mardi 30 juillet 2024

Élégies. Les ultimes colosses

La vie est un spectacle où rêve un immortel,
Se découvrant mortel, quand le rideau s’abaisse,
Avant son dernier mot ; le voici sur l’autel,
Agneau soudain offert avec sèche rudesse.

Mordieu ! Qu’adviendrait-il si nos dieux ne sont plus ?
Les colosses anciens furent couverts de sable ;
Étrange sablier : le désert absolu
Accomplit, grain à grain, la sanction inlassable.

Ils ont tous disparu, sous leur vaste palais
Dont ont croulé, d’un coup, architrave et colonnes ;
Les tympans et les frises, lorsque le sol tremblait,
Se sont brisés, enfouis, sous les années félonnes.

À quoi bon le granit, les reliefs merveilleux,
Les colonnes gravées, contant d’étranges mythes ?
Ces rois nimbés d’oubli, aux récits orgueilleux,
Sous le sable engloutis ont trouvé leurs limites.

Adieu, vivants colosses, souverains du néant,
Taillés dans le calcaire pour des millions d’années !
Y a-t-il un ailleurs, non un gouffre béant,
Qui poursuit les récits des sagas surannées ?
Les ultimes colosses © Mapomme
Avec l'aide de David Roberts

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