dimanche 7 avril 2024

Sonnets sertis. Advienne que pourra !

L’aveugle avec le fou dansent au bord du gouffre,
Sans flairer le péril qui les guette tous deux.

L’enivrante musique amène près du vide
Les guincheurs absorbés qui oublient le danger ;
À tout pas le frôlant, ces fêlés impavides
Au bord de l’abîme rient, sans rien vouloir changer.

Ils se défient l’un l’autre et au risque s’invitent,
À la frayeur innée demeurant étrangers ;
Pourtant, le gouffre est là, que sans cesse ils évitent,
Quand un faux pas suffit pour venir y plonger.

Nous, pauvres spectateurs, saisis par l’épouvante,
Éprouvions le frisson qu’ignoraient les danseurs :
Chaque seconde était, pour nos cœurs, éprouvante.

Nous tremblons en prenant quelque vieil ascenseur,
Quand eux semblaient trouver la crainte captivante ;
« L’audacieux est prudent ! », a dit un grand penseur.

L’amour de l’imprudence a une odeur de soufre
Qui rendra ce conseil de sagesse douteux.

Advienne que pourra ! © Mapomme
d'après Auguste Renoir, Gustave Courbet et John Constable


Note : "Pour moi, le vrai courage c’est la prudence !"
(Euripide, Les suppliantes)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire