lundi 24 juin 2024

Élégies. Pourquoi ce vide, alors ?

On n’est plus ce qu’on fut, ni ce qu’on désirait,
Sans avoir de vision pour les années futures ;
Alors on boit souvent, le soir au cabaret,
Détruisant ce qu’on est dans de folles bitures.

Dans la glace, à qui est ce visage, inconnu
De toi-même et aussi de ceux qui te côtoient ?
Où est passé l’ado au regard ingénu ?
Le temps, la vie, nos choix, sournoisement le broie.

Parfois, quelques passions, des sujets sociétaux
Réveillent l’endormi, le révélant au monde ;
Hélas, ce feu ardent s’éteindra aussitôt,
Car aujourd’hui le cœur sur le réel se fonde.

Ava, tu le sais bien, de nos rêves anciens
On doit faire le deuil, étant pétris de glaise ;
Qui es-tu, vil reflet, étranger même aux siens,
Toi qui, sur les photos, semble être si à l’aise ?

Tu fus la beauté même, au cœur d’un désarroi,
Qui regrettait le temps sans dieux et sans déesses,
Sans ces temples obscurs aux trop riches parois
Où tes adorateurs si fervemment se pressent.

Pour ce vide, alors, pourquoi ce deuil profond
D’un mort qui vit encor dans sa tombe charnelle ?
Ainsi, ce monde enviable, où les destins se font,
N’est qu’un leurre abyssal, une chute éternelle.

Pourquoi ce vide, alors ? © Mapomme
d'après La comtesse aux pieds nus 

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