jeudi 9 mai 2024

Sonnets sertis. La prison du passé

La vitre martelée déforme le passé,
Où la honte tapie se révèle amnésique.

On oublie tous les chiens de leurs maîtres léchant
Les bottes bien cirées, aux semelles sanglantes ;
Les partisans de l’ordre, au cœur se desséchant,
Confondent ordre et force, en leur prêche cinglante.

Tous ceux qui divisaient, en orateurs méchants,
Traquant les autres fois, d’une haine aveuglante,
En vassaux des tyrans, trahissaient en prêchant
Des cantiques de fiel vers la foule beuglante.

Le temps passe, on oublie les maux des temps obscurs,
Et on soutient le fort, crachant sur le plus frêle ;
Pauvre monde oublieux, où des ordres impurs

Sont reçus sans tiquer, comme des pastourelles !
Nous fonçons dans la nuit, et tout droit dans le mur,
Quand des tyrans voudraient tailler à tous les ailes.

Les bains de sang d’antan n’ont-ils pas fait assez,
Pour qu’on ne veuille plus demeurer apathique ?

La prison du passé © Mapomme
d'après François Truffaut

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