. Les quatre saisons




Dans un premier temps a fleuri la Terre ;
Puis, l’amour nous met l’âme en Feu ;
Il faut mêler l’Eau et le sel affreux,
Prendre un Air , propre à l'hiver.




4 saisons et 4 éléments © Mapomme



mercredi 27 juillet 2011

Numéroèmes. Les 3 âges


 



Je n’ai tout d’abord vécu que pour moi ;
Je fus happé par un torrent d’émois ;
Je ne songe plus qu'au tourment des mois.


 

 
Les 3 âges © Mapomme
avec un coup de main de Vassarely

Numéroèmes. Les deux font la paire




Je suis dans le doute, et tette à deux seins ;
Ceux du mal, du bien : j'ai la tête aux siens.




Les deux font la paire © Mapomme
avec l'aide de Rubens

Numéroèmes. L'Un est le Tout




Nul n’est l’Un, fors le grand manie tout, qui rate ses réussites.




Effacer tout et recommencer © Mapomme


Numéroèmes. Zéro et l'infini



 
J’avais commis un vers solitaire,
Après un bon nombre de verres.
L’ayant trouvé au dernier moment, c’était donc moins une !
Mais un moins une, ça fait rien.
Et mon vers a disparu, ce qui n’est pourtant pas rien.
J’en ai éprouvé une tristesse infinie
Et j’ai mieux compris l’expression :
Le zéro et l’infini.
Avec ce vers unique disparu, c’était l’un fini.
Ô cher disparu, même les poèmes défunts ont une fin
Bien que, dans le cas d’un vers solitaire,
Le début est la fin et vice-versa.
Sur leur tombe, on peut écrire, en guise d’épitaphe,
Ce qui forme un vers unique,
Promis au néant originel :

Les vers nous rongeant à l’infini ne sont rien.


Le néant et l'infini © Mapomme

mardi 26 juillet 2011

ragna Rock




Dis : Qu’est-ce que c’est ?
C’est la fin du Monde
Il est désaxé
Et les glaces fondent

Tous les enfants pleurent
Car leur glace coule
Et meurent les fleurs
Le monde est maboul

La Terre est K.O.
Et rien n’est O.K.
Tout n’est que chaos
L’espoir reste au quai

Ca n’est pas trop tôt
Depuis qu’on promet
Ma part de gâteau
C’est l’égalité

Nous mourrons égaux
Bêtes et immondes
Allons tout de go
C’est la fin du Monde




Ragna Rock © Mapomme




Le bœuf-frère


 

J’erre dans un labyrinthe plus inextricable
Que celui de mes pensées.
Un dédale où le dadais déambule en sandales.
Ah, taisez-vous :
Ma belle Ariane est repartie comme une fusée,
Et a rembobiné son fil, sous prétexte qu’on la pelote,
Tandis qu’un déveinard à la mine ôte or.
On avait donné au minot tort,
Mais la thèse est battue en brèche.
Le fils de Minos, quasi divin, sûrement bovin,
Est occis, mort, - sublime ignominie.
Son assassin casse des dalles,
Mais demeure dans le dédale où il meurt.
Il perd ses repères et périt car ses ailes ont fondu.
En fondant la triste cire obstrue l’issue du labyrinthe.
Oh ! Que cire est fatale même avec un certain cachet.
Le sot muni d’un seau peut y faire un saut :
Mais comment entrer sans briser les sceaux ?
Ce saint bol signifie l’interdit.
Celui qui entre laisse tout espoir.
A sa sortie, on tord l’amant.
A sa sortie, la mort l'attend.
Aussi laissons les minotaures
Errer dans les sombres recoins
Des âmes inassouvies.
Peu nous chaut l'ire des guerriers ;
Aimons nos tendres amoureuses,
Sans perdre le fil des hymens.
Dans la toile, comme un insecte,
Laissons-nous prendre par le coeur.
Ne les oublions pas sur la rive
Pour un piètre trophée.
Mieux vaut filer le parfait amour
Que d'en croquer pour une amazone.
Les cœurs d'artichaut si légers,
Culs cousus d'or et fils d'Egée,
Ont l'amnésie fort aisée
Ne pouvant comprendre un cœur pur.
Pris dans leur éternel dédale,
Ils perdront toujours les pédales,
Préférant l'éclat de l'airain,
A une belle chute de reins.

Dans le dédale © Mapomme

Humeurs venteuses


Les médecins en fourrure de pékan
Chassent les humeurs viciant l’organisme,
Les exhalaisons peccantes,
Pourriture d’un monde qui s’accable de ripaille.
Ils cessent leur équipée
Quand un pet cantabile et donc moderato,
Trompette bouchée,
Résonne aux murs en léger écho.
Et clament en chœur les hommes mûrs abattus :
« Ah ! Le roi a trop mangé de noix de pécan ! ».
Et on les voit aussitôt décamper
Sur le dos d’un pélican,
Loin du lit quand
Il s'emplit d'odeurs peu légères.




Trop de médecins = malade foutu © Mapomme
avec l'aide de Jansz van Mierevelt


dimanche 17 juillet 2011

Tragédie du Soleil. 5000 âmes



Cinq mille âmes vont défiler
Sur ta tombe prélat maudit
L'épée qui les a enfilés
T'obéissant tu l'applaudis

Tu as allumé l'incendie
Dont la fumée sombre obscurcit
Les cieux de ce feu paradis
Déplaisant aux cœurs endurcis

Cinq mille âmes viendront hanter
La nuit de ton éternité
Une nuit si ensanglantée
Par toutes tes atrocités

Drapé d'une robe usurpée
Gonflé d'un titre dérobé
Quand la mort t'auras inculpé
Ils viendront te voir succomber

Cinq mille âmes vont t'escorter
Avec la cruauté sucrée
Qu'on apprend de l'autre côté
Ruminant la haine sacrée



Massacre © Mapomme

Tragédie du Soleil. Jérémie




Sous les bannières frémissantes
Telles des ailes d'épervier
Les fléaux ont été conviés
A une quête étourdissante

Tous les archanges de métal
Font cliqueter l'acier des lames
Briller les écus qui proclament
Leur suprématie ancestrale

Le lion se perd en chemin
Détourné ainsi qu'à Byzance
Par quelque sombre malfaisance
Sort exhumé d'un parchemin

Le saint deviendra l'animal
Tuant pour l'ivresse du sang
Dans le plaisir avilissant
Et l'appétit croissant du mal

Les moins cruels se lasseront
Les autres serviront d'engrais
Au sol qu'ils pillent sans regrets
Les temps jamais plus ne seront




Prophète de malheur © Mapomme



Tragédie du Soleil. Le troubadour





Le troubadour à l'âme noire
A trop chanté la joie d'aimer
Et pensé Dieu j'ai blasphémé
Pour la belle dame au manoir

Alors il renie sa mandore
Et brûle toutes ses ballades
Pris dans la soudaine escalade
Où toute conscience s'endort

Le troubadour n'a plus ses cordes
Et brandit la crosse au zénith
Quand le ventre creux du granit
Renvoie ses discours de discorde

Il exècre la tolérance
Cette alliée du Diable sournois
Qui comme une mouche tournoie
Favorisant la concurrence

Il choisira de s'exiler
Lui qui n'est rien qu'un étranger
Plutôt que de se mélanger
A ceux qui l'ont horripilé




L'Ordre de la discorde © Mapomme


Tragédie du Soleil. Un monde parfait





Dans l'animal sommeille un homme
Qui cherche en vain les clefs du ciel
Dans des mondes superficiels
Il Le supplie et il Le nomme

Les corps sont des cachots de chairs
Où l'âme égarée sans cesse erre
En oubliant le nécessaire
Elan de nos cœurs en jachère

Nous allons d'un cachot à l'autre
De déchéance en déchéance
Attendant toujours l'échéance
Que promettent les bons apôtres

Satan sur son rocher ricane
Ange rebelle notre tyran
Démon cruel et attirant
Mais c'est notre chair qu'il boucane

La mort hélas n'est pas la porte
D'un monde que l'on dit meilleur
Et c'est une immense frayeur
Qui toujours ici nous rapporte



La délivrance © Mapomme 
et surtout José Benlliure y Gil

Tragédie du soleil. Prémonition





Je te remets ces douze perles
Qui auront pour voisins les vers
Et germeront après l'hiver
Lorsque sur nous les croix déferlent

Le lion d'argent si ardent
Dessine le signe du sang
En croyant que pour l'innocent
Seul il a aiguisé ses dents

Ne le laisse pas s'approcher
Si verts encor sont nos vergers
La braise viendra submerger
Ceux qu'il n'aura pu arracher

Le roc en un choc répété
Pleuvra sur les murs disloqués
Au lieu de l'eau tant invoquée
Priez sans espoir tout l'été

Des montagnes jusqu'à la mer
Le gerfaut va porter ses serres
Venu du Nord sombre émissaire
Briser sans pitié la chimère




Un monde parfait © Mapomme