dimanche 14 avril 2024

Sonnets sertis. Le règne des victimes

Tandis que la folie, née de la convoitise,
Enflamme un continent, on ouït un lamento.

D’étranges héritiers exhibent les stigmates
Reçus de quelque ancêtre, inconnu et lointain ;
Ils vénèrent des maux qui des anciens temps datent,
Leur semblant infligés, en ce jour, au matin.

Des plaies d’un autre siècle, on les voit qui se flattent,
D’infortune héritant bien qu’en un temps distinct ;
Esclaves sans chaînes, leur aversion éclate,
Lorsqu’en ces jours présents diffère leur destin.

Des fautes du passé, les héritiers s’enivrent,
Aujourd’hui houspillant l’empire colonial,
Honni depuis un bail et qu’on ne veut revivre.

Faudrait-il sacrifier au vain cérémonial
Qui des chaînes brisées à nouveau les délivre,
Édifiant ad vitam l’infécond mémorial ?

Égrener le passé, un incendie attise
Et comment être égaux, à coup de mémento ?

Le règne des victimes © Mapomme
d'après Eugène Delacroix, Gaudenzio Ferrari et Jean-Léon Gérôme

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