samedi 21 octobre 2023

Sonnets sertis. La peur des lendemains

Les ténèbres versées sur notre quotidien
Nous font voir autrefois tel un havre paisible.

On pleure et on s’angoisse, au moindre acte violent,
Après deux ou trois ans, sans un meurtre barbare ;
Le calme est l’exception, car le crime indolent
Sommeille dans son coin, mais jamais ne se barre.

Un jour, il reparaît ; l’opinion, s’affolant,
Parle de régression, d’une période noire
Où, « répandant le sang, l’assassin insolent
N’aurait plus peur de rien ! » ; s’égare la mémoire.

Jamais, au grand jamais, l’opinion ne conçoit
Que dans les temps anciens, de la région voisine
On ignorait le crime, aussi sanglant qu’il soit.

On sortait fatigué du boulot à l’usine ;
Pas le temps de zapper, quand on rentrait chez soi,
Pour voir cinquante experts en faire des tartines.

Le sang coulait à flot, sous tous les méridiens :
À cela, à présent, nous sommes plus sensibles.

La peur des lendemains © Mapomme
D'après Giorgio de Chirico

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