samedi 7 octobre 2023

Sonnets sertis. Myrtó sur le rivage

Elle s’en est allée sans qu’on l’ait entendue,
Dans la nuit, quand la lune éclairait les flots noirs.

Mais qui, dans un regard, percevra la détresse
Des futurs naufragés suppliant de rester ?
Ces grands yeux implorants, muettement nous pressent
De leur porter secours, sans nous en délester.

La retenue, parfois, fait qu’ainsi on les blesse,
Pour n’avoir d’attention semblé manifester ;
Trop hésitant, on part, hanté par la tristesse
Et ce regard, toujours, va nous tarabuster.

Demain, dès l’aube née, qui rosira la grève,
La marée sur le sable aura laissé un corps,
Et ce regard troublant viendra hanter nos rêves.

L'obscur dessein s'achève en un radieux décor ;
L’insomnie rongera toutes nos nuits, sans trêve,
Car, malgré nos raisons, nous avions alors tort.

Quel tribunal divin voudrait voir défendue
L’hésitation qui fait manquer à son devoir ?

Myrto sur le rivage © d'après Jakub Schikaneder

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