mardi 9 juillet 2024

Élégies. Les dernières années d’un bonheur collectif

On l’ignorait alors, - on en sait toujours peu -,
Que ces années mêlées de progrès et d’attentes,
Pour demain présageaient un grand sauve-qui-peut,
Entremêlé de joies, hélas trop inconstantes.

Ce monde ancien nourri de courants tout nouveaux,
Aux vibrantes couleurs sur la triste grisaille,
Faisaient haïr l’ordre déplorable et dévot,
Honteux de sa défaite en un mois de bataille.

On ignorait alors que ce bel âge d’or 
Serait bientôt fini en une simple crise ;
Adieu les chansons pops sur tous les transistors,
Car des aubes naîtraient, angoissantes et grises !

Nous étions presque heureux, et pourtant mécontents,
Tels des enfants ingrats, trépignant par toquade,
Alors que le bonheur avait duré trente ans,
Et finirait bientôt, après les barricades.

On ignorait alors que nos vœux puérils,
D’amour comme de paix iraient six pieds sous terre ;
Tout ça pour trois fois rien, pour le prix du baril,
Dont les économies se trouvaient tributaires.

Les dernières années d'un bonheur collectif © Mapomme
avec l'aide de Viktor Vasarely 

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