vendredi 28 juin 2024

Élégies. Chanter joie et chagrin

Dans la grotte marine, à l’abri des regards,
Je goûtais un repos en jouant de la lyre ;
Chaque air improvisé me paraissait ringard,
Ma versatile humeur menant presque au délire.

Plus je voulais vanter la joie dans mes quatrains,
Plus j’avais de raisons de n’en faire réclame ;
Je trouvais tant de mots éveillant le chagrin,
Tandis que des gaietés s’affaiblissait la flamme.

Seul un jeune lapin, étonné et curieux,
S’approcha quand les autres fuirent saisis de crainte ;
C’est alors que j’ouïs deux accents mystérieux,
À vrai dire opposés, l’un gai, l’autre une plainte.

Deux sirènes chantaient, mi-femme mi-oiseau,
L’une au plumage blanc, l’autre au sombre pennage ;
La claire avec brio, à l’enjoué scherzo,
Paraissait inviter aux doux libertinage.

L'autre en son requiem, montrait avec talent,
Que les plus tristes font les plus belles musiques ;
Or, ces deux sirènes, aux chants ambivalents,
Naissaient du cœur d’Orphée, bien trop paroxystique.

Chanter joie et chagrin © Mapomme
d'après George de Forest Bush et Viktor Vasnetsov

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