dimanche 23 juin 2024

Élégies. Le syndrome d’Icare

Tout près des cumulus, loin des fragiles nues
Que déchirent les vents, dans un vol audacieux,
Vers de froides hauteurs à l’extase inconnue.

Je rêve de l’ivresse, mais je crains le danger,
La furia des hauts vents, la foudre et les orages ;
En voyant un oiseau, je voudrais bien changer,
Mais au vide songeant, je manque de courage.

Si j’étais soudain ivre, dans l’azur infini,
M’élevant sans arrêt, près de la stratosphère,
Ne verrais-je, en ce cas, mon fol orgueil puni,
Pour l’insensé pouvoir qu’on ne peut satisfaire ?

Même si mes ailes supportaient la chaleur,
Dans cet envol dément vers les ardeurs célestes,
Tel un nouvel Icare, je ferais mon malheur,
Pour vouloir tutoyer un apogée funeste.

De plus, depuis toujours, victime de terreur,
Tout en haut d’une échelle, je suis pris de vertige :
Alors, m’imaginer sans ce mal dévoreur,
M’ôtera sur-le-champ tout désir de voltige !

Le syndrome d'Icare © Mapomme
en partie inspiré de Herbert Draper 

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