mercredi 1 mai 2024

Sonnets sertis. La jeunesse envolée

Je ne vois presque rien et je n’ai plus d’espoirs,
Enfuis avec l’éclat de ma belle jeunesse.

Où est cet heureux temps où, avec conviction,
J’offrais le renouveau aux œuvres picturales ?  
Femme indépendante, j’ai subi l’éviction
Des censeurs venimeux persiflant en chorale.

Jeunes peintres d’alors, nous étions en mission
Contre la coterie aux visions ancestrales,
Afin de voir jaillir une jeune ambition,
Sans pudibonderie ni restriction morale.

Nous avons survécu, sans avoir pu percer,
Vivotant même si, par bonheur, on expose
Manet au Luxembourg, bien que controversé.

Si ma fille, Julie, défend toujours la cause,
Je ne verrais jamais un beau jour s’exercer,
Dans notre société, cette métamorphose.

Aux portes de la mort, j’aimerais bien savoir
Si, de mon œuvre riche, on verra la finesse.

La jeunesse envolée ! © Mapomme
D'après Auguste Renoir et Edouard Manet

Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet, le frère d'Edouard, parviendra à faire reconnaître les impressionnistes, alors que les divers mouvements nouveaux (fauvisme, cubisme, surréalisme, abstraction) semblaient rendre dépassé ce mouvement qui a ainsi trouvé ces lettres de noblesse dans le monde.

Sa mère serait heureuse, car elle est exposée dans les plus grands musées et on finit par percevoir une intimité et un talent singulier, trop longtemps sous-estimé, peut-être parce que c'était une femme... 

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