Dans les mots
du mal-être où vit
l’adolescent,
Comment
saisir les maux et comment les décrire,
Car
ces profonds tourments s’avèrent oppressants ?
Nombreux
par le passé longuement en souffrirent.
C’est
un chambardement, tel un torrent furieux,
Qui
parfois nous saisit et nous prend jusqu’aux tripes ;
Notre
muse étonnée, face à ce mal
curieux,
Tremble,
claque des dents, en peu de mots, flippe.
En
bref, pas une rime et pas même un seul vers
Pour
dépeindre ce spleen, en
langue de Molière !
M’offrant
mille avenirs, merveilleux
et divers,
Je
n’en vois pas un seul qui porte une lumière.
Je
sais pertinemment ce que je ne veux pas,
Mais
je n’en vois aucun qui de mille feux brille,
Pas
le moindre futur qui me semble sympa !
Je
n’ai qu’un seul désir : ne pas franchir la grille.
Et
puis, j’ai
entendu des mots qui semblent
miens,
Évoquant
des malheurs qui de bonheur m’inondent ;
N’avez-vous
jamais ouï un air qui fait du bien,
Qui
peindrait en
musique le chant d’Un autre
monde ?
dimanche 29 décembre 2024
Élégies. Un écho à mes maux
Élégies. Étrange aberration
Mais quelle aberration ! Au pays des
Lumières,
L’encre
des ténèbres crache sur ses combats
Qui
chassaient les corbeaux d’une foi
coutumière,
Ces
valets d’un pouvoir aux instincts les plus bas.
Quel
malheur ! un valet ne fait que chasser l’autre
Et la
plume affidée ne veut voir les excès
Qu’aveugle
elle défend, tel
un mauvais apôtre
Camouflant
le fiasco d’un prétendu succès.
Le
regard obscurci par une glorieuse
encre,
Agenouillé au pied d’un trône consacré,
En
dépit des crimes le rongeant tel un chancre,
Le
valet n'entend pas l’opposant
massacré.
L’étrange
aberration amèrement occulte
La vérité, poussant aux mensonges grossiers :
Le blâme des fautes serait donc une insulte,
À
l’extrême droite se voyant associé.
En
cas de désaccord avec la caste en place,
On
peut se voir soudain envoyé en prison :
La
conscience amollie demeurera de glace,
Inventant,
au besoin, d’équivoques raisons.
samedi 28 décembre 2024
Élégies. Fracas des Grande Orgues
Lorsqu’on entend tonner, soudain, les Grandes
Orgues,
Immobile
en la nef, saisis
par le fracas
Merveilleux d’un ailleurs qui ôte toute
morgue,
Nous
ne ressentons plus le poids de nos tracas.
L’Olympe
foudroyant retentit sous les voûtes,
Et
l’humain misérable, écrasé par l’écho
Des célestes
fureurs qui toujours le déroutent,
Y
voit les
grondements de dieux inamicaux.
Ces
hauteurs résonnent à l’instar des menaces
Cachées
à son regard, présage
des courroux
D’anciens
dieux ombrageux, aux
rancunes tenaces,
Car ils ne pardonnaient
l’erreur que
peu ou prou.
Son
écho se répand dans l’immense demeure,
Dont
les murs amplifient l’effrayant grondement,
Écrasant
les mortels que
les orgues apeurent,
Les
percevant tels de
divins commandements.
Requiem,
Toccata,
Dies Irae
funeste,
Quel
âme est sans
péché, à cet
instant précis ?
Cet
écho tout-puissant qui se voudrait céleste
Rend
l’humain si petit et son cœur indécis.
Élégies. Juste après la tempête
Après une tempête, on soigne les vivants,
On
enterre les morts et puis on les remplace ;
Mais pour un mort
tombé, il faudra bien souvent
Des dizaines d’années pour
effacer les traces
Du cataclysme affreux qui frappa tout à
coup.
Sitôt que tombe un arbre, il faut de la patience,
Des
jours, mois et saisons, pour retrouver le goût
D’aller se
promener et reprendre conscience
Que manquent les absents,
certes
renouvelés,
Mais sans que soit comblée
cette terrible perte.
Manquent au rendez-vous quantité
d’appelés,
Sans lesquels la forêt nous semblera
déserte.
Passent les décennies,
sans que de nos esprits
Le
souvenir s’efface : on ressent comme un vide,
Semblant
inexplicable, et on est tout surpris
De
marcher en forêt, en restant
impavide.
On
se souvient qu’ici, au lieu d’un jouvenceau
Se dressait un Goliath,
roi des hautes chênaies,
Et
nous ne serons plus, après bien des assauts,
Pour
revoir un géant où nos pas nous menaient.
vendredi 27 décembre 2024
Élégies. Même si on se gourre
Un jour, on croit aimer, puis, au fil des
semaines,
Hésitent
en nos cœurs les sentiments naissants,
Ignorant où
ce flirt au bout du compte mène,
Et
chassant les
penchants de tout adolescent.
On
se trouve à la fois, dans un complet désordre,
Poète
romantique, avec mille attentions,
Et
fauve incontrôlable ayant envie de mordre :
Où est l’être charmant aux mille préventions ?
Faudrait-il
s’abstenir, avant d’en avoir l’âge,
Du
chaos intérieur qui soudain nous saisit ?
Comment
être, à la fois, passionné et volage,
Tendre
et indifférent, livide et cramoisi ?
Après
ce beau gâchis qui gêne la conscience,
Nous
hante le spectre du naturel perdu,
Un
démon dévorant sans fin notre patience,
Sous
le coup fulgurant d’un trouble
inattendu.
Nourrir
quelques regrets pour d’anciennes bêtises
Nous
permet d’en tirer quelques fois
des leçons ;
Il
ne faut pas porter la croix de ces hantises,
N’étant
qu’ombres pâles qui, ici-bas, passons.
jeudi 26 décembre 2024
Élégies. Un étonnant destin
La Joconde d’Ingres
narre une étrange histoire,
Celle des temps ingrats qui suivent
la splendeur.
Adieu faste et palais, le bonheur et la gloire,
Et
les tendres faveurs d’un grand ambassadeur !
Veuve
d’un capitaine, elle fut la
maîtresse
D’un
diplomate à Rome, auprès du Vatican ;
Ce
portrait est empreint d’une calme
tendresse,
Un
parfait arrondi, la douceur indiquant.
En
ce siècle ébranlé par de nouveaux tumultes,
En
un rien, les puissants devenaient des parias,
Puis
les rues
résonnaient de
haineuses
insultes,
Ou
se voyaient
soudain livrées
au
choléra.
L'ambassadeur voulut qu’elle devînt sa
femme,
Sans que la famille jamais n’y consentît ;
Au
cœur d’un siècle empli de fureurs et de drames,
Son aisance d'antan en a soudain pâti.
Elle
vendit alors sa richesse ultime,
Le portrait témoignant de sa douce beauté ;
Rongés, nos souvenirs du temps sont les
victimes :
Du
premier au dernier, il voudra nous ôter.
Élégies. Des astres immortels
Que d’années condamnées, bouquets de fleurs
fanées !
On
vit, on court, on rit, dans
le torrent sans fin
Où
le terne bouquet
des joies momentanées
Et
des rires naissants
a perdu son
parfum.
Pris
dans le tourbillon des journées enivrantes,
On
écarte l’ivraie d’un
grain rendu exquis ;
Un
brin du temps jadis qui toujours rend navrante
L’heure
de nos présents qu’on noie dans des whiskys.
Nous
quittent les
amis, dont l’ombre est immortelle,
Mais
qui s’évanouit quand nous aussi on part ;
S’éteint
tout beau moment dont le ciel se constelle
De
beaux éclats de vie tels des clins d’œil
épars.
De
nos flirts d’autrefois, égarés
dans des brumes
De
souvenirs confus, on garde le meilleur,
En
gommant l’embarras
que jamais on
n’assume,
Car
notre mémoire est un faux-monnayeur.
Notre
esprit est fleuri d’immortelles étoiles
Auxquelles
nous donnons un éclat plus brillant,
Et,
honteux, on
couvre nos
embarras d’un voile,
Les
possibles regrets à tout jamais fuyant.
lundi 23 décembre 2024
Élégies. Sur leur île déserte
Les amoureux sont seuls sur leur île
déserte,
Même
si, en passant, quelques
vieux Vendredi,
Semblent
voir l’Abîme, là, devant eux ouverte,
Vers
les feux des enfers où il seront maudits.
S’ils
se voient consumés, c’est bien par une flamme,
Celle
de la passion d’un pur amour naissant ;
Les
anciens sont-ils bien choqués, comme ils le clament,
Et ont-ils
oublié leurs flirts d’adolescents ?
On
oublie les démons qui parcouraient nos veines,
Quand
passent les années, blanchissant nos toisons :
Aurions-nous
autant fait recours à des neuvaines,
Si
d’ardents appétits ne naissaient à foison ?
Pour
ma part, je revois l’âge des amours tendres,
Novice
en ce sujet, j’affrontais
le félin
Des
fiévreuses passions, qui
ne laissent que cendres
Car
j’étais jeune encor et pas vraiment malin.
Profitez
de l’instant et n’en ayez pas honte :
Vite coulent les ans,
plus vite que prévu,
Et
d’un sublime amour, ne tenant aucun compte,
Le Temps ne laisse rien qu’un souvenir confus.
Élégies. Mille avenirs naissants
Dans un regard d’enfant, on voit mille
avenirs
L’un
plus beau que
l’autre, tel un
rêve éphémère,
Car
c’est l’âge où le temps ne vient pas nous punir,
Alors
qu’on voit encor par l’œil de la chimère.
Cruelles,
les années nous botteront de plomb
Afin
que mille lieux
ne puissent nous connaître ;
De
ces rêves brisés, toujours
nous assemblons
Les
morceaux dispersés, qu’en place on veut remettre.
Aussi
quand nous voyons une photo d’enfant,
Sitôt
on reconnaît cette brillante flamme
Habitant
le regard, mais que nul ne défend,
Précieuse
car elle est le reflet de nôtre âme.
Dans
cet immense
espoir qu’on peut réaliser,
S’il
n’est pas entravé et que l’on nous assiste,
Jamais
on ne croira
qu’on tient à
le briser,
Et
que, par tout moyen, le monde nous résiste.
Pauvre
éclat stellaire qu’on tient à voir éteint !
Au sein d’un froid
brouillard, dans le vil or on forge,
Des
futurs mesurés sur des chemins certains,
Et
l’enfant qui les voit sent que se noue sa gorge.
D'après une photo nb de Sabine Weiss
dimanche 22 décembre 2024
Élégies. Rembobiner le film
Un soir de pleine lune où j’allais en
secret,
Au milieu des tombes de pauvres amours mortes,
Songeant à mes erreurs,
sans nourrir de regrets
Superflus, car en rien ils ne nous réconfortent,
Je sentis, sans rien voir, venir
un importun.
Au sein de son passé, la moindre intrusion gêne,
Empêchant de revoir ces moments incertains,
Où ne droit pas traîner de présence
allogène.
« Je
vous ennuie, sans doute ? »,
dit-il avec raison,
Ce en quoi j’opinais,
aimant la solitude,
Lorsque je visitais mes feues inclinaisons,
Rembobinant le film des
flirts sans
certitude.
« Je peux faire
renaître une passion d’antan !
»,
Poursuivit malgré tout
cet être indésirable ;
Les démons tentateurs croient voir un repentant
Chez les gens révérant des
béguins mémorables.
Sans tomber dans les rets d’un démon vaniteux,
- Car on peut regretter sa propre maladresse -,
De son leurre j’ai ri, tant il était piteux,
N’ayant pour le passé qu’une simple
tendresse.
Élégies. Le Maître des soupirs
Tu t’apitoies, Charles, sur les rues de Paris
Que tous ces grands travaux jour après jour
effacent ;
Sous les pas du futur, le passé dépérit
Et, de nos souvenirs, il ne reste plus trace.
Au pays parfumé,
un monde s’est ouvert
À
ton regard gourmand, renaissant sous ta plume :
Pourquoi regrettes-tu ces
rues noyées d’hiver,
Ces boyaux tortueux que nul soleil
n’allume ?
C’est
un démon sournois qui vient ronger nos cœurs,
Maître de nos soupirs, de nos fausses extases,
Et qui rend beau le laid,
cependant que, moqueur,
Il enlaidit le beau, en
génie de l’emphase.
Nous sommes tous ainsi, pleurant un autre temps
Que vierge réécrit la plume du mensonge ;
Un amour souffreteux, maigre élan haletant,
Sous les ors mémoriels, d'un faux tourment nous
ronge.
La
fourbe nostalgie qu’attise le Malin
Repeint les souvenirs de coloris grandioses,
Donnant à la toquade un éclat opalin,
Illuminant les cieux des soirées de pluviôse.
samedi 21 décembre 2024
Élégies. Les fenaisons d'antan
Quand seront blonds les blés ? Quand les
fauchera-t-on ?
Tout change si vite que
je ne saurais dire !
Vagabondes saisons,
les humains, à
tâtons,
En voulant le meilleur ont déclenché le pire.
En vue d’optimiser récoltes et profits,
Les faux maîtres du Monde ont tari l’abondance :
De leur pouvoir
naissant, ils étaient si confits
Qu’ils en ont oublié la moindre des
prudences.
Est-il
si loin le temps où marnaient dans les champs
Des journaliers suant ? Depuis lors, des
machines
Les remplacent partout,
en peu de temps fauchant
De vastes étendues où plus nul ne s’échine.
Plus de haies brise-vents,
plus de fossés, plus rien
Pour canaliser l’eau qu'épandent les tempêtes ;
Faux maîtres vaniteux,
les courroux telluriens
Ont fait tomber vos murs sans besoin de
trompettes !
Le
moderne ignorant croit savoir tout sur tout,
Adoptant un seul blé aux maxi moissonneuses :
Il n’est rien qu’aient changé ces piteux
manitous,
Chassant le naturel à coups de bétonneuses.
vendredi 20 décembre 2024
Élégies. Tant nous marquent les ans
Quel est ce visage que reflète la glace,
Me dis-je ensommeillé, fourbu dès
le lever ?
Les ans cruellement ont imprimé la
trace
D’un avenir morose
au goût d’inachevé.
La marche du progrès n’a plus le même zèle,
Du pétrole à Reagan, - cow-boy anti-impôts -,
Lesquels conjointement lui ont brisé les ailes,
Ralentissant à mort son superbe tempo.
Tout
a foutu le camp, le boulot, la croissance,
Tandis que les rupins allaient aux paradis,
- Fiscaux, ça va de soi -, où
en toute indécence
On fait payer les gens qui n’ont pas un radis.
Comme nos illusions, nos
gueules se délitent,
Sans qu’on puisse empêcher la marche
du destin ;
Nos forces de jadis chaque jour périclitent,
N’ayant pour horizon
qu’un futur
indistinct.
La
cheminée envoie une lumière douce
Qui m’éclaire en partie et
très peu le salon ;
L’ombre qui m’entoure,
vers le néant me pousse,
Tant nous marquent les ans, laquais du temps
félon.
Élégies. Entre extase et chamade
On se voit, on parle, le cœur bat la chamade
Et
il rend les armes dès le
soleil levant ;
C’est l’ivresse absolue de la raison
nomade
Qui plane
et perd de vue ce
monde décevant.
L’ivresse est sans alcool - et sans le
mal de crâne,
Si le bleu est chanceux -, mais le mal est serein,
Étendant son
emprise tissée en filigrane,
Prêt à le transpercer de sa
lance
d’airain.
On sait le moment rare et la paix
fugitive,
Car plane le danger, abrasif et haineux,
Entamant
la beauté d’une joie positive
Déposant sur les
cœurs son baiser vénéneux.
L’orage gronde au loin,
mais on ne veut l’entendre,
Car qui aimerait croire à un
fatal danger ?
On
voudrait se leurrer des serments les plus tendres
Lesquels, à
ce destin, n’ont jamais rien changé.
Face aux assauts
du temps, nulle passion n’est prête
À dire que l’orage
engloutit
l’horizon ;
Il faut bien constater qu’approche la
retraite :
La chamade exhalant un
vent de trahison.
En s'inspirant un brin de François Truffaut
jeudi 19 décembre 2024
Élégies. Alliés livrés aux diables
Par quelle aberration livrons-nous sans arrêt
De sincères alliés à leur pire adversaire ?
Ce pur aveuglement, le plus fou qui serait,
Fait croire à des serments pleinement insincères.
Il n’est de déraison qui puisse s’assagir :
L’extrémisme haineux en aucun cas s’apaise.
Si on voit le fauve s’arrêter de rugir,
Dans les faits, le respect d’autrui jamais ne
pèse.
On ne devra nourrir nul procès d’intention,
Et, gardant l’œil ouvert, il faut faire
confiance ;
Toutefois, l’intégriste a une propension
À
pourchasser tous ceux qui différemment pensent.
Femmes et non-croyants, plus les divers croyants,
Seront-ils bien perçus avec mansuétude ?
Boycotter tout d’abord serait imprévoyant,
Et pousse à condamner sans nulle certitude.
Mais
regarder ailleurs, comme on l’a fait parfois,
Tandis qu’on massacrait des ethnies inconnues,
Pour des rivalités ou l’absence de foi,
Est une erreur qui doit être bien retenue.
mercredi 18 décembre 2024
Élégies. Soleil pâle en l’eau froide
Mes rêves se perdaient vers les hauteurs
désertes,
Fumée de cigarette abandonnée au vent ;
Las ! ma vie se
consume et je
déplore la perte
D'espoirs sans nul timon au hasard se mouvant.
Triste d’abandonner des idées aussi pures,
Chaque fois s’échouant
sur des récifs cachés
Sous l’écume des jours que
la bise torture,
Couvrant l’écho venant du farouche nocher,
Je vais sans savoir où.
Si je devais écrire
Le roman de ma vie, - quand il m'est advenu
Peu de tribulations -, prêterait à sourire,
L'intérêt du lecteur n’étant pas maintenu.
Vie
morne au fil de l’eau d’une calme rivière,
Sans remous d’un
torrent, tu
ne peux conquérir
Ce lecteur, sans vrais
maux mis dans ta
gibecière :
D’un ordinaire écrit qui voudrait s’enquérir ?
Là où le bât blesse : d’une morne
existence
Comment extraire enfin la magique liqueur,
Seule apte à
triompher de toute
résistance,
Soleil pâle en l’eau froide
et vains
tourments du cœur ?
mardi 17 décembre 2024
Élégies. La sangsue sur le monde
Une sangsue trône sur le monde assoupi,
Lui pompant l’énergie qui accroîtrait sa
force,
Si bien que les humains se sentent tous
flapis,
Sans qu’un relâchement de
l’emprise s’amorce.
La sangsue se gave des richesses des sols
Des nations démunies pour
stopper sa fringale :
Il leur faut s’incliner, malgré leur ras-le-bol,
Quand leurs filouteries s’avèrent illégales.
Tel
un parasite, au cœur d’un arbre sain,
Roi des forêts, pompe
la substantielle sève ;
Ne laissant que ruine,
du fait de ses larcins,
Il changera de proie quand le filon s’achève.
Sur le monde est juché ce puissant scélérat,
Aigrefin adulé par toute la finance ;
On le craint tout autant
que peste et choléra,
S’inclinant devant lui, sans nulle
pertinence.
Cette
affreuse sangsue, connue de nos nations,
S’enrichit sans arrêt, à outrance se gave,
Par le seul biais fiscal
de l’optimisation :
La fraude élaborée notre bien-être entrave.
lundi 16 décembre 2024
Élégies. Ôter un voile obscur
On a vanté souvent le sublime courage
Des chevaliers d’antan et des preux
résistants,
Le
chevalier Bayard et, au cœur de l’orage,
Tous
les soldats tombés sur les
sables normands.
Que de leçons données sur les bancs de l’école,
Vantant ceux qui offrent leur vie pour la nation,
Des ultimes hussards ou
alors à Arcole,
Bonaparte marquant notre imagination !
Dans une Europe en paix, l’héroïsme est folie,
Et on tient à l’opium
qu’est notre
doux confort ;
Il faut que la raison soit d’un coup abolie
Pour courir au devant d’une inutile mort !
Ailleurs, sans libertés,
les sourires se voilent,
Car être ainsi contraints rend la vie sans
valeur ;
Dans la profonde nuit,
on perçoit les étoiles,
Ôtant des nuages leur voile de malheur.
On vient
d’arrêter l’héroïque chanteuse,
Qui a chanté sans voile et avec les bras nus ;
Ici,
bien à l’abri d’une
torpeur
honteuse,
Dans
la bravoure on
voit un acte saugrenu.
dimanche 15 décembre 2024
Élégies. Craindre et chercher la mort
Quelle est cette folie qui incite
à défier
Ce
que l’on craint le plus et qu’aucun sort ne brise ?
Est-on
pressé de voir ses
chairs se putréfier,
Pour
que la Mort sur soi ait la plus grande emprise ?
Une conscience accrue de
l’accablant néant
Guettant tout un chacun quand la vie prend son
terme,
Rend sobre sur l’instant
le craintif mécréant,
Qui pense prendre alors
une décision ferme.
Le dégoût de la vie prédomine au final
Et il se voit bercé par d’enivrants vertiges ;
Par un raisonnement assez original,
Le voici qui abuse et même qui attige
Croyant que la faucheuse, appréciant ses abus,
Lui ajoute des ans pour ses folles ivresses !
Il fume et dort très
mal, pour se
coucher fourbu,
Riant dans les draps froids de sa grande détresse.
Parfois, la Mort
s’amuse aux dépens du buveur,
Qui croyait échapper
aux ciseaux de la Parque ;
Car Cruelle est
Morta,
refusant
des faveurs,
Et
rame sur le Styx
le nocher dans sa barque.
samedi 14 décembre 2024
Élégies. Haut Pouvoir Émotif
Dieu s’est foutu de nous en nous donnant trop
peu
Quand
d’autres ont eu
trop, créant des injustices !
Aux
premiers la morale et les sermons pompeux,
Aux
seconds les profits par le moindre
interstice.
Ressentir tous les maux,
de l’implacable mort
Aux guerres, aux
crimes, la faim et l’opulence,
Questionne un esprit sain et nourrit les remords
D’être du bon côté face à toute violence.
Si ce jour on vit bien, on comprend
qu’autrefois
Ce ne fut pas le cas, du fait des grandes
guerres,
Opposant des peuples pour des puissants sans foi,
Comme aux temps où la vie se révélait précaire.
Si peu naissent avec une cuiller d’argent
Dans la bouche, chez nous, soumis aux seigneuries,
Bannis de la Cité, s’en
allant indigents
Pour subir les razzias de la piraterie.
En pauvre alchimiste, je les transmute en mots,
Ce vil or qui n’empêche aucune des dérives.
vendredi 13 décembre 2024
Élégies. Espérant un sauveur
Déboussolé le peuple implore un grand gourou
Qui saura le mener, car quelque soit la foule,
Il lui faut un phare pour le sortir du trou.
Qu’importe s’il en naît une lumière sombre,
Une absolue folie mâtinée d’un espoir,
Dont le flambeau aveugle, au milieu des décombres,
Et masque la raison des desseins les plus noirs !
Il n’est pas de messie prêchant l’apocalypse,
Sur son pâle cheval leur montrant le chemin
Vers lequel, envoûté, dans l’ombre de l’éclipse,
Ses adeptes courraient sans le moindre examen.
Une funeste ivresse habite leurs pensées,
L’ivresse d’un pouvoir dévoré de néant ;
Les préceptes malsains des sectes insensées,
Mènent droit à la mort, à l’abîme béant.
Il n’est pas un exemple où la quête s’achève
Sinon par l’éclat sourd d’une illumination
Rendant cauchemardesque un impossible rêve,
Sous les yeux horrifiés de toutes les nations.