lundi 16 octobre 2023

Sonnets sertis. Un fruit au goût aigret

Si l’inconstant destin était pris d’un caprice,
Permettant d’assouvir une ancienne passion,

Donnerait-on alors libre cours à l’ivresse,
Effaçant un échec, au prix d’autres regrets ?
L’âme jadis blessée, en quête de tendresse
Cueillerait-elle un fruit peut-être au goût aigret ?

La joie de retrouver les bras d’une maîtresse,
Le gouffre d’un regard et d’aimables secrets
Feraient-ils oublier combien semble traîtresse
La mémoire évinçant les douleurs par décret ?

C’est très souvent l’erreur de l’impossible rêve
Qui croit tout répéter, avec une autre fin :
Sur l’épine des jours, l’utopique espoir crève.

En dépit de l’arôme dans le brûle-parfum,
La passion de jadis, dès que le feu s’achève,
Exhalera l’odeur de nos élans défunts.

On ne peut triompher d’un ancien maléfice,
Contre lequel n’existe aucune adjuration.

Un fruit au goût aigret © François Truffaut

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