samedi 6 avril 2024

Sonnets sertis. Printemps désenchanté

Rien n’est éternel, ni l’espoir, ni l’ennui,
Ni la peine ou la joie, ni la paix ou la guerre.

En nos jeunes années, saisi d’un amour fou
Et de tourments constants, quasi intolérables,
On croit subir un sort qui nous met à genoux,
Tant l’obsession nous tient, vive et indésirable.

Ce maladroit d’Éros a dû manquer son coup :
Un de ses maudits traits fut envoyé au diable !
Quelque chose se brise ou se déchire en nous,
Tel un tranchant d’épée qu’on croit irrémédiable.

Puis on erre sans but, par les alcools grisé,
Mais résiste à l’oubli, presque avec insolence,
Cette plaie qu’on ne peut jamais cautériser.

Quand elle guérira, ce sera sans violence,
Tel l’os se ressoudant, après qu’il fût brisé :
Tout se fait peu à peu, dans le plus grand silence.

On retrouve le jour, après une ample nuit
Et la passion renaît sans l’excès de naguère.

Printemps désenchanté © Mapomme
d'après Anne-Louis Girodet

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