mardi 16 juillet 2024

Élégies. Rêves de lune pleine

Qui n’a jamais rêvé un soir de lune pleine,
Quand s’agite la mer, sans aucun horizon ?
Vers les reflets dansants l’éclat marin entraîne,
Mais cet obscur attrait est une trahison.

Réitéré, le chant des flots d’écume attire
Vers le large où règne l’abysse ténébreux ;
Dans ces fonds, les âmes, damnées ou bien martyres,
Vont, comme les poissons, les yeux blancs et vitreux.

Est-ce un enfer marin, où gisent les épaves,
Où des morts suppliant poussent des cris muets ?
Les bateaux éventrés n’ont ni mâts ni étrave :
Qui sait où le naufrage, en fait, se situait ?

L’abysse est un bolge, auquel la mort condamne,
Où les marins défunts taisent leurs vains regrets ;
Là, tout n’est que silence et obscures arcanes,
Sans qu’on puisse à ce sort espérer un progrès.

Depuis le rivage, que l’ample lune argente,
Qui peut imaginer l’horreur des profondeurs ?
C’est l’onirique éclat de la lune émergente
Qui revêt de magie les océans grondeurs.

Rêves de lune pleine © Mapomme
avec l'aide de Ivan Aivazovsky et d'Hyppolite Flandrin

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