vendredi 10 mai 2024

Sonnets sertis. Dans le naissant chaos

À Edgar Degas

Les anciens dieux sont morts ; survit la poésie,
Ultime feu brillant dans le naissant chaos.[1]

À quoi riment les mots, si le néant est proche ?
Le monde moribond, au sein de l'univers,
A clos les paupières ; mais les humains s'accrochent,
Comme si le salut se trouvait dans les vers.

Que d'empires ont chu, couverts par bois et roches,
Et de rois ont rejoint les cercles de l'enfer ?
Le néant à venir nous fiche la pétoche,
Plus que les profondeurs inertes de la mer.

Nul vers ne peut combler notre suprême frousse,
Quand le proche univers tutoie l'abolition,
Comme si l'on avait tous les diables aux trousses.

Nous sommes des vaisseaux, ivres de perdition,
Ne fondant nul espoir qu'on vienne à la rescousse,
Et dépourvus du choix de viles soumissions.

À quoi bon la prière ou la vaine hérésie,
À quoi servent les pleurs, s’il n’est plus rien là-haut ?

Dans le naissant chaos © Mapomme


[1] Les dieux sont morts ; il ne reste que la poésie,
     La dernière étoile dans la nuit du chaos.  (Edgar Degas)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire