samedi 18 mai 2024

Élégies. Une joie sans bonheur

Les empires naissants se nourrissent du sang
Des soldats enrôlés qu’un tyran sacrifie ;
Depuis l’ombre, ce mal rend un pays puissant,
Mais d’éloquents tribuns, il faut qu’on se défie.

Siècle des Lumières, d’un idéal nouveau
Répands l’éclat radieux des splendides aurores,
Exhume les promesses dormant en leur caveau,
Pour qu’enfin le bonheur, ici-bas, puisse éclore !

Cet espoir nourrissait le grand compositeur ;
Tel un orage au loin roule un pâle tonnerre,
L’espoir ailé viendrait, sublime serviteur,
Verser un vin rendant les princes débonnaires.

Lumière, éclaire-nous, tant nous effraie la nuit
Que dispense un tyran affamé de conquêtes !
Hélas, tarde le jour, dont quelques feux ont lui,
Et jamais ne survient l'enchantement qu’on guette !

Pourtant, un jour viendra, imperceptiblement,
Où l’on sera heureux, sans en avoir conscience,
D’avancées en reculs, où, très péniblement,
Notre monde ira mieux, malgré nos impatiences.

Étant, en ce temps-là, noyés sous les infos
Qui égrènent les maux que subit la planète,
Naîtra le sentiment diamétralement faux
De vivre moins bien, car on croit aux sornettes !
Une joie sans bonheur © Mapomme
d'après Julius Schmid

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