À notre ami Simon
Jouis du jour présent, car précaire est demain :
D’un fort joyeux repas, ris, plaisante et profite !
De nombreux "au revoir !" n’auront pas d’avenir,
Car la Dame à la faux n’attend pas l’aube et tranche ;
Elle n’a jamais su sa lame retenir,
Tel un vent automnal qui émonde les branches.
Sans cesse, aveuglément, elle vient démunir
Les gentils, les méchants, mis entre quatre planches ;
Les repas nous voyant gaiement nous réunir
Se finissent d’un coup, un soir avant dimanche.
Ô joyeuse assemblée, il en manque à l’appel !
Repas de porcelets, de poissons et de grives,
Quand frappe le destin, il nous semble irréel !
Le sort si capricieux, de se revoir, nous prive
Et offre à un ami un sommeil éternel,
Quand à l’Ouest il s’en va aborder l’autre rive.
Peut me chaut que je prenne un semblable chemin,
Pourvu qu’on mange bien et que le feu crépite !