mardi 26 décembre 2023

Sonnets sertis. Les moissons des ténèbres

J’ai fait le rêve affreux d’un éternel titan
Qui par le monde allait, préparant ses récoltes.

Par les champs, les cités, armé de son gourdin,
Il marchait du pas lent d’un semeur de misères ;
Là où sont les humains, le monde est son jardin
Et chacun de son grain se trouve indivisaire.

Le moissonneur viendra faucher d’un air badin,
Du printemps à l’hiver, dans le froid qu’il préfère,
Tranchant des tas d’épis ; d’un geste ample et soudain,
De sa lame acérée, il règle votre affaire.

Il n’est pas d’océan qui puisse l’arrêter,
Pas de conciliation, nulle vaine supplique,
Aucun accord final, pas d’espoir de traité.

Par les villes et bois, voyez-le qui s’applique
À sa tâche toujours, moissonneur entêté,
Terrestre léviathan des âges prébibliques.

Priez ou suppliez : il n'est rien l'évitant !
La mort va dispersant les fléaux, les révoltes.
Les moissons des ténèbres © Mapomme
D'après Henri-Camille Danger

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