Quand on a réussi, tout gagné, tout franchi,
On se sent envahi d’une lointaine peine.
Un sentiment d’échec au comble du bonheur,
Qui gâte le plaisir, des joies, des embrassades,
Des coupes de champagne, des bravos, des honneurs ;
On sent, une fois seul, absorbé et maussade,
Loin des plaisants discours des amis raisonneurs,
L’ancien regret couvrir une joie de façade ;
Dans notre coupe il verse, affreux empoisonneur,
Du fatal arsenic, une ultime rasade.
Sans un complet bonheur comment s’épanouir ?
Tout vin laisse un faux goût, que jamais rien n’efface,
Et une aube, en nul lieu, ne peut nous éblouir,
Car la mélancolie, sur nous, reste vivace.
Jadis, on aurait pu de joie s’évanouir,
Si tout avait marché ; mais, on part tête basse.
Un contraire destin ne peut être infléchi
Si, pour un autre, l'autre a les yeux de Chimène.
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