lundi 24 juin 2024

Élégies. Tourments des vents mauvais

De par les campagnes soufflent des vents mauvais,
Déchirant leurs ailes sur les branches tordues ;
Sous un ciel sans espoir, je ne sais où je vais,
- Mais qui le sait vraiment ? -, ayant l’âme éperdue.

À moitié enivré, j’avance face au vent,
Tant son souffle strident, sans fin me déboussole ;
Hier, comme ce jour, le monde est décevant
Et le futur, hélas, encor moins me console.

Que de nues, dans les cieux, ont la couleur du plomb,
Et le poids de l’ennui qui étouffent nos vies !
L’automne permanent, dont les mois sont si longs,
Décourage l’âme qui demeure asservie.

Le ciel se colore d’un ton jaune soufreux,
Exhalé par l’usine, où un fol alchimiste
Fabrique on ne sait quoi, dont les relents affreux
Augurent un futur rendant peu optimiste.

Cette couleur d’enfer que prend ce bas plafond,
Me paraît irréel et surtout délétère ;
On croirait regarder vers l’Abîme profond,
Ou bien qu’alors Pluton règne à jamais sur Terre.

Tourments des vents mauvais © Mapomme
d'après John William Waterhouse et Camille Corot

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire